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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Hutchinson, George: Courrier des États-Unis
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0159

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COURRIER DES ÉTATS-UNIS

Metropolitan Muséum of Art of New-York.— Wômëri's Art Muséum Association of Cincinnati. — M. \Vm J. Hoppin.-

Lonis XVI et Franklin. — M. J. F. Loubat.

New-York, 20 juin 1878 K

Comme l'a expliqué votre collaborateur M. Félix Bé, dans
les pages qu'il a consacrées à la mémoire du regretté William
Tilden Blodgett5, le Metropolitan Muséum of Art n'a été créé
et n'a vécu jusqu'ici que grâce aux seuls efforts de l'initiative
privée, mais cet état de choses est sur le point de se modifier
profondément, en ce sens que l'institution est à la veille de
perdre une partie de son indépendance, en même temps qu'elle
bénéficiera des nombreux avantages d'une installation définitive
et littéralement princière. Une crise sérieuse menace l'œuvre,
pour tout dire.

Expliquons-nous : — La Législature de l'État de New-York,
— the Empire State — reconnaissant à quelle haute idée civilisa-
trice répondait la fondation du Musée, est intervenue financiè-
rement en sa faveur, la ville en a fait autant, quoique avec
infiniment moins de libéralité, et un traité a été passé entre les
Administrateurs des Collections formées jusqu'ici, et les Com-
missioners of the Department of Public Parks. Il en résulte que
le Musée sera, selon toutes probabilités, transféré, au printemps
prochain, dans un véritable palais que l'on termine pour lui
dans la splendide promenade de Central Park, mais qu'en même
temps l'entrée deviendra gratuite, de payante qu'elle a été
depuis la fondation. Il y a là une source importante de revenu,
dont la suppression inquiète avec raison, étant donnée surtout
ia situation actuelle des affaires. C'est ce qu'a fort nettement
déclaré le très-honorable, très-dévoué et très-intelligent prési-
dent, M. John Taylor Johnston, dans le rapport qu'il a adressé
à tous les intéressés, le mois dernier, au nom des Administra-
teurs de l'Association3. Je regarde comme un devoir d'appeler
tout spécialement l'attention sur le passage suivant : « Le Musée
est fondé. Il a déjà pu, parla libéralité de ses amis, acquérir
une large quantité d'objets d'art anciens et modernes. Il a
exercé son influence en développant rapidement dans le pays
le goût de l'art, progrès qui concorde exactement avec les pre-
mières expositions faites dans ce Musée, qui a contribué à amé-
liorer nos arts industriels, a fait naître de nouvelles sources
d'occupation pour nos artisans et a singulièrement accru la
prospérité de nos importateurs et de nos manufacturiers, en
donnant naissance à un marché pour les œuvres d'art vraiment
belles, dont on se souciait à peine avant que le Musée eût com-
mencé sa mission c'ducatrice. Dans un de nos précédents rapports,
nous avons appelé votre attention sur ce fait, qu'en une seule
année le Gouvernement Britannique n'a pas alloué moins de
275,436 livres sterling4 pour achats d'œuvres d'art. Les acquisi-
tions du Metropolitan Muséum n'ont pu être faites qu'au moyen
des souscriptions particulières de ses membres et de ses amis.
Les Administrateurs, en leur faisant aujourd'hui appel, invitent à
bien peser le bénéfice que le peuple a retiré de l'institution qu'il
est d'absolue nécessité de mettre à l'abri de tout danger de sus-
pension, faute des fonds nécessaires pour le maintien de l'œuvre
et l'exhibition des trésors d'art qui lui appartiennent. »

