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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Courajod, Louis: Fragments des Mausolées du comte de Caylus et du Marquis du Terrail
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0373

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FRAGMENTS DES MAUSOLÉES

DU COMTE DE CAYLUS ET DU MARQUIS DU TERRAIL

conservés au musee du louvre

Quand on pénètre, au rez-de-chaussée du Musée du Louvre,
dans la salle consacrée à Coyzevox, et qu'on examine successi-
vement les sculptures qui composent un ensemble aussi impo-
sant et un milieu d'art aussi homogène — car, sans être tous
sortis de la main de Coyzevox, les monuments de cette salle
appartiennent à une même époque et à une même école — on
est vivement frappé d'y rencontrer deux hauts-reliefs dont le
style maigre et tendu contraste violemment avec la large ma-
nière du maître du logis. Ces deux marbres sculptés produisent
sur un œil exercé l'effet que causeraient, à une oreille musicale,
deux fausses notes dans un accord. Je veux parler des deux
femmes en pleurs, épaves de deux mausolées, qui se font pen-
dant de chaque côté de la salle et qui, matériellement, se trou-
vent rapprochées du tombeau de Mazarin.

Il n'y a pas à discuter longtemps sur l'époque et sur l'école
qui ont produit de semblables travaux. Ce dessin sec et poncif,
cette exécution froide et prétentieuse ne peuvent appartenir qu'à
la seconde moitié du xvmc siècle. Vien était passé par l'atelier d'où
sortirent de telles œuvres ou tout au moins l'une d'elles. Quant
elles naquirent, il avait déjà commencé, avec ses terribles re-
mèdes, à traiter l'art français et à mettre la sculpture elle-même
au régime. On pourrait croire l'une de ces figures,— celle de
gauche, ■—■ dessinée par Lagrenée. Puisque leurs caractères ex-
térieurs n'ont pas encore suffi à les faire reconnaître, essayons,
à l'aide de documents d'histoire, d'en déterminer la provenance,
d'en indiquer la destination et d'en nommer les auteurs.

Exposées au Louvre vers 1850, lors de la fondation du Mu-
sée de sculpture moderne, ces deux figures n'y ont jamais été
cataloguées. Elles venaient toutes deux des Magasins de Ver-
sailles où elles se trouvaient conservées depuis 1834. Elles
avaient été ainsi décrites dans l'Inventaire annoté du roi Louis-
Philippe : « N° 454. — Inconnu. — Figure allégorique qui
faisait partie du monument du comte de Caylus, mort en 1763
(lisez 1865), bas-relief en marbre. — Hauteur : im 08; largeur :
om85 — Provenant des Petits-Augustins, n° 376. — Porté à
Versailles le 26 mai 1834. — Magasins de Versailles. »

« N° 544. — Broche. — Femme éplorée, bas-relief en mar-
bre.— Hauteur : 111124 ; largeur : om 95 2. — Envoyée à Versailles
le 26 mai 1834. — Petits-Augustins, 380. — Magasins de
Versailles. »

On voit que ces sculptures, comme presque tous les monu-
ments qui ont précédemment appartenu à des édifices publics,
n'ont pas d'autre origine immédiate que le Musée des Petits-Au-
gustins, et c'est de Lenoir que nous avons tout à apprendre sur
elles. Occupons-nous, d'abord, de la figure qui se trouve à droite
en entrant.

I

Le 24 germinal an IV, Lenoir recevait des mains du mar-

brier Scellier, qui l'avait tiré de la salle des Antiques, « un bas-
relief représentant une pleureuse par Vassé, projetée pour le tom-
beau de Caylus »3. Ces renseignements étaient certains. Pajou,
qui était garde des Antiques du Roi, n'avait pas été déplacé par
la Révolution. Il avait les traditions de l'Académie de peinture
et sculpture. D'autre part, Lenoir avait déjà reçu, dès le
15 prairial an III, un médaillon en marbre de Caylus 4 venant
de la salle où se réunissait l'Académie des Inscriptions8.

