DES PIERRÈS GRÀVÉES. 47
contraire tout y désigne la position d’un jeune-homme enlevé par
un aigle : le fond même de la Sardoine qui étoitbien plus étendue?
est encore rempli par des plumes, qui sont sans doute une partie
des aîles de Faigle, sur lequel la figure devoit être portée. On peut
s’en assurer en comparant ce fragment avec un autre qui est gravé
dans le premier volume des Antiquitds Grecques de Gronovius, (1)
& où la partie supérieure étant beaucoup mieux conservée laifîe ap-
percevoir la tête de Taigle. Saumaise plus versé dans la littérature
que dans la connoifîance des Arts, a blâmé les Peintres modernes
de ce qu’ils repre'sentent Ganymede porté sur Faigle ; (2) tous les
Écrivains de FAntiquité , dit-il, parlent de l’enlévement de ce beau
Phrygien, de manière à faire entendre qusil faut que l'aigle le tienne
suspendu par les cheveux. II résulte, à la vérité, du récit &Achilles
Tatius commenté par Saumaise que Ganymede fut enlevé de cette
manière ; mais quand tous les Poëtes que le Commentateur s’est
dispensé de citer s’accorderoient avec Achilles Tatius, il n’en est
pas moins vrai que cette attitude ne se rencontre jamais sur les
rnonumens antiques. Au contraire, on voit presqne toujours Gany-
rnede afîis sur l’aigie, ou s'il elt présenté dans une autre attitude,
aiors Foiseau se replie autour du corps de ce beau jeune homme,
en posant les serres sur ses membres avec une telle délicatefîe
qu’îl paroit craindre de le blefîer. C’est ainsi , dit Pline , que
le Sculpteur Leochares le représenta , (3) êt l’on croit que ce
fut cette statue que Néron enleva, pour en orner le Templedela
Paix. Le Poëte Pedo Alhinovanus se sert à-peu-près des mêmes
exprefîions que Pline pour marquer avec quelle circonspeclion Paigle
en enlevant Ganymede , s’attachoit à ses membres délicats. (4)
Martial nous présente la même image avec les mêmes traits & les
mêmes couleurs. ( $ ) Mais Lucien s’explique plus clairement encore ?
(1) Pag. V.
(z) ïn Achill. Tat. de Leucipp. & Clitoph. amor. p. 583. •
(3) Leochares aquilam (fecit) sendentem quid rapiat in Ganymede , & cui feratj
parcentem unguibus etiam per vestem.
• Plin. lib. XXXIV. 8.
(4) — prejfo molliter ungue rapit.
Eleg. II. v. ÿz.
Ætherias aquila puerum portante per auras,
îllœsum timidis unguibus hæfit onus.
Lib. I. Epigr. yi.
(5)
contraire tout y désigne la position d’un jeune-homme enlevé par
un aigle : le fond même de la Sardoine qui étoitbien plus étendue?
est encore rempli par des plumes, qui sont sans doute une partie
des aîles de Faigle, sur lequel la figure devoit être portée. On peut
s’en assurer en comparant ce fragment avec un autre qui est gravé
dans le premier volume des Antiquitds Grecques de Gronovius, (1)
& où la partie supérieure étant beaucoup mieux conservée laifîe ap-
percevoir la tête de Taigle. Saumaise plus versé dans la littérature
que dans la connoifîance des Arts, a blâmé les Peintres modernes
de ce qu’ils repre'sentent Ganymede porté sur Faigle ; (2) tous les
Écrivains de FAntiquité , dit-il, parlent de l’enlévement de ce beau
Phrygien, de manière à faire entendre qusil faut que l'aigle le tienne
suspendu par les cheveux. II résulte, à la vérité, du récit &Achilles
Tatius commenté par Saumaise que Ganymede fut enlevé de cette
manière ; mais quand tous les Poëtes que le Commentateur s’est
dispensé de citer s’accorderoient avec Achilles Tatius, il n’en est
pas moins vrai que cette attitude ne se rencontre jamais sur les
rnonumens antiques. Au contraire, on voit presqne toujours Gany-
rnede afîis sur l’aigie, ou s'il elt présenté dans une autre attitude,
aiors Foiseau se replie autour du corps de ce beau jeune homme,
en posant les serres sur ses membres avec une telle délicatefîe
qu’îl paroit craindre de le blefîer. C’est ainsi , dit Pline , que
le Sculpteur Leochares le représenta , (3) êt l’on croit que ce
fut cette statue que Néron enleva, pour en orner le Templedela
Paix. Le Poëte Pedo Alhinovanus se sert à-peu-près des mêmes
exprefîions que Pline pour marquer avec quelle circonspeclion Paigle
en enlevant Ganymede , s’attachoit à ses membres délicats. (4)
Martial nous présente la même image avec les mêmes traits & les
mêmes couleurs. ( $ ) Mais Lucien s’explique plus clairement encore ?
(1) Pag. V.
(z) ïn Achill. Tat. de Leucipp. & Clitoph. amor. p. 583. •
(3) Leochares aquilam (fecit) sendentem quid rapiat in Ganymede , & cui feratj
parcentem unguibus etiam per vestem.
• Plin. lib. XXXIV. 8.
(4) — prejfo molliter ungue rapit.
Eleg. II. v. ÿz.
Ætherias aquila puerum portante per auras,
îllœsum timidis unguibus hæfit onus.
Lib. I. Epigr. yi.
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