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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Leroi, Paul: Musée des art décoratifs: première exposition
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0378

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MUSEiE DES ARTS DECORATIFS'

PREMIÈRE EXPOSITION

Début difficile, très-difficile et cependant heureux. Inaugure'e
on août, cette première exposition est reste'e ouverte jusqu'au
dernier jour de l'Exposition Universelle et n'a pas eu trop à
souffrir de l'immense succès de cette -dernière. Pendant que la
magnifique exhibition rétrospective d'œuvres de maîtres moder-
nes intelligemment organisée par M. Durand-Ruel 2 recevait à
peine quelques visiteurs, d'assez nombreux fidèles se rendaient
fréquemment au Pavillon de Flore pour y étudier les tableaux
obligeamment prêtés au musée naissant par Mmos Evans-Lombe
de Bylaugh, Christian et la comtesse Léon de Biencourt, MM. le
baron Edmond de Beurnonville, le marquis de Biencourt, Char-
les Pillet, Gariel, Michel Heine, Gustave Rothan, Eudoxe Mar-
cille, le baron Gérard, Edouard André, le marquis de Ganay,
Boucheron, Maurice Cottier, le vicomte de Ganay, Stanislas
Baron, Redron, le marquis de Chennevières, Godefroy, le comte
de Noé et le marquis de Pommereux, et par l'École Nationale
des Arts décoratifs qui avait envoyé ce beau portrait de Carie Van
Loo et sa famille, reproduit dans le tome premier de l'Art3 et
que le catalogue du. Musée des Arts décoratifs 4, plus qu'étourdi-
ment rédigé, donne à « Van Loo (Charles-André) dit Carie ».
Or quiconque a la moindre connaissance de l'Ecole française,
sait que ce beau portrait de famille est de Michel Van Loo.

M. Gustave Rothan avait réuni dans une même salle de
très-nombreux cadres empruntés à sa collection si variée, mais
ils n'y étaient point vus à leur avantage, la distribution de la
lumière étant détestable au rez-de-chaussée du Pavillon de
Flore. Parmi les tableaux que l'on a pu à peu près bien distin-
guer, il faut citer avant tout deux bijoux de Guardi, un superbe
Portrait d'un magistrat hollandais par Jordaens, portrait que
j'estime être plutôt celui de quelque solide bourgeois anversois s,
d'attrayantes allégories de Boucher, un portrait de David, fort
curieux et plein de caractère, celui de Barrôre, le conventionnel,
un Fyt d'une extrême finesse de ton, etc.

M. Eudoxe Marcille s'était fait représenter par sa série
de Chardin, tous morceaux de gourmet, M. le marquis de Bien-
court par de nombreux portraits historiques, M. le baron Gé-
rard par diverses œuvres de François Gérard, Andromaque,
fort belle esquisse de Prud'hon, la Visite à l'Accouchée du che-
valier Antoine de Favray, etc.

Si Mme de Bylaugh nous montrait un Rembrandt plus que
faux quoique se pavanant à la cimaise, — c'est un des innom-
brables pseudo-portraits du maître, — elle prenait brillamment
sa revanche avec un Nicolas Maes de toute beauté, la Dentellière
endormie, digne pendant du fameux Bénédicité du même maître,
le plus bel ornement de la Société Félix Meritis d'Amsterdam.

Un vrai Rembrandt, un prodigieux chef-d'œuvre, c'est ce
morceau de choix de la célèbre vente Van Brienen, le Portrait
du docteur ArnoldusTholinx, appartenant à M. Edouard André,

l'heureux possesseur de tant de précieux portraits parmi les-
quels il avait encore fait choix des portraits d'un Régent de
l'université de Leyde, par Jean de Bray, gravé dans l'Art6, de
Joseph Ducreux par lui-même, de Wille par Greuze, d'un offi-
cier par Frans Hais, de Cornelis Bloemart le vieux, architecte
de la ville de Dordrecht, par N. Maes, etc.