Il me paraît impossible que cet appel ne soit pas largement
entendu, bien que je ne me dissimule nullement les énormes

difficultés contre lesquelles ont à lutter les Administrateurs dont
le dévouement est à toute épreuve, mais qui forment encore
une bien faible minorité dans la société new-yorkaise dont
l'objectif est avant tout utilitaire ; — je parle surtout de la partie
masculine qui en est encore — en général — à ne pas se douter
du côte utilitaire par excellence pour un pays de tout ce qui
touche, de près ou de loin, à l'art. Les hommes de cette jeune
et puissante nation, qui n'est que centenaire, ont surtout pour
première et, soyons franc, pour unique préoccupation to make
money, à de bien rares exceptions près. C'est parmi eux, et parmi
les plus Crésus, que se rencontrent ces braves Gentlemen qui
s'en vont faire un tour en Europe, décidés à acheter des tableaux
parce que richesse oblige, et à qui il arrive l'aventure qui se
raconte à propos de l'un d'eux; il n'y a pas bien longtemps, hier
peut-être, il s'était adressé à un juge aussi savant que conscien-
cieux qui lui demanda s'il désirait voir des maîtres anciens ou
modernes. — Les uns et les autres, réplique notre homme. Sur ce
on débute par lui montrer un Teniers, un de ces morceaux de
gourmet de la plus exquise qualité argentine du maître. <t Is lie
still alive? » demande le Nabab avec le plus imperturbable
sang-froid. On lui explique qu'il y a beau temps que Teniers
n'est plus de ce monde, mais que ses œuvres sont immor-
telles, etc., etc. C'est en vain ; il coupe court aux explications
et repousse le chef-d'œuvre because that Teniers Iras no markel
in New-York.

Fort heureusement, les femmes, un grand nombre de
femmes américaines ont des idées autrement saines en matière
d'art, et beaucoup d'entre elles sont animées de la très-noble

passion de doter leur patrie de musées vraiment dignes de riva-
liser avec ceux du Vieux-Monde. La part considérable qu'a eue

Mme Blodgett dans la fondation du Musée de New-York n'est
un secret pour personne ; c'est grâce à son goût éclairé, à l'en-
t housiasme que lui inspirent les chefs-d'œuvre de tous les temps,
mais plus spécialement les merveilles des anciennes écoles fla-
mande et hollandaise, que son mari se décida à l'heureuse
i nitiative qui fit du Metropolitan Muséum une réalité. Ce que
cette femme si distinguée a su, par son intelligente persistance,
par son influence de tous les instants, réussir à obtenir, pour la
Cité Impériale, un groupe de femmes non moins bien inspirées
est en train de le réaliser à Cincinnati, où s'était constitué, pour la
célébration du Centenaire des États-Unis, un Women's Centen-
nial Executive Committee. Ce Comité, avant de se dissoudre,
tint, le iS janvier 1877, une séance de clôture de ses travaux, et
il y fut résolu : i° que le Comité se transformerait en une asso-
ciation destinée à perfectionner le travail féminin, principale-
ment dans les applications de l'art à l'industrie et, 2" que
MmC Aaron F. Perry serait chargée de convoquer, quand elle
jugerait pouvoir le faire utilement, un meeting aux délibérations
duquel elle proposerait un plan définitif d'organisation.

Le choix de Mmc Perry était des meilleurs, car elle n'était
pas femme à remettre les choses au lendemain. Dès le 27 de ce
même mois, un meeting, exclusivement composé de dames, se
réunissait pour entendre la lecture de son projet. Je voudrais
pouvoir le citer tout entier, tant c'est un travail qui se recom-

1. Nous avons été obliges de retarder la publication de l'intéressante communication de notre correspondant afin de nous procurer la photographie du groupe
appartenant à M. W. J. Hoppin, et d'être à même d'offrir aux abonnés de l'Art une des eaux-fortes de M. Jules Jacquemart, d'après une des belles médailles de
Duprc. Nous devons cette bonne fortune à l'extrême courtoisie de M. J. F. Loubat. (Note de la Rédaction.)

2. Voir l'Art, 2' année, tome I«, page 77.

3. Metropolitan Muséum of Art. Eighth Annual Report 0/the Trustées ofthe Association, May /H7S. i»S, West 14a Street, Ne»-York.

4. f),S85,ooo francs!!! — Et que l'on s'étonne, en présence de cette intelligente libéralité, des richesses accumulées à la Xational Gallery, ta Brltitk Muséum,
au South Kcnsington Muséum, au Bethnal Green Muséum, tandis que les musées du Continent restent à peu près stationnaires.

(.Voie de la Rédaction.)
 
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