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dureté Ôc le saillant des parties trop fortement coupées , ainsi que
cette expression trop marquée qui altéroit la beauté des figures , en
les privant de la grace qui en fait le principal mérite. Celle-ci a
de la rondeur Ôc du coulant dans ses contours. Ainsi comme le
beau style Grec commença à Fraxitèle, (i) & parvint à sa plus
haute perfeèlion sous Lysippe ôc Apelles, le travail de cette pierre
pourroit bien appartenir au temps d’Alexandre ie Grand ôc même
être antérieur à ce Conquérant.
L’Artiste a mis à profit avec une intelligence supérieure les difte-
rentes nuances de la pierre. Sur un fond roux qui sérvoit au déve-
loppement des aîles de l’Aigle , il a sçu placer un corps d’une
blancheur étonnante ? le bonnet est noir ôc les cheveux blonds,
teîs qu’ils sont dépeints par Homère ( 2 ) ôc par Horace : ( 3 ) une
légère draperie attachée pardevant au-deiïous du cou, comme dans
toutes les belles figures Grecques, tombe avec grace en arrière^
voltigeant sur le côté , ôc laissant à découvert toute la partie
antérieure du corps qui^ pour nous servir de l’expreiïion de M.
Mariette, est vraiment gravée de chair. Enfîn ? quand même 011
parviendroit à découvrir quelque imperfeôlion dans cette figure , 011
n’en seroit pas moins forcé de convenir que l’ensemble en est ad-
mirable, ôc qu’elle porte ce caraôtère simple dont les grands Maitres
cherchent toujours à se rapprocher , parce que sans cette simplicité
il n’y a rien de sublime.
On pourroit demander pourquoi l’on a nommé ce jeune-homme
Ganymede plutôt que Pâris, car ils étoient beaux tous les deux,
ôc tous les deux étoient Phrygiens : mais si l’Artiste avoit voulu faire
un Pâris, il l’auroit vraisemblablement représenté avec la pomme,
ôc dans l’attitude de l’offrir à celle qu’il avoit jugée la plus belle.
Ici, il n’y a rien qui fasse soupçonner cette intention, quand au
(1) Winckelm. Hist. de l’Art. Tom. II. p. 24.
(2) Hymn. in Vener.
(3) ' Qualem miniftrum sulminis alitem-,
Cui Rex Deorum regnum in aves vagay
Permifet, expertus fidelem
Jupiter in Ganymede flavo.
Lib. IV. Od. iv.
dureté Ôc le saillant des parties trop fortement coupées , ainsi que
cette expression trop marquée qui altéroit la beauté des figures , en
les privant de la grace qui en fait le principal mérite. Celle-ci a
de la rondeur Ôc du coulant dans ses contours. Ainsi comme le
beau style Grec commença à Fraxitèle, (i) & parvint à sa plus
haute perfeèlion sous Lysippe ôc Apelles, le travail de cette pierre
pourroit bien appartenir au temps d’Alexandre ie Grand ôc même
être antérieur à ce Conquérant.
L’Artiste a mis à profit avec une intelligence supérieure les difte-
rentes nuances de la pierre. Sur un fond roux qui sérvoit au déve-
loppement des aîles de l’Aigle , il a sçu placer un corps d’une
blancheur étonnante ? le bonnet est noir ôc les cheveux blonds,
teîs qu’ils sont dépeints par Homère ( 2 ) ôc par Horace : ( 3 ) une
légère draperie attachée pardevant au-deiïous du cou, comme dans
toutes les belles figures Grecques, tombe avec grace en arrière^
voltigeant sur le côté , ôc laissant à découvert toute la partie
antérieure du corps qui^ pour nous servir de l’expreiïion de M.
Mariette, est vraiment gravée de chair. Enfîn ? quand même 011
parviendroit à découvrir quelque imperfeôlion dans cette figure , 011
n’en seroit pas moins forcé de convenir que l’ensemble en est ad-
mirable, ôc qu’elle porte ce caraôtère simple dont les grands Maitres
cherchent toujours à se rapprocher , parce que sans cette simplicité
il n’y a rien de sublime.
On pourroit demander pourquoi l’on a nommé ce jeune-homme
Ganymede plutôt que Pâris, car ils étoient beaux tous les deux,
ôc tous les deux étoient Phrygiens : mais si l’Artiste avoit voulu faire
un Pâris, il l’auroit vraisemblablement représenté avec la pomme,
ôc dans l’attitude de l’offrir à celle qu’il avoit jugée la plus belle.
Ici, il n’y a rien qui fasse soupçonner cette intention, quand au
(1) Winckelm. Hist. de l’Art. Tom. II. p. 24.
(2) Hymn. in Vener.
(3) ' Qualem miniftrum sulminis alitem-,
Cui Rex Deorum regnum in aves vagay
Permifet, expertus fidelem
Jupiter in Ganymede flavo.
Lib. IV. Od. iv.