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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 2)

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Michel, Émile: Hendrickie Stoffels et les dernières années de Rembrandt
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https://doi.org/10.11588/diglit.19704#0236

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HENDRICKIE STOFFELS

ET

LES DERNIÈRES ANNÉES DE REMBRANDT

Des documents récemment découverts par deux érudits
hollandais, M. Ab. Bredius, le savant directeur du Musée
Néerlandais, et M. N. de Roever, réminent archiviste
d'Amsterdam, nous apportent des informations nouvelles et
très curieuses sur les dernières années de Rembrandt et
permettent de reconstituer l'histoire de cette période de sa
vie qui, jusqu'ici, était restée assez obscure1.

Affectueux et sauvage comme il l'était, Rembrandt avait
dû doublement souffrir du vide que la mort de Saskia
laissait à son foyer. Les soins réclamés par le seul survivant
des quatre enfants que celle-ci lui avait donnés nécessitaient
auprès de lui la présence d'une femme. Au début, la nour-

k mère de Rembrandt (.628). rice de Titus' une veuve nommée Geertghe Dircx, avait,
Fac-similé de l'cau-forte du maître, il est vrai, manifesté un vif attachement pour cet enfant en

faveur duquel elle avait même pris des dispositions testa-
mentaires. Mais bientôt son humeur difficile et ses exigences étaient devenues à charge à son
maître. 11 avait fallu recourir à la justice pour se séparer. A la requête de Rembrandt, une
jeune fille, attachée aussi à son service, était appelée, à la date du Ier octobre 1649, à déposer
devant les magistrats au sujet de ces démêlés qui, moyennant une indemnité pécuniaire, avaient
abouti à une transaction. Hendrickie Stoffels, cette jeune fille, était alors âgée de vingt-trois ans,
et désormais elle allait tenir une grande place dans l'existence de Rembrandt, qu'elle ne devait
plus quitter jusqu'à sa mort. D'après les habitudes connues de l'artiste qui, sans parler de sa
propre image, a souvent reproduit les traits des personnes de son entourage immédiat — sa
mère, sa sœur et Saskia — on pouvait prévoir qu'il en avait agi de même à l'égard d'Hen-
drickie. Dans plusieurs des œuvres de cette époque on retrouve, en effet, un type féminin
toujours pareil et dont l'âge apparent se rapporte à celui de cette jeune femme. Le beau portrait
du salon carré, au Louvre — et sa date probable, estimée d'après l'exécution, confirme également
cette' hypothèse — nous en offre le meilleur spécimen. On connaît cet admirable ouvrage, auquel
la désignation du modèle ajoute maintenant pour nous un nouvel intérêt. Il serait, nous l'avouons,
difficile de vanter la beauté de ce visage au nez un peu gros, aux traits sans distinction ; mais
l'éclat du teint, la fraîcheur de cette bouche vermeille, ce regard profond, d'une expression à
la fois si vive et si douce, et ce beau front autour duquel des cheveux d'un blond ardent
s'échappent en mèches capricieuses, ont un charme de vie et de poésie que font encore valoir le
naturel de la pose et le goût de l'ajustement. Quant à la peinture, à sa puissante harmonie, à
cette exécution à la fois mystérieuse et précise, si originale et si vivante, quant à la pénombre
tiède et transparente dans laquelle sont noyés le cou et le bas du visage, quant à la façon dont
les tons fauves des fourrures et du costume rehaussent les carnations de cette aimable personne,
ce sont là des prodiges auxquels Rembrandt seul, en ses jours d'inspiration, pouvait atteindre
et qu'il n'a jamais dépassés.

1. C'est à la gracieuse obligeance de M. D. Francken — bien connu par ses intéressantes monographies d'Adrian van de Venne et de
Jan van de Velde — que nous devons la traduction de ces documents, qu'avait bien voulu nous communiquer M. Bredius, et qui ont été
publiés par lui dans plusieurs livraisons d'un recueil hollandais fort estimé : Oud-Holland (Fr. Binger, Amsterdam, 1885).

Tome XXXIX. 32
 
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