Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 2)

DOI Artikel:
Michel, Émile: Portraits de Jean Gallus & de sa femme par Antonio Moro
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19704#0226

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Mander, M. H. Hymans a fait ressortir la sûreté et l'intérêt des informations que nous a laissées
le biographe sur un maître qu'il a connu et qui tient une si grande place dans l'histoire de l'art
à cette époque. Moro, à vrai dire, est un cosmopolite. Né à Utrecht en i5i2, il fut élève de
Sçhoreel, son compatriote. Il s'appelait de son vrai nom Antoine Mor et la vie qu'il mena fut
assez errante. Inscrit à la gilde d'Anvers en 1547, il voyage en Italie d'avril i55o à novembre
1551 ; il est en 1552 à la cour de Philippe II, près duquel il a été introduit par son premier
protecteur, le cardinal Granvelle. Fort en vogue à cette cour, nous le voyons admis dans
l'intimité du roi, à ce point qu'un jour il va jusqu'à riposter par un coup de son appui-main
à une familiarité de ce terrible monarque, oubliant, suivant la remarque de Van Mander, « qu'on
ne joue pas avec les lions ». Obligé de fuir, il rentre bientôt en grâce et travaille pour le duc
d'Albe. En 1552, nous le retrouvons à Madrid, puis en Portugal; de là, en 1553, il se rend en
Angleterre où il est fait chevalier et devient, sous le nom de Sir Anthony, le peintre à la mode
de l'aristocratie britannique. De 1 555 à 155g, il demeure le plus souvent dans les Pays-Bas; puis
il va de nouveau en Espagne et finit, en 1568, par se fixer à Anvers où il meurt vers 1578.

Moro, qui avait aussi peint quelques compositions, — probablement assez médiocres
puisqu'elles ont aujourd'hui disparu, — est un portraitiste de premier ordre. Son talent toutefois
n'est pas purement flamand et il s'est ressenti de son existence nomade. Ainsi qu'on peut le voir
dans les deux portraits de Cassel, œuvres de sa pleine maturité, il unit au style des grands
Italiens quelque chose du consciencieux naturalisme des peintres des Pays-Bas. Ainsi que le fait
observer Bùrger, ses portraits ne sont pas sans analogie avec ceux de Sébastien del Piombo ou
de Jean de Calcar. On sent qu'il a étudié les productions des Vénitiens, celles de Titien et du
Tintoret, son contemporain. L'aspect de sa peinture est grave, austère, de grande tenue. En
admirant la correction de son dessin, la puissance de ses intonations, l'irréprochable sûreté de sa
facture, il faut bien reconnaître qu'il a plus de force que de grâce. Sans atteindre à la minutieuse
finesse d'Holbein, ni à cette opiniâtreté de génie qui chez celui-ci fait concourir les moindres
détails à l'expression intime de la vie, Moro sait démêler et mettre en relief les traits essen-
tiels de la physionomie de ses modèles. Avec son style sévère, sobre, plein de savoir et d'énergie,
il a nettement caractérisé les hommes de cette rude époque et nous - en a laissé des images
inoubliables.

Emile Michel.

Cul-de-lampe
composé et dessiné pour l'Art par J. Habert-Dys.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
Annotationen