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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0384

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NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CXX

La Foire Saint-Laurent, son histoire et ses spectacles, avec
deux plans de la Foire, deux estampes et un fac-similé
d'affiches, par Arthur Heulhard. — Paris, Alphonse Le-
merre, 1878, un volume in-8.

Voici un livre curieux, intéressant, littéraire, — ce qui ne
gâte rien — et qui pre'sente l'avantage peu commun de traiter
un sujet que personne jusqu'à ce jour n'avait aborde', que quel-
ques-uns ont à peine effleure' à l'occasion, mais sur lequel nous
ne possédions que des notions absolument vagues et aucune vue
d'ensemble. Quoi de plus aimable pourtant, quoi de plus attrayant
que cette histoire d'un des plus fameux, d'un des plus célèbres
foyers des plaisirs parisiens, d'un de ces rendez-vous privilégiés
du « tout Paris » d'autrefois, qui était en même temps un lieu
de négoce, un immense bazar de curiosités, un centre de réu-
nion pour la fashion aussi bien que pour le populaire, et une
véritable ioircaux plaisirs de tout genre ! Ces anciennes foires de
Paris : Foires Saint-Lazare, Saint-Ladre, Saint-Ovide, Saint-Lau-
rent, Saint-Germain, nous font connaître, par un côté particulier
et presque absolument ignoré, les us et coutumes de nos ancê-
tres, et nous mettent en présence d'un monde aujourd'hui dis-
paru. La Foire Saint-Laurent, principalement, méritait de trou-
ver son historien, car le récit de son existence étonnamment
active et troublée offre un intérêt réel au point de vue artis-
tique, en ce qu'elle nous fait assister à l'éclosion de nos petits
théâtres, presque tous sortis de ce milieu. Les spectacles, en
effet, étaient l'un des principaux attraits de ce lieu singulier,
où la foule se pressait chaque jour dès les premières heures de
l'après-dînée, et où, tandis que les uns admiraient les étalages
des marchands ou s'asseyaient à la porte des cafés, les autres
écoutaient, bouche béante, la parade des saltimbanques, ou
entraient dans la baraque des bateleurs. Ce ne furent d'abord
que des baladins, des spectacles de curiosités ou des.phénomènes
de tout genre, comme on en voit encore dans nos foires de pro-
vince : Homme à deux têtes. Homme sans bras, Homme aux
tableaux changeants, Singe divertissant, Académie de Pigeons,
Expériences de physique et d'électricité, Lanternes magiques,
Femmes fortes, Cabinets de figures de cire, puis toute la série
des marionnettes : Marionnettes de Brioché, d'Archambault et
de Féron, Troupe royale des Pygmées, Grandes Marionnettes
de Monseigneur le Dauphin, Marionnettes de Jean et d'Alexandre
Bertrand, etc., pour lesquelles les Lesage, les Fuzelier, les d'Or-
neval, les Piron, les Carolet ne dédaignaient pas d'écrire des
pièces. Puis, ce furent les jeux de Francisque, de Dolet et
Laplace, de Bienfait, de Fourré, dont les loges, trop petites
pour la foule qui les assiégeait, regorgeaient de spectateurs.
Plus tard, ce fut l'Opéra-Comique, dont les commencements
modestes ne laissaient pas présager la fortune future, bien que
Favart et sa jeune femme, la Chantilly, contribuassent à sa
prospérité. Enfin, ce furent les Grands Danseurs du Roy, diri-
gés par Nicolet, qui engendrèrent le théâtre de la Gaîté, puis
la troupe d'Audinot, qui devint celle de l'Ambigu-Comique,
puis le spectacle de l'Écluse, qui avait nom les Variétés amu-
santes, et dont le fameux comique Volange tournait toutes les
têtes, puis le Spectacle des Associés, puis.... que sais-je encore?
la Redoute, les Ombres chinoises de Séraphin, et tant d'autres
qu'il serait impossible d'énumérer. — On voit combien l'histoire
de la Foire de Saint-Laurent éveille de souvenirs de tout genre,
combien elle offre d'intérêt à divers points de vue, en ce qui

