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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0036

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CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE

France. — Au Louvre. Sous ce titre : Touristes anglais à
l'étranger, le Times a publié le premier, la semaine dernière,
une lettre de M. James Olsden dont nous nous bornerons
simplement à reproduire le passage relatif à un regrettable acci-
dent arrive' le 11 septembre au muse'e Campana :

« En parcourant le Louvre mercredi dernier, dit ce témoin
oculaire, le hasard me conduisit dans la seconde salle du musée
Campana, qui contient des poteries. Au centre de la salle se
trouvaient deux grands vases, chacun de quatre à cinq pieds de
hauteur, et qui, je crois, ont été trouvés dans l'île de Chypre.
La solitude de cette salle était agréable à un esprit un peu
fatigué de la foule des galeries de peinture. Tout à coup le silence
fut troublé. Un flot se précipita dans la salle et se réunit autour
d'un personnage qui parlait en mauvais anglais. C'était un
personnally conducted parly (une société ayant son guide à elle),
qui ne comprenait pas moins de deux cents personnes. Tous se
poussèrent vers le centre de la salle, pour entendre ce que le
guide avait à dire. Tout à coup, j'entendis un petit cri, suivi
d'un fracas, l'un des vases que j'admirais un instant auparavant
avait été renversé de son piédestal, et il était sur le parquet en
mille pièces. Un gardien arriva bien vite et protesta contre cette
destruction. Mais le cicérone se montra à la hauteur des circons-
tances. Suivant le vers célèbre de Pope, il fut « — Calme au
milieu de la ruine de Chypre. » Sa réponse est si caractéristique
que je la donnerai mot pour mot : « Eh bien ! le mal est fait.
Mais je ne puis laisser retarder ainsi ma société; nous sommes
déjà en retard. Vous me connaissez; vous connaissez M...;
envoyez votre note. Je ne veux pas qu'on retarde davantage ma
société. » Et alors cette foule sortit de la salle. Un chef arrive
aussitôt. Il fit ramasser dans un panier les morceaux du vase, et
quelques minutes après un piédestal vacant indiquait seul qu'un
trésor qui, pendant des siècles, avait échappé aux vicissitudes de
son pays d'origine, ainsi qu'aux périls et aux destructions de la
Révolution et de la Commune dans son pays d'adoption, était
tombé sous les coups d'une tourbe d'Anglais, — pardon, je veux
dire d'un personnally conducted party. »

Il faut avouer que le mot du cicérone « Envoyez votre note »
est beau comme l'antique. Malheureusement la note acquittée
n'eût pas remplacé le vase brisé ou plutôt les vases, car il y en a
deux, sinon complètement perdus, au moins endommagés.

C'est ce qui résulte de la note suivante du Journal officiel,
qui semble d'ailleurs réduire de beaucoup l'importance qu'on
avait d'abord attribuée à l'accident :

« Un important journal étranger a fait part au public d'un
accident qui serait arrivé le 11 septembre dans le musée Cam-
pana.

« Deux grandes amphores sans ornements d'aucune sorte,
placées au milieu de la salle dans un but décoratif, ont été en
effet renversées par des visiteurs étrangers, qui se précipitaient
pour entendre le cicérone qui les conduisait. Mais l'accident a

i. Pages 395 et 397.
ï. Pages 4 10 el 411.

été immédiatement réparé ; les vases ont été remis en place et
toutes les précautions sont prises pour qu'à l'avenir ces affluences
de visiteurs qui parcourent le Louvre par groupes n'amènent
pas le retour d'événements pareils. »

Angleterre. —Toujours l'éternelle histoire de la paille qu'on
aperçoit dans l'oeil du voisin et de la poutre qu'on ne voit pas
dans le sien : dans son numéro du 28 septembre, la Saturday
Review publie un article intitulé French Views of English Life,
qui a pour double but de malmener assez vertement une nou-
velle de M. Paul Féval : Miss Anna, et la Galette des Beaux-
Arts '. Quelques pages plus loin *, l'impeccable Revue commet
elle-même l'énorme bévue de démontrer qu'il lui arrive de ne
pas même savoir copier correctement le nom de l'auteur d'un
livre dont elle rend compte. Non-seulement son aristarque écrit
en guise de titre : Jacquemont's History of Furniture, mais il
ajoute encore en note : A History of Furniture translated from
the French of Albert Jacquemont, et, deux colonnes durant, il
imprime à satiété Jacquemont pour Jacquemart.

Si la Saturday Review tenait à mettre en lumière les
beautés de la livraison de septembre de la Galette des Beaux-
Arts, elle pouvait le faire d'une façon plus complète, en
montrant — page 294, — M. Ferdinand de Braekeleer, qui
devient M. de Brackelaer, « artiste aujourd'hui âgé », pris pour
son fils qui n'a jamais rien eu de commun avec la manière
paternelle ; — pages 308 et 312,— des croquis qui n'ont jamais
été de MM. Watts et Walker audacieusement attribués à ces
artistes par la Galette qui se contente d'emprunter ses illustra-
tions anglaises aux « Notes » de M. Blackburn sur les Expositions
de Londres.

— La seconde exposition d'hiver de la Grosvenor Gallery
s'ouvrira en décembre prochain et, comme la première dont le
succès a été si éclatant, elle sera exclusivement consacrée aux
dessins des maîtres anciens de toutes les écoles et aux aqua-
relles.

— Sous prétexte de nettoyage, la National Gallery est de
nouveau fermée au public depuis le 30 septembre jusqu'au
4 novembre. Cette déplorable mesure, que rien de sérieux ne
saurait justifier, n'existe nulle part ailleurs et cependant telle
est la force de la routine, que depuis l'origine de ce Musée,
cette fermeture annuelle a toujours eu lieu en dépit de toutes
les protestations de la presse. Une pétition se signe enfin à
Londres pour obtenir la suppression d'une coutume si contraire
aux intérêts de l'art, des artistes et du public en général.

— Le Conseil municipal (Town Council) d'Ipswich vient
de voter la somme de 8,100 livres sterling (202,500 francs) pour
la construction d'un local destiné à l'installation d'un Musée,
d'une École d'art et d'une Bibliothèque publique. De son côté
la Municipalité de Bradford vient d'obtenir le concours des
autorités de South Kensington pour l'organisation d'un Musée.
Le mouvement se propage partout dans le Royaume-Uni.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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