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CXVII
Sébastien Le Clerc et son œuvre , par Edouard Meaume.
Baur, éditeur.
Dans l'histoire de notre art classique, la place de Sébastien
Le Clerc semble toute marquée à côté de Lebrun. Comme
graveur, et comme peintre, tous deux ont certains rapports ;
et pourtant, on saisit entre eux bien des différences. Talent
essentiellement français, Sébastien Leclerc s'absorbe en entier
dans le mouvement du grand siècle. Son œuvre n'en est pas
moins intéressant à étudier; car nous avons plus d'un préjugé à
perdre, quand nous examinons aujourd'hui les diverses phases
que notre art a traversées. Il a des qualités qui doivent être
appréciées à leur juste valeur, une grande largeur de conception,
des pensées sévères, une promptitude et une facilité exception-
nelles. Il garde un reflet brillant du règne de Louis XIV, et nous
rend l'image de cette époque sous certains aspects qui, à distance,
nous paraissent tout particuliers.
C'est cette physionomie d'artiste que M. Éd. Meaume a
entrepris de reconstituer, en obéissant à son amour pour les
artistes d'une région. Sébastien Le Clerc appartient par son
origine à la Lorraine, ou, s'il faut tenir compte d'une nuance, au
pays messin. On n'a pas oublié les travaux de M. Meaume sur
Callot, et tout récemment, nous avons signalé une étude sur
Composition dessinée et gravée par Sébastien Le Clerc
Pour l'ouvrage intitulé : « Tapisseries du roi, où sont représentez les quatre éléments et les quatre saisons.
A Paris, de l'imprimerie roïale. MDCCXX. »
quelques artistes lorrains secondaires '. Ce n'est pas sans intérêt
que nous suivons ce penchant d'un écrivain pour une province,
et ceux qui en conservent le caractère et comme l'accent.
La biographie de Sébastien Le Clerc ne présente guère de
points obscurs. Il naît à Metz, le 26 septembre 1637. Son père
était orfèvre et habile dessinateur. Il fut le véritable maître de
son fils, qui eut, presque enfant, une excessive précocité.
Dans ses premières œuvres, il s'inspire de sa ville natale.
A côté de quelques planches représentant des sujets religieux, il
exécute un <t Profil » de Metz et deux vues des environs de la
ville, dont l'une nous montre l'aqueduc de Jouy. Ces œuvres
sont publiées à Metz, où existait une imprimerie en taille-douce.
Il y publie aussi ses premières Messes ou Heures dévotes, suite
1. Georges T.alleman et Jean Le Clerc.
de pièces pour un livre de prières, et les Modes de Metj, série
où il s'inspire de Callot, et où il prend sur le vif les œuvres
lorraines.
Il quitte sa ville en 1665 et arrive à Paris. D'abord il con-
tinue ou reprend quelques-unes de ses premières pièces. Les
conditions de la vie artistique sont les mêmes de tout temps : il
produit pour satisfaire à des commandes; il travaille pour les
libraires parisiens, et illustre quelques-uns des plus beaux livres
qui paraissent à cette époque.
Nous assistons à chacun des efforts de l'artiste. Un peintre
en miniature , Jacques Bailly, lui fait graver des dessins de
devises pour le livre des Tapisseries du Roy. Quand ces repro-
ductions sont exécutées, il les place sous les yeux de Lebrun,
CXVII
Sébastien Le Clerc et son œuvre , par Edouard Meaume.
Baur, éditeur.
Dans l'histoire de notre art classique, la place de Sébastien
Le Clerc semble toute marquée à côté de Lebrun. Comme
graveur, et comme peintre, tous deux ont certains rapports ;
et pourtant, on saisit entre eux bien des différences. Talent
essentiellement français, Sébastien Leclerc s'absorbe en entier
dans le mouvement du grand siècle. Son œuvre n'en est pas
moins intéressant à étudier; car nous avons plus d'un préjugé à
perdre, quand nous examinons aujourd'hui les diverses phases
que notre art a traversées. Il a des qualités qui doivent être
appréciées à leur juste valeur, une grande largeur de conception,
des pensées sévères, une promptitude et une facilité exception-
nelles. Il garde un reflet brillant du règne de Louis XIV, et nous
rend l'image de cette époque sous certains aspects qui, à distance,
nous paraissent tout particuliers.
C'est cette physionomie d'artiste que M. Éd. Meaume a
entrepris de reconstituer, en obéissant à son amour pour les
artistes d'une région. Sébastien Le Clerc appartient par son
origine à la Lorraine, ou, s'il faut tenir compte d'une nuance, au
pays messin. On n'a pas oublié les travaux de M. Meaume sur
Callot, et tout récemment, nous avons signalé une étude sur
Composition dessinée et gravée par Sébastien Le Clerc
Pour l'ouvrage intitulé : « Tapisseries du roi, où sont représentez les quatre éléments et les quatre saisons.
A Paris, de l'imprimerie roïale. MDCCXX. »
quelques artistes lorrains secondaires '. Ce n'est pas sans intérêt
que nous suivons ce penchant d'un écrivain pour une province,
et ceux qui en conservent le caractère et comme l'accent.
La biographie de Sébastien Le Clerc ne présente guère de
points obscurs. Il naît à Metz, le 26 septembre 1637. Son père
était orfèvre et habile dessinateur. Il fut le véritable maître de
son fils, qui eut, presque enfant, une excessive précocité.
Dans ses premières œuvres, il s'inspire de sa ville natale.
A côté de quelques planches représentant des sujets religieux, il
exécute un <t Profil » de Metz et deux vues des environs de la
ville, dont l'une nous montre l'aqueduc de Jouy. Ces œuvres
sont publiées à Metz, où existait une imprimerie en taille-douce.
Il y publie aussi ses premières Messes ou Heures dévotes, suite
1. Georges T.alleman et Jean Le Clerc.
de pièces pour un livre de prières, et les Modes de Metj, série
où il s'inspire de Callot, et où il prend sur le vif les œuvres
lorraines.
Il quitte sa ville en 1665 et arrive à Paris. D'abord il con-
tinue ou reprend quelques-unes de ses premières pièces. Les
conditions de la vie artistique sont les mêmes de tout temps : il
produit pour satisfaire à des commandes; il travaille pour les
libraires parisiens, et illustre quelques-uns des plus beaux livres
qui paraissent à cette époque.
Nous assistons à chacun des efforts de l'artiste. Un peintre
en miniature , Jacques Bailly, lui fait graver des dessins de
devises pour le livre des Tapisseries du Roy. Quand ces repro-
ductions sont exécutées, il les place sous les yeux de Lebrun,