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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Burty, Philippe: Exposition universelle de 1878: Le Japon ancien et le Japon moderne
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0276

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242 L'ART.

apporter à ces hideux radicaux qui prêchent le radicalisme dans le naturalisme ! C'était la déso-
lation des désolations.

Aujourd'hui, si la svelte Renommée qui pose la pointe de son orteil sur le couvercle central
du Trocadéro tournait au vent comme la Dogana, nous la verrions soufflant à pleines joues dans
la direction de l'Extrême-Orient.

En réalité, le Japon mérite ce retour d'opinion. Nous sommes heureux que cela ait été dit et
confirmé par d'autres que par nous. Il a tout pour se faire admettre parmi les grands peuples
et y garder sa place. On sent qu'il est aux mains d'un gouvernement jeune, zélé, convaincu de la
grandeur de sa tâche, décidé à tous les sacrifices pour la mener à bien. Les hommes qu'il envoie
en France et qu'il choisit toujours parmi des jeunes gens intelligents, studieux, hardis de pensée,
passionnément attachés au nouvel ordre de choses, ont été accueillis avec autant d'intérêt que
de cordialité par nos politiques les plus éminents. La section japonaise, au Champ-de-Mars,
avait pour président un homme d'une énergie singulière, M. Masayoshi Matsugata, vice-
ministre des finances. Lors de la révolution, en 1867, à peine âgé de vingt et un ans, il s'inter-
posait, à Nagasaki, entre les troupes demeurées fidèles au Shogoun et les troupes du Mikado,
et évitait une collision qui n'eût pas manqué d'être fatale aux résidents étrangers. Il est instruit,
et, s'occupant particulièrement de finances, il a noué en Europe d'utiles relations avec des savants
et des banquiers. La section japonaise avait pour commissaire général M. Masana Maeda. C'est à
ce jeune homme fin., discret, actif, patient, tenace, qu'incombait la tâche, toujours pénible, parfois
écœurante, d'organiser tout, de tout conduire, de réserver les droits de tous, de se multiplier et

de ne point s'émietter. M. Maeda a suffi à cette tâche. Il était un
des promoteurs de cette exposition. Lorsque la nouvelle en arriva au
mf^ÊÊi^^^Êi Japon, le nouveau gouvernement avait à combattre, dans la province
f_l ^^ÊÊm^WW^mn de Satsuma, un soulèvement dont l'issue pouvait lui être fatale ;
N (MMW^J(toÉ=r3Jra il avait besoin de toutes ses ressources financières; il hésitait à

promettre à la France une adhésion formelle. M. Maeda prit tout
sur lui. Il avait habité la France; il était dans Paris pendant
l'Année terrible; il avait conscience de la puissance d'expansion du
génie français; il savait que nul artiste n'a jamais reçu la consécration
le masque de han-nia. définitive que du jugement parisien, si subtil et si difficile. Il démontra

Netzké en bois, signé Dcmé-Sho Man.

Dessin de h. Somm. à ses supérieurs, qu'après les succès obtenus à Vienne et à Philadelphie,

il fallait, pour assurer une valeur durable aux produits de son pays,
qu'ils eussent subi l'épreuve définitive du grand concours international qui allait s'ouvrir sur les
bords de la Seine. Il s'aboucha avec une famille de banquiers et d'armateurs qui sont depuis
des siècles les Rothschild du Japon, les Mitsui. Il eut là crédit ouvert et put tout préparer
largement, fournir des programmes à tous les ministères, recruter les ouvriers les plus habiles
que la révolution nouvelle avait arrachés à la tutelle antique des princes feudataires, faire
comprendre aux fabricants, aux marchands, qu'il y allait de leurs intérêts propres, autant que
des intérêts généraux du nouveau Japon, de faire un grand effort. C'est à M. Masana Maeda,
c'est à la riche et patriote maison Mitsui que fut due, avec la haute et intelligente protection
du gouvernement et des ministères, la préparation et la mise en œuvre de ces envois qui ont
produit un si grand effet.

On se rappelle ce qu'était la section japonaise en 1867. La diplomatie impériale, ■— toujours
si bien informée ! — n'était pas parvenue à obtenir connaissance de la constitution politique qui
régissait le Japon. Elle en était encore à la vieille fable d'un Shogoun, « souverain temporel », et
d'un Mikado « souverain spirituel ». Elle ignorait qu'elle était en face d'un pays féodal et qu'elle
traitait avec un prince dont les ancêtres, au xvif siècle, avaient mis le Mikado au second rang,
mais sans le déposséder de ses droits traditionnels, et que ce prince ne jouissait plus que de
privilèges vermoulus. Elle prétendit n'avoir à traiter qu'avec le Taïkoun, et le prince de Satsuma
ne put faire figurer que comme provenant des îles Liou-Kiou ses envois si intéressants mais
dont une forte partie resta en caisse. Le prince de Hizen, sur les domaines duquel tant de
 
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