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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Perrin, Émile: Un directeur des musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0134

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ii4 L'ART.

précieux cabinet de médailles et de pierres taillées légué au Roi par Mme de Pompadour; l'autre avait modelé d'après nature
les bustes de M""" Adélaïde et Victoire de France, ceux de Gluck, de Voltaire, de Rousseau, de Washington, de Franklin ;
tous les deux ils avaient été appelés à Saint-Pétersbourg parla grande Catherine. Denon avait servi son pays dans la
diplomatie comme dans les arts. Après avoir suivi le général Bonaparte sur les champs de bataille de l'Orient, il était
devenu le conseiller intime, en fait d'art, de l'empereur Napoléon Ie*. Houdon, à travers la première Révolution, à travers
le premier Empire, n'avait pas cessé d'être le continuateur et l'émule des Coysevox, des Lepautre, des Bouchardon, des
Coustou.

L'année 1824 présente donc cet intérêt tout particulier qu'elle fut comme un point de rencontre entre le passé, ce qui

n'était déjà plus le présent, et ce qui allait être
l'avenir. Dans les remous de ces courants si
divers se formait le courant des idées nouvelles.
Ce fut la gloire de la Restauration de préparer,
de fomenter le grand mouvement qui s'accomplit
alors dans les lettres, dans les sciences, comme
dans les arts.

En ce qui touche les arts, ce mouvement
s'était manifesté aux Salons de 1819 et de 1822 ;
il s'affirmait d'une façon définitive au Salon
de 1824. Ingres revenait d'Italie fortifié par
plus de vingt années d'isolement, d'études
sévères, d'intimité avec les œuvres de Raphaël,
le maître immortel dont il professait le culte.
Son nom n'était pas encore populaire, mais les
artistes l'acclamaient déjà ; il apportait de
Florence, où il venait de l'achever, le Vœu de
Louis XIII. Ingres était prêt pour l'action
souveraine qu'il allait exercer. En même temps,
Eugène Delacroix exposait les Massacres de
Scio. Ainsi se trouvaient face à face, presque
au point de départ de leur renommée et de leur
antagonisme, les deux hommes dont les génies
si contraires et les productions si opposées ont
eu le plus d'influence sur l'école moderne.
A côté d'eux venait prendre position une jeune
et ardente phalange. Au premier rang, Horace
Vernet, Sigalon, Léopold Robert, les deux
Scheffer, Couder, Paul Delaroche, Drolling,
Picot, Rude, momentanément éloigné de la
France; Pradier, David d'Angers, qui furent
les maîtres de beaucoup d'entre vous; d'autres
qui leur survivent et que nous avons le bonheur
de posséder encore, MM. Léon Cogniet et
Robert-Fleury, dont le Marius à Carthage,
la Scène du Massacre des Innocents, les

., .. . ,. Brigands italiens, si popularisés par la gravure,

Madame Hersent, étude de Heim 0 ' f t r o

pour son tableau : Distribution des récompenses aux artistes après le Salon de r«3* portent le millésime de 1824 ; MM. Dumont,

(Musée du Louvre.) Gatteaux, Henriquel, qui, cette même année,

cueillaient leurs premiers lauriers.

Cette année-là, l'ouverture du Salon avait eu lieu le 2 5 août, jour de la fête du Roi. Quelques semaines après, la mort
de Louis XVIII appelait Charles X sur le trône. La distribution des récompenses se trouva forcément retardée. C'était alors
un privilège royal de présider cette cérémonie; le souverain tenait à honneur de remettre, de sa main, aux artistes les
marques de distinction qu'ils avaient méritées. La distribution des récompenses devant être présidée par le roi Charles X,
elle ne put avoir lieu qu'au mois de janvier 1825. Vous vous rappelez tous, Messieurs, le tableau de M. Heim ; vous n'avez
pas oublié non plus avec quel honneur il figura à l'Exposition universelle de 185 5. On s'était montré, depuis quelques
années, bien sévère à l'égard de celui que l'on appelait alors : le père Heim. Or, il se trouva que, dans ce grand concours, le
père Heim tint une des premières places avec le Massacre des Juifs et la Distribution des récompenses au Salon de 1824.

Ce n'est pas une tâche aisée pour un artiste que la reproduction d'une scène contemporaine, d'une scène officielle
surtout. L'élément pittoresque en paraît absent, au premier abord; il faut l'y découvrir et le mettre en relief sans avoir
 
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