L' art: revue hebdomadaire illustrée (11.1885 (Teil 2))

A PROPOS DE QUELQUES DESSINS DE PRUD'HON

A son retour de Rome, Prud'hon s'était établi à Paris, rue Cadet, n° 18;- éloigné de toute
école, par suite, privé de commandes, il gagnait son pain en faisant des miniatures et des dessins.

Préparés peut-être à Rome, ces dessins montrent que Prud'hon trouve et suit d'abord sa
voie définitive. Païen dans son dessin si pur, dans sa parfaite intelligence des formes sveltes et

Zéphyrs. — Tableau de Prud'hon.

charmantes, il fait revivre cette ce fleur du corps » que les Grecs donnaient pour nom à l'ado-
lescence. L'adolescence, le passage indécis de l'enfant à l'homme, l'union des chairs souples et
des lignes harmonieuses, c'est le caractère de ses figures. Les gravures, les tableaux diront cet
attrait idéal, que la critique ferait fuir en essayant de le dépeindre en un ramas de phrases
vagues; à toutes les dissertations, il faut préférer les images mêmes de l'œuvre; les plus longues
pages ne valent pas ces aveux du maître, recueillis de sa bouche par son ami et biographe :

« Le temps dévore les fraîcheurs du coloris, tandis que les teintes vigoureuses, parce qu'elles
sont par dessous, résistent plus longtemps à ses attaques. Aussi voit-on les anciens tableaux
dépouillés de leurs tons les plus frais, quand leurs vigueurs et leur effet subsistent encore.

« En général, les tons jaunes sont plus durables ; mais ils sont rares dans la nature de nos