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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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72

L'ART.

A ce propos, M. Charles Garnier raconte dans le dernier
fascicule de son ouvrage, le Nouvel Opéra de Paris, qu'obligé,
par l'insuffisance du cre'dit mis à sa disposition, de modifier et
simplifier son projet primitif, il était sur le point de renoncer
aux peintures qui devaient entrer dans la décoration. « Mais,
ajoute-t-il, c'est là que les peintres se sont montrés; car plu-
sieurs m'ont offert spontanément d'exécuter gratuitement les
peintures décoratives. Comme, après tout, je suis d'avis que les
artistes vivent plus de gloire que de pain, je n'ai eu garde de
refuser cette proposition, qui leur permettra de placer leurs
œuvres bien en vue. J'ai cherché pourtant à ne pas leur faire
un trop grand tort pécuniaire, et je leur ai offert de leur faire
payer leurs figures au prix de simple décoration.... Ce n'était
pas grand'chose, mais enfin c'était toujours plus que rien, et
cela soldait au moins les déboursés que les artistes devaient
faire... Et, voyez-vous, ce n'est pas un exemple isolé que ce
désintéressement des artistes que je viens de citer; car depuis
qu'ils ont eu la bonne pensée de collaborer gratis pro Deo à la
décoration de l'Opéra, il n'est pas de jour où d'autres artistes,
aussi fort éminents, ne me fassent semblable proposition... »

Ajoutons, comme renseignements relatifs à l'Opéra, que le
ministre des travaux publics a inscrit à son budget une somme
de 100,000 fr. en 1879 pour installer la bibliothèque, les archives
et la collection des maquettes de l'Opéra dans le pavillon qui,
d'après les plans primitifs, devait être attribué au chef de l'État.
Cette mesure complétera l'aménagement définitif de l'Opéra.

L'art et les courses de chevaux. — Il y a bien des années
déjà que, pour imiter ce qui se fait en Angleterre, on donne en
France, pour prix de certaines courses, des vases d'argent ou de
vermeil. C'est Charles X, croyons-nous, qui inaugura cette
mode. Mais tandis que chez nos voisins ces prix, appelés cups,
ont une valeur assez considérable, chez nous ils n'avaient ni
grand mérite artistique ni sérieux intérêt, lorsque la Société

d'encouragement entreprit de donner à ces souvenirs une impor-
tance réelle.

Elle a ouvert chaque année un concours entre les artistes
français et étrangers pour les objets d'art destinés à la Coupe et
au prix Gladiateur, les deux seules épreuves de son programme
auxquelles demeure attaché ce surcroît fort envié de récom-
pense.

On a beaucoup admiré, au printemps, le vase Louis XVI
exécuté sur le modèle de M. Delattre. L'objet d'art joint il y a eu
dimanche huit jours au prix Gladiateur est un vase d'argent mat,
dans le style de la Renaissance, reposant sur un pied rectangu-
laire très-sobre d'ornements. Il est d'une forme ovoïde très-
gracieuse, avec deux figurines ailées faisant anses et un petit
groupe surmontant le couvercle. C'est l'œuvre d'un amateur,
M. d'Épinay, le sculpteur anglo-français qui expose au Champ-
de-Mars, dans la section anglaise, le buste en marbre de
S. A. R. la princesse de Galles.

Pour l'année prochaine, les modèles choisis sont : une
Renommée de M. Carrier-Belleuse, présentée par M. Christo-
phle, et une coupe ovale de M. Fannière.

Legs a la ville de Dijon. — Mnl° Trimolet, la'veuve du
peintre de ce nom, qui est morte le mois dernier à Lyon, a
légué à la ville de Dijon, sous certaines charges et conditions,
les précieuses collections réunies par son mari et comprenant
des tableaux, des bronzes, des faïences, des meubles, etc.
Mm0 Trimolet dérobait jalousement ces richesses à tous les
regards; elle ne voulait à aucun prix les laisser voir. Elle pous-
sait même la défiance jusqu'à refuser dans la vaste maison qu'elle
possédait à Lyon aucune sorte de locataire, quoique cet im-
meuble fût très-considérable et que la plus grande partie en
restât inoccupée. Si la ville de Dijon n'acquiesçait pas aux
conditions stipulées dans le testament de la donatrice, le legs
reviendrait à la ville de Lyon.

CHRONIQUE ANGLAISE

La Grosvenor Gallery, ayant eu l'année dernière un grand
succès avec son exposition de dessins des anciens maîtres, se
propose d'en organiser cet hiver une seconde, que nous avons
annoncée déjà.

L'aquarelle moderne occupera une place importante à cette
exposition. La grande salle lui sera spécialement consacrée.
L'année dernière, Sir Coutts Lindsay avait voulu organiser une
sorte d'exposition historique de cette branche de pein-
ture qui est, pour ainsi dire, une spécialité essentiellement
anglaise. Cette fois il est question de continuer l'histoire de la
peinture à l'aquarelle par des œuvres modernes, mais non pas
peintes expressément pour l'exposition. Tout maître, ayant une
position ou une influence dans l'école moderne de l'aquarelle
anglaise, sera représenté par des œuvres ayant au moins cinq
ans de date. On pourra ainsi se former une juste idée de l'état
actuel de l'aquarelle anglaise et des progrès accomplis.

La Royal Academy, inspirée par l'exemple de la Grosvenor,
a, dit-on, conçu l'idée de l'imiter dans son exposition de dessins
des anciens maîtres. La question n'est pas encore décidée, mais
nous avons l'assurance que le plus grand nombre des académi-
ciens s'y opposent, d'abord parce qu'ils ne sont pas au bout de
leurs expositions de tableaux anciens, organi sées par eux exclu-
sivement pendant plusieurs saisons d'hiver, et ensuite pour éviter
toute apparence de rivalité avec la Grosvenor. Les cadets de
l'institution auront été probablement seuls à conseiller ce mou-
vement.

— La méthode d'instruction artistique dans l'atelier par-
ticulier des peintres n'a jamais été jusqu'ici adoptée en Angle-
terre. Les écoles trop médiocres de Y Academy, les classes du
musée de South Kensington, et celles de la fondation Slade à
l'Université de Londres, fournissent les seuls moyens d'instruc-
tion publique dont dispose la capitale.

Dans les villes de province, les facilités offertes aux étudiants
sont encore moindres. Aussi apprenons-nous avec plaisir que
M. Albert Moore, l'un des maîtres les plus accomplis de l'école
anglaise, annonce publiquement son intention de recevoir, dès
cet hiver, quelques élèves dans son atelier. Le style pur et conscien-
cieux de ce peintre, sa patience et l'exactitude de son dessin, plus
encore peut-être que cette délicatesse de couleur qui lui a valu
sa première renommée, le rendent éminemment propre à la
tâche qu'il assume. Puissent ses élèves s'approprier ses meil-
leures qualités! M. Albert Moore vient de faire bâtir un très-bel
atelier dans la nouvelle rue de South Kensington, réservée pres-
que entièrement aux habitations d'artistes. Sans cela il lui fallut
renoncer à son projet, l'espace étant généralement très-étroit
dans les vieux ateliers de Londres.

— M. Val. Prinsep travaille constamment au grand tableau
destiné à être présenté à la Reine d'Angleterre par le Gouver-
neur général des Indes. Le tableau est de vingt pieds de lar-
geur et représente la cérémonie par laquelle la Reine d'Angle-
terre a été nommée impératrice des Indes. Sa Majesté le destine
à une salle de Buckingham Palace.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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