concerne soit les anciennes juridictions ecclésiastiques ou civiles,
soit les plaisirs de l'ancien Paris et les coutumes de nos pères,
soit les commencements et les origines de nos théâtres et de nos
spectacles. M. Heulhard a retracé cette histoire avec le plus
grand soin, faisant le jour dans ce chaos resté jusqu'ici inextri-
cable, écartant les obstacles, remontant aux sources pour donner
à son œuvre toute la certitude de l'authenticité, et retraçant
l'histoire de la célèbre Foire depuis ses bégaiements jusqu'à sa
caducité, depuis son premier jusqu'à son dernier jour. Son récit
d'ailleurs vif, alerte, mouvementé, comme il convient au sujet,
se fait lire avec un véritable plaisir, et en même temps qu'il
instruit le lecteur de faits ignorés de celui-ci, il l'intéresse par
la façon dont ces faits sont groupés dans leur interminable suc-
cession. D'autre part, le livre est imprimé avec un luxe de bon
goût, dans le pur style Elzevier, et accompagné des condiments
nécessaires, c'est-à-dire de deux plans de la Foire Saint-Laurent
au dix-septième et au dix-huitième siècle, de la reproduction,
par l'eau-forte, de deux estampes contemporaines très-curieuses,
enfin du fac-similé de l'affiche d'un des spectacles de la Foire
en 1752. Voilà un livre qui manquait réellement, et dont on peut
dire qu'il vient combler une lacune dans l'histoire intime, pitto-
resque et artistique de Paris.

Arthur Pougin.

CXXI

Nicolas Bataille, tapissier parisien du xivc siècle, auteur de

la tapisserie DE l'apocalypse d'AnGERS, par jules GuiFFREY.

Paris, 1877, in-8 de 27 pages.

Les Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de
France 1 ont eu la primeur de cette très-intéressante étude
que M. Guiffrey a fait ensuite tirer à part. Elle tranche une
question longtemps discutée, — celle du véritable auteur de la
fameuse tapisserie, — et complète le remarquable article que
M. Giry a publié dans l'Art 2, et dont M. Guiffrey fait le plus
légitime éloge. C'est en consultant le compte des recettes et
dépenses du duc Louis Ior d'Anjou, pour les années 1575
à 1379, compte intitulé : Trésorerie du duc d'Anjou, et qui
porte aux Archives Nationales la cote KK, 242 (section histo-
rique), que M. Jules Guiffrey a découvert d'une manière cer-
taine que « Nicolas Bataille est l'auteur des plus anciennes
parties de l'Apocalypse d'Angers ; il en a exécuté au moins
cinq tableaux, de 1377 à 1379. Il n'en dut pas rester là ; mais les
comptes s'arrêtent brusquement à l'année 1379. Il est probable
que le tapissier parisien continua jusqu'en 1584 à s'occuper
activement de la précieuse tenture, ce qui ne l'empêcha pas
d'ailleurs de vaquer à d'autres entreprises d'une importance
presque égale.

« Il travaille constamment pour le duc d'Anjou, qui paraît
avoir eu un goût tout particulier pour les somptueuses tapisse-
ries à personnages ; car les comptes de Louis Ior mentionnent
plusieurs tentures exécutées en même temps que l'Apocalypse. »

La tapisserie d'Angers n'a donc pas une origine flamande ;
elle est bien française. Cette découverte n'est pas la seule que
l'on ferait en compulsant les comptes royaux. La France a, sans
aucun doute, eu bien d'autres artistes tapissiers. La guerre,
parmi les innombrables malheurs qu'elle sème invariablement
en prodigue, vint « porter un coup mortel à l'industrie pari-
sienne », fort peu de temps après la mort de Nicolas Bataille,
dont « il faut placer la date entre le mois d'avril 1400 et le
mois de janvier 1406, » ainsi que le démontre M. Guiffrey.

1. Tome XXXVIIt.

2. Voir l'Art, 2" année, tome IV, page joo.
 
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