Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

DOI Artikel:
Véron, Eugène: La Société des Amis des arts de Douai, son exposition: les collections publiques et particulières de Douai
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0157

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA SOCIÉTÉ DES AMIS

DES ARTS

DE DOUAI.

pourtant notre ville n'avait alors que 16 ou 17,000 habitants.
Nous en avons aujourd'hui 28,000. Notre cité est-elle, à l'heure
pre'sente, moins riche qu'elle ne l'était alors? Notre production
est-elle moins florissante? »

Et il termine en invitant les associés à recruter chacun un
adhérent, un seul, c'est bien peu de chose, et le nombre des
membres de la Société se trouvera du coup reporté à ce chiffre
de 1,000 qu'il a atteint déjà une fois. Alors on pourra, avec ces
ressources nouvelles, acheter quelques toiles d'un prix plus élevé
et par là même attirer aux expositions de Douai des artistes
célèbres, qui s'abstiennent parce que, dans les conditions pré-
sentes, leurs œuvres n'ont aucune chance d'y être vendues. Or
pour qu'une exposition de peinture atteigne son but, il faut
qu'elle puisse servir au développement du goût local, en offrant
aux artistes du pays et aux personnes peu familières avec Paris
des points de comparaison qui leur manquent trop souvent.

Espérons que ces conseils seront suivis, et que, à défaut d'un
goût très-vif pour les arts eux-mêmes, on comprendra qu'il faut
encourager ce genre de production où la France trouve son
principal titre d'honneur, et qui représente le quart de nos
exportations totales. Et d'ailleurs, à ne prendre les choses qu'au
seul point de vue commercial, quelle est l'industrie qui peut
rivaliser avec celle du peintre et du sculpteur, qui d'une pierre
sans valeur ou d'une toile et de quelques couleurs savent faire
des objets d'un prix inestimable? Quel est le fabricant de coton
qui puisse comparer son industrie avec celle-là, où la matière
n'est rien et où l'homme est tout ?

Je trouve, dans la Société des Amis des arts de Douai, un
usage qui lui est particulier et que je n'ai rencontré nulle part
ailleurs. C'est celui de faire précéder le tirage de la loterie des
objets qui ont été achetés par la Société ou qui lui ont été offerts
d'une appréciation de la valeur artistique de ces objets. Cet
usage, inauguré par M. Asselin et continué avec le plus grand
succès en 1877 par M. Albert Dutilleul, secrétaire de la com-
mission administrative, a l'avantage d'apprendre à quelques-uns
de ceux qui l'écoutent en quoi consiste le mérite artistique des
œuvres que le sort va peut-être leur attribuer et de leur donner
une leçon d'esthétique appliquée qu'ils n'auraient peut-être pas
songé à aller chercher ailleurs. Quand on voit comment sont
jugés en général les ouvrages d'art, on ne peut qu'applaudir à
l'usage d'ajouter au tirage de la loterie une conférence, qui à ses
mérites particuliers joint celui d'une incontestable actualité,
puisque les auditeurs sont précisément ceux qui, tout à l'heure,
seront les propriétaires des objets appréciés. Il serait à souhaiter
que cet usage fût imité partout. Ce serait une occasion toute
naturelle de répandre des connaissances qui sont loin d'être
communes, et que le public n'a guère de moyens d'acquérir.

La commission administrative de la Société des Amis des arts
de Douai est composée en ce moment de :

MM. Maurice (Léon), président;

Billet (Pierre), I .

) vice-presidenls :
Meurant (Gustave),|

Dutilleul (Albert;, secrétaire;

Cellier (Jules), secrétaire adjoint:

Crétin (Edouard), trésorier;

Demont (Edmond), conservateur ;

Watelle, Haudouart (Auguste), Demont (Adrien),
Maroniez (Arthur), Dechristé (Louis), Favier
(Alexandre).

La Société de Douai a pour membres correspondants :

A Cambrai, M. Coupé (Léon).
A Orchies, M. Warocquier.
A Valenciennes, M. Namur (Henri).
A Marchiennes, M. Deprez.

Les ressources de la Société se composent du produit des
cotisations de ses membres et d'une subvention de 800 francs
Tome XV.

donnée par la ville, qui de plus fournit gratuitement le local de
l'exposition.

L'entrée de l'exposition est gratuite. Il vaudrait peut-être
mieux faire payer les entrées un ou deux jours par semaine.

