Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

DOI Artikel:
Perrin, Émile: Un directeur des musées
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0133

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
La Prospérité de la France retracée par l'Histoire.
Dessin commandé à P. P. Prud'hon par l'impératrice Marie-Louise. (Collection de Mmo A. B. Blodgett.)

UN DIRECTEUR DES MUSÉES'

Mkssikurs,

l y a au Louvre, dans une des salles consacrées à l'école française moderne,
un tableau que l'Académie des Beaux-Arts pourrait revendiquer à plus d'un
titre, car il a pour elle l'intérêt et le prix d'un tableau de famille. Il n'est
pas seulement l'œuvre très-distinguée d'un artiste qui tint une place éminente
parmi ses confrères; il est, en même temps, une page remarquable de l'art
contemporain et une date curieuse de son histoire; je veux parler du tableau
de M. Heim, connu sous ce nom : Distribution des récompenses aux artistes
après le Salon de 1824.

Dans les soixante-dix-huit années qui composent l'âge de notre siècle,
l'année 1824 est une des plus dignes de fixer l'attention de ceux qui aiment
à suivre le mouvement des esprits et les évolutions du goût, qui se plaisent
à saisir le point de départ d'un courant d'idées nouvelles, à étudier comment
Lettre composé par Ch. Rossigneux. se forment et se succèdent les générations d'artistes. Pour ces générations-là,

la loi de durée n'est pas la moyenne de la vie humaine; c'est l'influence plus
ou moins énergique, plus ou moins persistante du génie des hommes supérieurs appelés à jouer le rôle de chefs d'école.

En 1824, l'école de David pouvait paraître encore dans tout son éclat. L'autorité presque despotique que, depuis près
de quarante ans, Louis David exerçait sur les arts, ne semblait pas s'être affaiblie. Le vieux maître vivait à Bruxelles,
exilé et solitaire, son nom avait été rayé sur les annuaires de l'Institut, mais sa doctrine et son influence restaient
prédominantes au sein de l'Académie; il y régnait toujours, sinon par lui, du moins par ses glorieux élèves. Gérard, le
peintre ordinaire du Roi, était au comble des honneurs; Girodet, miné par la maladie, produisait peu, mais la faveur
publique ne lui en demeurait que plus fidèle; Gros venait de terminer son admirable coupole de Sainte-Geneviève.
Pourtant, aux yeux attentifs, des symptômes se manifestaient, précurseurs de la révolte : l'école de David allait bientôt
être menacée.

A quelques mois de distance venaient de disparaître deux grands artistes que l'école moderne considère comme ses
précurseurs, l'un pour qui la vie n'avait été qu'une longue et pénible lutte, l'autre dont la carrière, trop tôt interrompue,
s'ouvrait avec un éclat surprenant. En 1824, l'Institut portait le deuil récent de Prud'hon, et, dans le livret du Salon de
cette même année, on peut lire cette brève et douloureuse mention : « Feu Géricault » !

Par un singulier contraste, l'Académie des Beaux-Arts comptait encore parmi ses membres deux représentants de
l'école française antérieure à la réforme opérée par David. Le célèbre sculpteur Houdon et le baron Denon étaient nés tous
les deux dans la première moitié du xvin0 siècle : ils avaient vu la cour de Louis XV. L'un avait été chargé de classer le

1. M. Emile Perrin veut bien nous communiquer les épreuves du discours dont il a donné lecture à l'Institut, le 25 octobre 1878, à la
séance des cinq Académies. Plusieurs journaux en ont publié des extraits. Nos lecteurs nous sauront gré de leur donner le texte complet de
cette intéressante étude qui fait revivre dans son milieu une figure quelque peu oubliée, celle de M. de Cailleux. C'est un petit chef-d'œuvre
de restitution où l'on reconnaît non-seulement l'homme de goût et le fin critique, mais aussi l'artiste distingué qui est devenu le premier
metteur en scène de ce temps. Aussi cette lecture a-t-elle obtenu à juste titre un très-vif succès. Nous saisissons cette occasion pour publier
deux études de Heim, portraits du baron Gros et de Mm° Hersent, dessinés d'après nature pour le célèbre tableau de la Distribution des
récompenses que M. Emile Perrin, animant avec un rare talent les personnages spirituellement groupés par le peintre, a réussi à décrire sans
sécheresse ni confusion.

Tome XV. ,,
 
Annotationen