M. Charles Pillet qui est un très-fin connaisseur et s'est
formé une petite collection délicatement choisie, — inutile pour
tous ceux qui le connaissent d'ajouter que le commissaire-
priseur impose toujours silence aux passions de l'amateur et que
pas un de ses tableaux n'a été acheté dans une de ses ventes, —
M. Pillet nous montrait les notes les plus agréablement variées,
tantôt puissantes comme dans ce magistral Frans Hais, — Por-
trait de Michiel de Waal, fondateur d'hospice et officier du corps
de Saint Adrien qu'admirait tant le savant et si regretté galant
homme Etienne Le Roy, et que l'Art vient de faire graver, —
tantôt séduisantes comme ce Jacob van Ochtervelt — le Duo —
qui rappelle si habilement Van der Meer de Delft, — tantôt
pittoresques comme l'excellent Gerrit Berckheyde, — Une rue
de Harlem, — tantôt élégantes comme le grand portrait de
Vestier, — Une Dame et ses Enfants — signé et daté 1789,
ou piquantes comme ce petit panneau où Van der Neer a si
prestigieusement retracé un Incendie.

L'espace me manque pour tout ce que je désirerais citer;
je suis forcé de me restreindre mais je ne saurais pourtant passer
sous silence la contribution considérable de M. le baron Edmond
de Beurnonville. — plus de soixante-dix tableaux. Cet amateur —
un passionné s'il en fut, et un enthousiaste sincère, — a com-
mencé par être si affreusement dupé par des faiseurs sans scru-
pules qu'il en est resté sur sa collection un renom suspect, et il
est de fait qu'il a eu le tort de se laisser très-largement entraîner
à acheter la quantité. Ce n'est donc pas sans une certaine crainte
qu'on avait appris son énorme envoi au Pavillon de Flore. On
a eu le plaisir d'une surprise des plus agréables ; que M. de
Beurnonville ait procédé à de larges épurations, — ce qui ne se-
rait que sage, •— ou qu'il ait profité de l'expérience acquise à ses
propres dépens, toujours est-il qu'il avait exposé, non-seulement
de bons tableaux, mais même de fort beaux : le Faucon et
Nicaise, deux Lancret, faits à souhait pour le plaisir des yeux,
le second surtout, l'Heureuse Mère de Fragonard, Marguerite
d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, représentée en Sibylle
Persique par Jean Mostaert, un Nattier hors pair, une esquisse
de Rubens marquée de la griffe du lion : la Tempérance tenant
enchaîné le Démon des Passions, le charmant Portrait de
M»* Roland par Vestier, auxquels se joignaient d'admirables
modernes : Eugène Delacroix, Troyon, Diaz, Théodore Rousseau
surtout 1.

M. de Beurnonville est aussi l'heureux possesseur d'un

1. L'abondance des matières nous a obligés à retarder jusqu'à aujourd'hui la publication de cet article. — (Note de la Rédaction.)

2. Voir le compte rendu de M. Eugène Montrosier, dans l'Art, 4e année, tome IV, page 19.

3. Voir l'Art, l" année, tome Ier, page 290.

4. Musée des Arts décoratifs, Palais des Tuileries, Pavillon de Flore. Tableaux anciens et modernes exposés au profit du Musée des Arts décoratifs.
Première série. Paris, imprimerie de la Société anonyme de publications périodiques, 13, quai Voltaire. Brochure in-18 de 59 pages.

A la page 52 de ce Catalogue on fait naître Carie Van Loo en 171 j au lieu de 170; ; puis immédiatement après on lit Van den (sic) Velde pour Van de
Velde, etc.

Le n° î, Poissons par Van Beyeren, est indiqué comme provenant du cabinet de M. le comte de Bloudoff, ministre de Russie à Bruxelles, tandis que ce
tableau n'a jamais figuré dans cette collection.

On lit aussi à la page 48 Jan van [sic) Stcen ! !

5. Cette peinture magistrale a été admirablement gravée pour l'Art par M. Charles Waltner sous ce titre : Portrait de vieillard. Voir l'Art, y année,
tome III, page 260.

6. Voir l'Art, 30 année, tome 1«, page 114..

7. MM. Edouard André, Stanislas Baron, Boucheron, Maurice Cottier, Gariel, le baron Gérard, Charles Pillet et Redron avaient également exposé un fort
remarquable contingent de modernes.
 
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