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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Leroi, Paul: Le salon de Paris, 1878, [2]: Aquarelles, dessins, gravures et lithographies
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0212

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LE SALON DE PARIS'

AQUARELLES, DESSINS. GRAVURES ET LITHOGRAPHIES

NOTES ALPHABÉTIQUES

I

AQUARELLES ET DESSINS

(suite et pin.)

François EHRMANN. — Un Alsacien qui entend noble-
ment l'art décoratif; il en a au plus haut degré le sentiment; si
nous avions encore à le démontrer il nous suffirait de rappeler
le splendide alphabet qu'il a composé tout exprès pour notre
Revue, et que nous sommes loin d'avoir épuisé.

Là, comme dans ses créations les plus importantes, se re-
trouvent ce goût, cette distinction, cette grande tournure qui
caractérisent à un si haut degré le talent de M. Ehrmann et qui
viennent de s'affirmer avec plus d'éclat que jamais dans ces su-
perbes faïences qui décorent le porche du Pavillon des Beaux-
Arts à l'Exposition Universelle, et dont l'artiste avait envoyé
au Salon deux des cartons, la Céramique et la Gravure"1,
précieux spécimens de sa manière. Ses compositions ne sont
jamais banales; elles portent bien son cachet à lui, mérite rare
entre tous aujourd'hui où ce sont surtout les artistes à la suite
qui encombrent la carrière.

Giovanni FILOSA. — Dans le bois est aussi habile, ultra-
habile, qu'outrageusement papillotant. J'en suis aux trois quarts
aveuglé.

J. V. E. FROMENT. — S'il m'était permis de lui dire tout
ce que j'ai accumulé et accumule de choses de'sagréables à son
adresse, jamais un numéro de l'Art n'y pourrait suffire. Il est à
mes yeux et aux yeux de bien du monde la plus désastreuse per-
sonnification des tristes errements où se perd la Manufacture
nationale de Sèvres, qui en est arrivée à ne plus faire que gros,
grand, pesant, énorme et lourd, après avoir été au xvmc siècle
l'incarnation de toutes lesélégances et avoir magnétiquement attiré
à elle, pour lui prêter un surcroît de grâce, toutes les autres sé-
ductions de cette époque bénie des curieux et de tous les gens de
goût. Si elle avait Boucher, ce roi de la décoration, et son école
pour inspirateurs, Dodin et ses émules pour peintres, elle n'a-
vait que l'embarras du choix pour ses délicates montures ; Gou-
thière, Forestier et maint autre étaient là pour lui ciseler dans
le bronze des merveilles d'ornementation. Aujourd'hui qu'elle a
l'honneur d'être vouée à M. Froment , au précieusissime
M. Froment qui lui décore ses vases d'une nichée d'amours
juchés sur des trapèzes et s'y livrant , par des prodiges
d'équilibre, à la peinture et à une foule d'autres arts libéraux,
— on a la douleur de voir cela à l'Exposition Universelle ! —
aujourd'hui qu'elle possède M. Froment que l'Europe nous
envie, aujourd'hui qu'elle se livre à l'invention d'un tas.de tons
terreux qui sont d'une gaieté funèbre dans un appartement,
elle est descendue jusqu'à ne recourir pour ses montures en
bronze qu'à la pire camelotte du Marais3. J'en avais récemment
au Champ-de-Mars les larmes aux yeux d'indignation, quand

un très-habile et très-intelligent ouvrier monteur en bronze,
un fanatique de bronzes anciens, s'approcha de moi et, me dési-
gnant l'exécrable monture d'un grand diable de vase : « C'est
« honteux, n'est-ce pas. Monsieur! me dit-il. Je rougis qu'on
« en soit là, et cependant nous ne manquons pas d'habiles
« ciseleurs, de vrais artistes. » Je lui serrai la main et m'en allai
demander quelque consolation à l'excellentissime exposition de
Beauvais, — de Beauvais qui a dignement conservé, suivi et per-
pétué les meilleures traditions et dont on est unanime à louer
les produits accomplis, mais je grinçai bientôt des dents à la vue
des panneaux criards, criardissimes, exécutés aux Gobelins d'a-
près les compositions péniblement contournées et alambiquées
de M. Mazerolle pour la salle du glacier de l'Opéra, — il est
vrai que cela sera en parfaite harmonie avec cet Opéra de
M. Garnier; — j'en étais à me dire que Sèvres et les Gobelins
étaient en train de marcher ex œquo quand je découvris les
travaux commencés sous la nouvelle direction, celle de M. Alfred
Darcel, et je fus heureux de constater que ce savant, qui est doublé
d'un homme de goût, s'attache à ramener les Gobelins dans une
meilleure voie.

Pour en revenir à M. Froment lui-même — la responsabilité
de ma longue parenthèse lui incombe tout entière, — il a ex-
posé ceci, — je copie textuellement : « Laissez-leur prendre un
pied chef vous... — ils en auront bientôt pris quatre. » Est-ce
assez joli ! et cela ne méritait-il pas de figurer en italiques au
Catalogue qui oublie de nous dire que c'est du bataillon d'a-
mours cher à M. Froment qu'il s'agit, mais cet aimable homme
a tenu à nous réserver la surprise de son œuvre, et quelle
œuvre !

A. L. GALBRUND. — L'habile pastelliste est fort inférieur
à lui-même dans la Grand'mère. Il se relève à son très-com-
plet avantage dans la Quêteuse (premier Empire).

Auguste GALIMARD. — Les naïfs seuls en sont encore à
prétendre que le ridicule tue en France ; il éternise au contraire.
Mais le cas de M. Galimard s'aggrave d'une question de bonnes
mœurs qui devait tout au moins faire reléguer aussi haut que
possible, et dans le coin le plus obscur du promenoir, la chose
sans nom que cet élève de M. Ingres n'hésite pas à baptiser :
Volupté antique. Qui donc, étant chargé du placement, *a pu
s'oublier jusqu'à étaler cela à tous les yeux, dans le salon
d'honneur?

Léon GAUCHEREL. — Un des maîtres de la maison et
pas le moins despote puisqu'il défend mordicus qu'on y dise de
lui quoi que ce soit et surtout tout le bien qu'il mérite. Tant
pis! je me risque; je le sais absent; mon franc-parler avant

1. Pour la peinture, voir l'Art, 4e année, tome II, page»' 201 et 341, et tome III, pages 3, 49, 73, 99> I29> 161, 200, 23Ç, 257, 285, 286 et 287. Pour la
sculpture, tome III, pages 249 et 273. Pour les aquarelles ec dessins, voir page 45.

2. Nous avons reproduit ces deux compositions, pages ;o et fi, en publiant le travail de M. Adiien Dubouché sur la Céramique contemporaine <i
l'Exposition universelle de rSyS.

3. Il va sans dire que je n'entends nullement contester les progrès accomplis depuis quelques années au point de vue des pâtes et spécialement des blancs
progrès qu'a si bien mis en lumière notre éminent collaborateur .M. Adrien Dubouché. (Voir page 8S.) P. L.
 
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