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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Carr, J. Comyns: La saison d'art à Londres, [2]: La Grosvenor Gallery
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0176

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if2 L'ART.

Les tableaux de M. Herkomer, placés à côté de celui de M. Macbeth, ne sauraient être'
accusés d'aucune infraction à la réalité littérale. M. Herkomer a eu à se reprocher quelques
peccadilles en ce genre, mais c'était au début de] sa carrière, alors qu'il travaillait sous l'influence
de Frederik Walker et que sa propre individualité ne s'était pas encore complètement affirmée.
Sous ce titre : Who cornes here ? « Qui vient là ? » (n° 3), il a groupé sur le pas d'une porte
quelques paysans, dont les figures sont pleines de caractère, les attitudes admirablement
expressives et significatives. Le sujet bien conçu s'énonce clairement. Mais un peu plus de style
ne serait pas de trop dans le dessin, qui serait plus satisfaisant s'il était plus sévère et plus choisi.

Qu'on nous comprenne bien. Quand nous demandons un peu plus de style dans le dessin,
ce n'est pas que nous plaidions pour le credo pédant de l'Académie, dont tout le style se
borne à traduire dans la langue morte de la médiocrité les principes vivants des grands maîtres.
Le style à nos yeux consiste bien plutôt à faire de chaque touche un moyen d'expression de
l'idée, et à modifier les procédés d'imitation en y imprimant le cachet du sentiment personnel.
Le style en ce sens est simplement la faculté qui subordonne les phénomènes physiques de la
nature à l'impression intellectuelle de l'artiste, et les harmonise avec elle, car, parmi les matériaux
que la nature fournit en abondance au peintre, il y a, pour celui-ci, à prendre et à laisser, mieux
que cela, il y a autant à ajouter qu'à retrancher. C'est là précisément le rôle de l'invention, de
l'imagination, de la personnalité artistique, et quand ce rôle est rempli, le style existe. Voilà
justement ce qui explique que si souvent la première esquisse soit supérieure dans son débraillé
au tableau le plus achevé. Dans la fraîcheur du premier contact avec la nature l'esprit trouve
aisément un langage qui lui soit propre, mais quand l'émotion de cette rencontre s'est un peu
calmée, quand il s'agit d'interroger la nature à loisir afin que'les révélations qu'on prétend lui
arracher soient aussi exactes que sincères, c'est à des qualités plus sérieuses et plus rares qu'il
faut faire appel pour choisir l'essentiel et reléguer dans l'ombre ou écarter l'insignifiant tout en
gardant intacte l'impulsion originelle et créatrice.

M. Herkomer lui-même possède ce talent, et il le prouve dans le portrait du célèbre musicien
Richard Wagner (n° 2), physionomie remarquable, magistralement rendue par un peintre qui,
évidemment, a saisi aVec vigueur, mais sans exagération, les traits dominants de son modèle : la
décision, la volonté, la conscience de sa valeur, et la fierté que trahissent le regard et le port de
la tête.

Plus intéressante encore peut-être, au point de vue de certains mérites techniques dans le
rendu des lumières et des ombres, est la tête de vieille femme intitulée : Souvenir de Rembrandt
(n° 4). Le peintre en a gravé lui-même une eau-forte, dont nous avons la bonne fortune d'offrir
à nos lecteurs une reproduction en fac-similé. (Voir page 149.)

Un dernier point à noter dans les envois de M. Herkomer : toutes les peintures que nous
venons de signaler sont de grandeur naturelle et exécutées purement et simplement à l'aquarelle.
On sait combien il est difficile d'assurer à ce procédé la force et la solidité. M. Herkomer paraît
avoir triomphé de cette difficulté, sans solliciter le périlleux secours de couleurs étrangères. Grâce
à une recette de son invention, il produit l'illusion de la pâte, et, à part l'intensité du ton, nous
ne savons vraiment comment distinguer entre ces aquarelles et les peintures à l'huile.

Le portrait est représenté à cette exposition d'une manière très-distinguée. Le groupe de deux
sœurs fn° 22), exposé par M. Millais se fait remarquer par une sobriété de couleur qui ne
s'associe pas toujours dans l'œuvre de l'éminent artiste à son indéniable talent de rendre les
caractères. En revanche, le Portrait de W. T. Eley, Esq. (n° 20), par M. E. J. Gregory, inspire-
rait presque des doutes sur l'avenir de ce jeune artiste, qui est appelé à prendre une place brillante
dans notre école, quand il sera décidément sorti de la période des tâtonnements. M. Gregory n'a
pas encore vaincu les difficultés techniques de la peinture à l'huile. Il lui reste à acquérir plus de
souplesse et de décision; sa palette n'a pas toute la docilité qu'il lui demande, son pinceau est

1. Twins (Jumelles), par J. E. Millais, R. A. Portraits des filles de T. R. Hoare, Esq; grandeur nature, robes vert foncé, chapeaux gris,
chien gris. Peint il y a deux ans. Nous empruntons ces détails aux Grosvenor Notes de M. Henry Blackburn, catalogue illustré de l'exposition
d'été de la Grosvenor Gallery en 1878, publié à Londres par Chatto et Windus, Piccadilly.
 
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