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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Véron, Eugène: La Société des Amis des arts de Douai, son exposition: les collections publiques et particulières de Douai
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0156

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LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE DOUAI

SON EXPOSITION

LES COLLECTIONS PUBLIQUES ET PARTICULIÈRES DE DOUAI

[

La ville de Douai est une des villes de France où le goût
des arts s'est manifesté le plus tôt par un ensemble de créations
spontanées. Dès les premières années de ce siècle, Douai avait
son musée et ses écoles de sculpture, de dessin et de musique.
Cela ne lui a pas suffi ; elle y a ajouté l'organisation d'expositions
annuelles, qui se sont continuées presque sans interruption
de 1802 à 1821. Parmi les artistes douaisiens qui y ont figuré
on trouve les noms de : Avisse, Boilly, Thery de Gricourt,
Delà Grange, Desbordes, Carrière, Momal, Bra père et Bra fils
et Bellegambe, le dernier descendant du grand peintre douaisien
Jean Bellegambe.

Ces expositions étaient des expositions régionales, qui ne
comprenaient guère que les artistes de Douai, de Lille, de Va-
lenciennes, d'Arras et des départements limitrophes. Lorsque
commença le grand mouvement littéraire et artistique qui suc-
céda à l'empire, les amateurs de Douai voulurent s'y associer en
donnant une base plus large à leurs expositions, et en y attirant
un plus grand nombre d'artistes par une organisation qui leur
assurât la vente d'un certain nombre de leurs oeuvres.

C'est dans cette pensée que la Société des Amis des arts d e
Douai fut fondée en 1821 par MM. De la Grange, Becquet de
Mégille, Avisse, Wallet et Duquesne. Douai avait à cette époque
16,000 habitants. Au bout de quelques années la Société comp-
tait mille souscripteurs, payant une cotisation annuelle de 12 fr.
De plus elle émettait chaque année pour sa loterie artistique des
billets à 5 francs qui se plaçaient facilement; la municipalité
en prenait pour elle seule 200; la Société d'agriculture, sciences
et arts, 20; la Société académique d'Arras, 10, etc. Il y avait un
véritable élan.

A la première exposition de la Société nouvelle, en 1823, on
trouve parmi les exposants Prud'hon, Decamps, Isabey, Géricault,
Bosio. Dans les suivantes on peut citer, Abel de Pujol qui était
alors célèbre, Th. Bra, Paul Delaroche, Norblin, Verboeckoven,
Boulanger, E. Delacroix, Deveria, Reynolds, Roqueplan, Cons-
table, Ingres, De Rudder, Schopin, etc.

Vers 1840 les expositions devinrent irrégulières, et elles
cessèrent complètement à partir de 1852. La Société des Amis des
arts s'éteignit et la vie artistique, à Douai, demeura suspendue.

On s'était attaché à l'art pendant une vingtaine d'années avec
une sorte de passion instinctive, et par l'effet d'une exaltation
d'imagination qui demeurera l'honneur du mouvement roman-
tique; mais les hommes sérieux finirent par l'emporter. On né-
gligea ce superflu pour ne plus s'attacher qu'au nécessaire, et les
bourgeois, uniquement occupés d'affaires, n'eurent plus que du
dédain pour les futilités qui avaient passionné leurs pères.

Mais bientôt on commença à s'apercevoir que ce superflu était
indispensable au nécessaire, que ces futilités étaient des sources de
richesse et que les conseils des hommes sérieux étaient désastreux.
Il se trouva que l'art est l'auxiliaire forcé d'un très-grand
nombre de nos industries, qu'il est sur une foule de points la con-
dition sina quâ non de notre supériorité, et que les honnêtes né-
gociants qui prétendaient s'en passer étaient à peu près aussi
raisonnables que des fabricants qui reprendraient les métiers à
bras pour éviter les frais de combustible.

On revenait donc à l'art; non par entraînement comme en

1821, mais cette fois par raison et par calcul. Les amateurs d'art,
et en particulier M. Asselin, en profitèrent pour ressusciter la
Société défunte. Elle se reconstitua en août 1863, et le 7 octobre
de la même année le préfet du Nord signait l'autorisation néces-
saire, puisqu'il faut chez nous une autorisation pour faire des
expositions de tableaux.

Nous n'analyserons pas les statuts qui n'ont rien de particu-
lier, sauf l'oubli, volontaire ou non, de la durée des fonctions de
la commission administrative. Il en résulte que les membres une
fois nommés le sont à vie, ce qui pourrait bien avoir plus d'in-
convénients que d'avantages. On peut toujours réélire les
membres qui s'acquittent avec zèle de leurs fonctions, mais l'im-
possibilité de remplacer ceux qui les négligent peut amener un
relâchement général. N'y a-t-il pas d'ailleurs de graves dangers
dans cette absence de renouvellement qui désintéresse de
toute action les sociétaires peut-être les plus capables de
rendre des services, et qui fatalement tend à étouffer sous la rou-
tine toute tentative de progrès? Ces inconvénients ne se sont pas
encore produits, mais c'est là une fortune qui peut cesser d'un
moment à l'autre et sur laquelle il est imprudent de compter
indéfiniment.

La Société des Amis des arts, réunie en assemblée générale
le 2 septembre 1863, composa la commission administrative des
personnes dont les noms suivent :

MM. Asselin (Alfred), président;

Baron Amaury de la Grange, \

\ vice-présidents;
Thomassin (Amedee), \

Bilbaut (Théophile), secrétaire ;

Cellier (Jules), secrétaire adjoint;

Robaut (Alfred), trésorier;

Delannoy-Amblard, Demont-Humes, Haudouart, Lé-
pollart, Petit (Constant), Robaut (Félix), Watelle.

Le nombre des sociétaires s'élevait alors à 541 ; il monta
bientôt à près de 700; mais depuis 1870, il est demeuré à peu
près stationnaire dans les environs de 500. Il y a là un danger
que le nouveau président de la Société, M. Léon Maurice, con-
seiller à la cour, a énergiquement signalé dans son compte
rendu de l'année dernière.

« Rien, dit l'honorable président, avec autant de raison que
d'éloquence, rien dans le monde ne saurait demeurer stationnaire.
Ne pas croître, c'est décroître; ne pas progresser, c'est reculer. Ni
l'homme, dont la vieillesse s'empare dès qu'il a dépassé l'âge mûr.
ni les nations qui descendent rapidement la pente d'une irrémé-
diable décadence, dès qu'elles ont cessé de grandir moralement,
ne peuvent se soustraire à cette loi inéluctable. A plus forte rai-
son des sociétés comme la nôtre n'y échapperont pas. Il ne suffit
pas que chacun d'entre nous continue machinalement à payer
tous les ans sa cotisation et se croie ainsi quitte envers elle. La
mort, l'éloignement, parfois un peu de mauvaise volonté font
chaque jour des vides dans nos rangs, et ces vides ne se comblent
pas tous par de nouvelles recrues... Cette année les cotisations
perçues n'atteignent, à l'heure où je parle, que le chiffre de 509.
Je le dis bien haut, cela n'est pas suffisant, ce n'est pas ce que
peut faire une ville comme Douai, partant ce n'est pas digne
d'elle. Lorsqu'en 1821 la première Société des Amis des arts de
Douai fut constituée, elle compta bientôt mille souscripteurs, et
 
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