En l'an VIII, Lenoir exposa le tout, dans son musée, sous le
n° 376, et il rédigea ainsi l'article de son catalogue : « Monument
érigé à Caylus, antiquaire célèbre, mort à Paris en 1763 (lisez
1765). On voit le médaillon de Caylus, et un bas-relief représen-
tant une femme dans la douleur, exécutés par Vassé fils 6. » Ce
monument resta exposé jusqu'à la disparition du Musée des mo-
numents français. Dans l'inventaire des collections des Petits-
Augustins, remis, en 1816, à M. de Vaublanc, Lenoir disait en-
core : « N° 376". — De la salle des Antiques. ■— Bas-relief en
marbre blanc représentant une femme éplorée, sculpté par Vassé.
Ce bas-relief, qui n'a jamais été employé, devait servir au tom-
beau de Caylus, mort en 1763 (lisez toujours 1765).

Mais je dois m'arrêter ici pour prévenir une confusion qui
pourrait naître dans l'esprit du lecteur. Il faut distinguer ce céno-
taphe d'un autre mausolée qui fut élevé à Caylus dans l'église de
Saint-Germain-l'Auxerrois et qui passa également par le Musée
des Petits-Augustins pour arriver au Louv-re, après que Lenoir
en eut changé la destination. Dès le 15 frimaire an II, le célèbre
sarcophage de porphyre était entré aux Petits-Augustins7. En 17951
Lenoir le décrivit ainsi, dans la Notice historique des monuments
des arts réunis au Dépôt national, rue des Petits-Augustins,
l'an IV de la République, p. 22. : « N° 101. — St-Germain-
l'Auxerrois. — Un sarcophage en porphyre de 3 pieds de long
sur 21 pouces six lignes de haut et 21 pouces de large, posé
sur des supports aussi de porphyre, représentant des tètes et des
griffes de chats sauvages.

« Ce monument égyptien servait de cénotaphe au savant Cay-
lus, qui l'avait apporté d'Italie. La lampe et le médaillon de
Caylus en bronze sont de Vassé; les termes de marbre blanc,
qui portent le tout, sont de Michel Anguier.

« J'ai déposé dans ce sarcophage précieux les cendres du
célèbre Descartes, mort en Suède en 1650. Il fut enterré à
Sainte-Geneviève, en 1667. »

La description de Lenoir, en mettant à part les pièces, de
marbre blanc ajoutées après coup, est conforme à l'image du
tombeau telle que nous l'a transmise une estampe in-folio, au
bas de laquelle on lit : Vassé invertit. — P. Chenu sculpsit. Le
sarcophage de Caylus, devenu momentanément le tombeau de
Descartes, ne garda pas longtemps sa nouvelle affectation. Il fut
réclamé par le Musée du Louvre, et livré à l'administration de

1. Les dimensions sont toujours les mêmes, à quelques millimètres prés.

2. Il s'agit de la plus grande largeur, prise au niveau du pli du bas de la robe. Ce pli ayant été légèrement fracturé, la statue ne mesure actuellement, à cette
place, que om,92. La base a om,86.

j. Article 694 du Journal de Lenoir.

4. Article 563 du Journal de Lenoir, ainsi conçu : « Ledit [rj prairial an HT], reçu du fnême lieu [une salle du Louvre] plusieurs fragmens et morceaux
antiques ornés de bas-reliefs. — Plus, des pierres celtiques, ornées de bas-reliefs, antiquités françaises découvertes à Notre-Dame en 1711.— Le médaillon de Caylus,
marbre blane. — Une inscription grecque en marbre en forme de balustre. — Deux autres inscriptions grecques, etc.. »

5. La lecture de l'article y6j du Journal de Lenoir prouve que le médaillon de Caylus provenait bien de l'ancienne salle d'assemblée de l'Académie des
inscriptions au Louvre. ,

6. Le Musée des monuments français, tome V, p. 154, est encore plus explicite. La phrase s'y termine par ces mots : « Le tout par Vassé fils. »

7. N° 170 du Journal de Lenoir : « Le 15 dudit [frimaire an II], reçu du citoyen Daujon, administrateur et membre de la commune de Paris, le beau tombeau
antique en porphyre venant de Saint-G^ermain-l'Auxerrois, où il servoit de cénotaphe à Caylus. »
 
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