L' art: revue hebdomadaire illustrée (11.1885 (Teil 2))

SAINT-MARC DE VENISE

Saint-Marc est un édifice d'une originalité si
étrange, que, pour voir cette basilique, il doit sembler
naturel de prendre des précautions auxquelles on ne
songerait pas en tout autre cas. A quelle heure de la
journée convient-il mieux, par exemple, de s'arrêter
sur la Piazza, et, tout en avançant lentement, d'em-
brasser d'un coup d'œil cet ensemble de dômes, de
clochetons, de mosaïques, de colonnes? Est-il un
moment plus favorable? Un certain reflet du ciel
prête-t-il à cette masse étincelante une couleur plus
propice, soit plus douce, soit plus éclatante ? La ques-
tion n'a rien de paradoxal. Faut-il voir Saint-Marc
par le clair et ardent soleil du matin? Vaut-il mieux
attendre le soleil couchant, alors que la buée de
chaleur d'une belle journée d'été ou d'automne monte
dans l'atmosphère et atténue l'éclat d'une lumière qui,
sans avoir perdu de sa vigueur, n'a plus sa brutalité
première ? Je dirai sans plus tarder ma préférence.
Mon plaisir a toujours été plus vif le soir que le
matin. Le matin, la lumière est trop dure, elle fait
trop vibrer les couleurs, elle enlève aux tons si variés,
parfois si heurtés, des marbres cette harmonie admi-
rable que le temps leur a donnée. L'œil, ébloui par
le blanc cru de la place qui forme le premier plan,

Encadrement de F. Magnini, tiré de l'ouvrage intitulé : « l'Augusta ducale Basilica dcll' Evangelista San Marco.

in Venezia, MDCCLXI. Presso Antonio Zatta. »

Tome XXXIX.

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