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Michel, Émile: Rembrandt: L'homme et son oeuvre
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19704#0218
REMBRANDT. — L'HOMME ET SON ŒUVRE. i93
premiers enseignements. Son amour de la nature et sa constante sincérité à l'étudier l'avaient
insensiblement détaché de ce prétendu pittoresque, de ce style convenu, de tout ce faux goût
des italianisants qui, au moment de ses débuts, tenaient encore une si grande place dans l'école
hollandaise. Ces occasions de s'instruire que d'autres allaient chercher au loin, il les avait sous sa
main. Les sentiments les plus intimes, il en trouvait auprès de lui et surtout en lui-même la
révélation. Avait-il besoin de sujets d'étude, comme il ne pouvait imaginer modèle plus commode
à consulter que sa propre personne et son propre visage, il ne se lassait pas de les reproduire
et de renouveler sur lui-même ses expériences multipliées. A côté de lui, ses proches fournissaient
aussi ample matière à ses observations. Peu à peu d'ailleurs sa réputation avait attiré dans son
La Mort de la Vierge. — Fac-similé de la gravure de Rembrandt.
atelier des clients appartenant à toutes les classes de la société et, parmi eux, ses qualités affec-
tueuses autant que son talent lui avaient valu quelques amitiés sures. Membres des familles
patriciennes, personnages appartenant à l'élite de la cité, magistrats, médecins, poètes, commer-
çants, ministres ou rabbins, tous étaient venus successivement poser devant lui et, de chacun
d'eux, il avait appris quelque chose de la vie, de la diversité qu'elle offre dans l'inépuisable
richesse de ses types et de ses caractères. A côté de ces relations plus choisies qui, nous le
savons, ne lui avaient jamais fait défaut, il ne dédaignait pas les gens de condition inférieure.
Pour le disculper de les avoir fréquentés, quelques-uns de ses panégyristes ont essayé, — bien à
tort, suivant nous, — par une interprétation subtile et un peu forcée de textes très formels,
d'atténuer les témoignages que les contemporains nous ont laissés à cet égard. C'est parmi ces
petits, ces artisans, ces matelots, ces paysans, qu'il avait le plus de chance d'observer et de
premiers enseignements. Son amour de la nature et sa constante sincérité à l'étudier l'avaient
insensiblement détaché de ce prétendu pittoresque, de ce style convenu, de tout ce faux goût
des italianisants qui, au moment de ses débuts, tenaient encore une si grande place dans l'école
hollandaise. Ces occasions de s'instruire que d'autres allaient chercher au loin, il les avait sous sa
main. Les sentiments les plus intimes, il en trouvait auprès de lui et surtout en lui-même la
révélation. Avait-il besoin de sujets d'étude, comme il ne pouvait imaginer modèle plus commode
à consulter que sa propre personne et son propre visage, il ne se lassait pas de les reproduire
et de renouveler sur lui-même ses expériences multipliées. A côté de lui, ses proches fournissaient
aussi ample matière à ses observations. Peu à peu d'ailleurs sa réputation avait attiré dans son
La Mort de la Vierge. — Fac-similé de la gravure de Rembrandt.
atelier des clients appartenant à toutes les classes de la société et, parmi eux, ses qualités affec-
tueuses autant que son talent lui avaient valu quelques amitiés sures. Membres des familles
patriciennes, personnages appartenant à l'élite de la cité, magistrats, médecins, poètes, commer-
çants, ministres ou rabbins, tous étaient venus successivement poser devant lui et, de chacun
d'eux, il avait appris quelque chose de la vie, de la diversité qu'elle offre dans l'inépuisable
richesse de ses types et de ses caractères. A côté de ces relations plus choisies qui, nous le
savons, ne lui avaient jamais fait défaut, il ne dédaignait pas les gens de condition inférieure.
Pour le disculper de les avoir fréquentés, quelques-uns de ses panégyristes ont essayé, — bien à
tort, suivant nous, — par une interprétation subtile et un peu forcée de textes très formels,
d'atténuer les témoignages que les contemporains nous ont laissés à cet égard. C'est parmi ces
petits, ces artisans, ces matelots, ces paysans, qu'il avait le plus de chance d'observer et de