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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 2)

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Charcot, Jean Martin; Richer, Paul: Les démoniaques dans l'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.19704#0262

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La Danse de Saint-Guy.
Groupes tires d'une gravure de Hondius d'après Pierre Brueghel.

LES DÉMONIAQUES DANS L'ART'

Nous avertirons le lecteur, dès la première ligne de ce travail, qu'il n'a
point à s'étonner d'un mot qui reviendra souvent sous ses yeux, mais avec une
signification bien différente de celle qui a prévalu clans le monde alors que
la science n'avait point déterminé la série des accidents qu'il caractérise. Ce
mot peut entrer désormais dans le langage courant sans exciter les mêmes
susceptibilités qu'au temps où il ne s'appliquait qu'à des phénomènes qui

Scène d'exorcisme.

(xi« siècle.) paraissaient impliquer une excitation morbide des sens, bien qu'ils soient pure-

D'après un des bas-reliefs ment inconscients et que leur puissance cesse de s'exercer, sur l'esprit des

en bronze de la porte

de San zeno, à Vérone. malades, dès que cesse la crise. Nous ne nous proposons d'ailleurs que de
montrer la place que les accidents extérieurs de la grande névrose hystérique
ont prise clans l'art, alors qu'ils étaient considérés non point comme une maladie, mais comme
une perversion de l'âme due à la présence du démon et à ses agissements.

La « Grande névrose hystérique », dont l'étude raisonnée est de date récente, n'en est pas
moins une affection fort ancienne. Elle ne saurait être considérée, ainsi qu'on s'est plu si souvent
à le répéter, clans ces derniers temps, sous toutes les formes, comme la maladie spéciale à
notre siècle.

Dans l'esprit du plus grand nombre, cette dénomination, « l'hystérie », emporte avec elle l'idée
d'une affection spéciale au sexe féminin. Il est démontré aujourd'hui qu'elle se rencontre égale-
ment chez les hommes. C'est une affection n'ayant rien de commun avec d'autres déviations
pathologiques des sens. 11 faut délivrer ces malades de la réputation mal fondée qu'on leur a
imposée si longtemps.

D'ailleurs, ce n'est qu'à regret et contrainte par l'usage que la science emploie encore
aujourd'hui une dénomination dont le sens exact n'a plus aucune relation avec l'étymologie.

Ces précautions prises contre des apparences plutôt que des réalités, nous résumons l'esprit
général de nos recherches à travers les monuments du passé qui représentent « des démoniaques ».

Ce n'est point à une époque très reculée que se rapportent les documents figurés que nous
avons observés. L'Antiquité, ainsi que nous le dirons tout à l'heure, ne s'est point plu à retracer
les spectacles effrayants et tristes qu'offrent les patients pendant les crises. Mais il n'est pas
difficile de retrouver les traces de l'affection que nous étudions clans l'histoire des possessions
démoniaques qui ont désolé le Moyen-Age. Les récits que les témoins oculaires et certainement
véridiques ont laissé des faits et gestes des possédés ne laissent aucun doute à cet égard.

i. Les lignes qui suivent servent de Préface à un ouvrage qui aura pour titre : l'Hystérie dans l'art, par MM. J. M. Charcot (de l'Institut)
et Paul Richcr, et qui paraîtra prochainement chez Delahaye et Lecrosnicr.
 
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