DES PIERRES GRAVÉES. i7j
surrlommé Gradivus lorsqu’il est en courroux est nommé Quirinus
lorsqu’il est tranquille. Jetons un coup d5œil sur cette définition
que la tourbe des Commentateurs s1 2 3est empressée d’adopter sans se
permettre même de l’examiner.
Les Romains formoient une Nation toute guerriere; ils croyoienc
que Mars présidoit à leurs Armées & qu’il les protégeoit dans les
combats ; ils se vantoient même de lui devoir leur origine»
D'une autre part Romulus fut le fondateur de Rome, ôt commé
il passoit pour être fils de Mars êc de Rhea Sylvia , Forgueil
national put en faire un second Mars ou plutôt un autre Dieu
auquel on donna le nom de Quirinus du mot Sabin qui , à ce
qu'on prétend ? signifie pique ; mais ce ne sont là que des com»
je&ures ; voici des preuves plus fortes : lorsque Tite-Live nous
dit que Numa établit deux nouveaux Flamines, Fun pour Mars,
Fautre pour Quirinus ; (i) lorsque dans le discours qu5il met dans
la bouche de Furius pour empêcher les Romains de se transporter
à Veïes : le même Historien fait dire à ce Di&ateur : Quid de
ceternis Vejtœ ignibus ? Quid de ancilibus vefiris Mars Gradive,
Tuque Quirine Pater ? (2) Ne distingue-t-il pas d’une manière sen^
sible & expresse Mars Gradivus d’avec Quirinus 9 & ne serions-
nous pas fondés à regarder îes Dieux que le Di&ateur Furius afîocié
dans sa religieuse apostrophe comme les deux fondateurs de TEm-
pire, Mars & Romulus ?
Du reste les Romains donnerent à Mars l’épithète de Gradivus
pour exprimer la célérité de ce Dieu marchant à la guerre, épi-
thète qui lui devint si propre qu5elle suflisoit pour le désigner, de
sorté que , pour parler le langage des Grammairiens , elle fut
prise substantivement & qu’elle eut elle-même des épithètes (3 )
dont à la vérité quelques - unes présentent une idée de féro-
(1) Lib. I. n°. 20.
(2) Lib. V. 52.
(3) Ovid. Met. VI. 427.
Virg. Æneid. III. 35.
Stat. Sylv. Lib. IV. 47.
surrlommé Gradivus lorsqu’il est en courroux est nommé Quirinus
lorsqu’il est tranquille. Jetons un coup d5œil sur cette définition
que la tourbe des Commentateurs s1 2 3est empressée d’adopter sans se
permettre même de l’examiner.
Les Romains formoient une Nation toute guerriere; ils croyoienc
que Mars présidoit à leurs Armées & qu’il les protégeoit dans les
combats ; ils se vantoient même de lui devoir leur origine»
D'une autre part Romulus fut le fondateur de Rome, ôt commé
il passoit pour être fils de Mars êc de Rhea Sylvia , Forgueil
national put en faire un second Mars ou plutôt un autre Dieu
auquel on donna le nom de Quirinus du mot Sabin qui , à ce
qu'on prétend ? signifie pique ; mais ce ne sont là que des com»
je&ures ; voici des preuves plus fortes : lorsque Tite-Live nous
dit que Numa établit deux nouveaux Flamines, Fun pour Mars,
Fautre pour Quirinus ; (i) lorsque dans le discours qu5il met dans
la bouche de Furius pour empêcher les Romains de se transporter
à Veïes : le même Historien fait dire à ce Di&ateur : Quid de
ceternis Vejtœ ignibus ? Quid de ancilibus vefiris Mars Gradive,
Tuque Quirine Pater ? (2) Ne distingue-t-il pas d’une manière sen^
sible & expresse Mars Gradivus d’avec Quirinus 9 & ne serions-
nous pas fondés à regarder îes Dieux que le Di&ateur Furius afîocié
dans sa religieuse apostrophe comme les deux fondateurs de TEm-
pire, Mars & Romulus ?
Du reste les Romains donnerent à Mars l’épithète de Gradivus
pour exprimer la célérité de ce Dieu marchant à la guerre, épi-
thète qui lui devint si propre qu5elle suflisoit pour le désigner, de
sorté que , pour parler le langage des Grammairiens , elle fut
prise substantivement & qu’elle eut elle-même des épithètes (3 )
dont à la vérité quelques - unes présentent une idée de féro-
(1) Lib. I. n°. 20.
(2) Lib. V. 52.
(3) Ovid. Met. VI. 427.
Virg. Æneid. III. 35.
Stat. Sylv. Lib. IV. 47.