Le nombre des ouvrages tirés au sort à la loterie de 1877
s'élevait à 39.

II

L'Exposition de la Société des Amis des arts de Douai pour
1878 s'est ouverte le 7 juillet. Elle comprenait 227 numéros.
Malheureusement la Société ne trouve pas dans la ville de local
approprié à des expositions de tableaux. Elle est obligée de les
installer dans une grande salle de l'Hôtel de ville, qui prend
jour de côté par une longue suite de fenêtres. Les toiles qui sont
en face des fenêtres sont très-difficiles à voir à cause des reflets,
et celles qui sont du même côté que les fenêtres ne se voient pas
du tout à cause de l'ombre. Pour qui sait quelle est pour des
tableaux l'importance d'une bonne lumière, cette installation est
déplorable. Tout ce qu'il y a de finesse dans les tons disparaît,
la couleur est sacrifiée ; il ne reste plus de la peinture que ce qui
n'est pas la peinture. Et encore! Il ne manque pas de tableaux
dans lesquels il m'a été impossible de retrouver même la dispo-
sition des figures.

C'est dommage, car le nombre des œuvres provenant d'ar-
tistes de la contrée était assez considérable. Et j'aurais été bien
aise de me faire une idée à peu près exacte de leur valeur.

M. Bonnefoy, qui a eu un assez bon tableau au Salon des
Champs-Elysées, exposait à Douai une Cour de ferme à Bou-
logne-sur-mer, dont le coloris paraît bien froid, bien terne, bien
monochrome. Cet effet tient-il à la mauvaise lumière? C'est pos-
sible. Les Regrets de M. Alph. Chigot sont d'une exécution
agréable et la figure est bien posée. On peut en dire autant de
la Dernière Allumette; ce n'est qu'une esquisse, mais les attitudes
et les mouvements sont bien observés. Le portrait de M"0 C. par
M. Crépin n'est pas mauvais, quoiqu'un peu immobile. Je n'ose
risquer une appréciation sur ceux de M. et de M"10 B.par M. De-
laleuille, ayant vainement cherché une place d'où il me fût
possible de les voir. J'ai entrevu ceux de M. et de Mmc N. Ils
m'ont paru d'une coloration froide et terne, mais très-étudiés et
d'une réalité très-cherchée. Je préfère celui de Monsieur à celui
de Madame. M. Adrien Demont expose une Vue d'Antibes dans
laquelle la mer et les lointains sont bien réussis ; mais les rochers
et les maisons n'ont rien du soleil du midi. M. Demont n'appar-
tient pas à l'école des outranciers de la lumière qui ne peuvent
dépasser Lyon sans exhiber des flamboiements à aveugler un
Touareg. Je l'en félicite, mais je crains qu'il ne tombe dans l'ex-
cès contraire. Son Étude de Printemps est également bien froide
et bien terne pour la saison du renouveau.

Le portrait de M. le professeur A. C, par M. Oscar de Haes,
est dur, mais expressif. M. Laurent expose un paysage assez joli
de ton'; mais les troncs de ses arbres sont singulièrement disgra-
cieux. La Mort d'Eurydice par M. Lematte est, comme tout ce
qu'a fait ce jeune homme, de la peinture purement académique
et conventionnelle. M. Lematte sait son métier et réussit le mor-
ceau tout comme un autre. Le torse de son Eurydice est assez
bien modelé. Mais pourquoi Eurydice? A quoi reconnaissez-
vous Eurydice? Hé! ne voyez-vous pas ce serpent qui sort de
dessous sa robe ? C'est lui qui vient de la mordre au pied, et elle
est tombée là, subitement, foudroyée, sans pouvoir faire un pas
de plus, par un empoisonnement instantané qui n'est pas dans
les habitudes de la nature, mais bien dans la tradition du pays
que fréquente l'auteur. Là on ne s'occupe ni de vérité ni de
vraisemblance, ni de quoi que ce soit qui y ressemble. L'art du
peintre consiste non à exprimer des conceptions ni des impres-
sions picturales ou, si l'on aime mieux, pittoresques, mais bien à
construire des morceaux de statues, exactement comme celui de
l'architecte est avant tout d'utiliser des dessins de constructions
grecques ou romaines, sans tenir compte de la destination de

18
 
Annotationen