L' art: revue hebdomadaire illustrée (11.1885 (Teil 2))

M. THE0PH1LUS P. C H AND LE R. 97

mémoire du passage à Venise de Henri III par une inscription commémorative d'un caractère
monumental placée au Palais Ducal, en face de l'escalier des Géants. Il chargea Alessandro
Vittoria d'en sculpter le cadre. L'artiste, décorateur par excellence, a mis, dans rornementation
de cet entourage, toute la noblesse qui le caractérise. Les deux figures qui forment cariatides de
chaque côté sont admirables d'élégance et de fierté et nous rappellent celles du monument
funèbre qu'il s'est élevé à lui-même dans l'église de San Zaccaria — et les sveltes figures de
Jean Goujon. — Ce travail fut exécuté aux mois de juillet et août i5j5, car nous voyons par
ses notes autographes qu'il paya 51 lires (à peu près 76 francs) pour trente-quatre journées de
travail à Marc-Antonio Palladio. « per aver lavorato sulle figure del ornamenio di Fran\a ».

Victor C e r e s o l e,

Consul suisse à Venise.

(La suite prochainement.)

Nous avons eu maintes occasions de signaler les constants progrès de l'école américaine de
peinture, progrès souvent menaçants ; tous les visiteurs du Salon de Paris les ont constatés.

Nous manquons des éléments nécessaires pour formuler un jugement aussi positif au sujet
des sculpteurs américains ; nous n'en connaissons bien qu'un seul, M. Augustus Saint-Gaudens,
d'origine française, mais né à New-York. Il a résidé quelque temps à Paris, où son apparition au
Salon de 1880 n'a pas été oubliée; sa statue de l'Amiral Farragut, destinée au monument élevé
par la ville de New-York, fut très remarquée ; comme attitude, comme mouvement, c'était l'incar-
nation même du marin. On ne fit pas moins brillant accueil à cinq médaillons en bronze, tous
excellents, et l'un d'eux di primo cartello, celui du pauvre Bastien-Lepage.

Tout ce que nous pouvons dire de la sculpture américaine, c'est que, si elle compte
beaucoup d'artistes de la valeur de M. Saint-Gaudens, elle se créera une noble place au soleil
de l'art.

Quant à l'architecture, a-t-elle fondé une école artistique aux États-Unis ? Impossible d'en
décider par nous-même, mais, à en juger par ce que nous en avons entendu, elle compterait
quelques maîtres suivis de nombreux disciples dont plusieurs auraient le rare mérite de faire
preuve d'originalité tout en respectant les lois sévères de leur art.

Au nombre de ces derniers, on nous signale tout particulièrement M. Theophilus P. Chandler,
de Philadelphie. Le dessin d'une maison de campagne qu'il a construite dans les environs, à
Chesnut Hill, au milieu d'un site admirable, témoigne en effet de grandes aptitudes pittoresques
et d'une entente remarquable des conditions spécialement requises pour une importante maison
des champs aux États-Unis.

Adolphe Piat.

detta ». Le dessin de cet encadrement se trouve dans Zanotto, il Pala^o Ducale, tome I"', table XXXIV, et une gravure plus ancienne à la
Bibliothèque Saint-Marc miscellanea n« 261g, portant l'inscription : REGII ADVENTUS MONUMENTUM. Venetiis, in Palatio, ad scalas
Martis et Neptuni. Voyez aussi Yriarte, la Vie d'un patricien de Venise au XVI' siècle, édition illustrée.

Tome XXXIX. i5