Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 2)

DOI Artikel:
Collignon, Maxime: La frise du Parthénon
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19704#0229

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
202

L'ART.

Polias, le péplos vieux de quatre ans, dont les couleurs étaient fanées et ternies. Pendant les
journées qui précédaient celle que Ton fêtait comme le jour de naissance de la déesse, des
concours musicaux, hippiques et gymniques étaient ouverts, et Ton se préparait ainsi à l'acte
religieux qui terminait la fête, à la procession du péplos. Après la veillée de nuit, passée à la
clarté des torches, au milieu des chants et des danses, le cortège se formait dès le matin au
Céramique extérieur. Le péplos jaune et violet, richement brodé par les arrhéphores, était
attaché, en guise de voile, au màt d'une embarcation qu'on portait à bras d'hommes ; derrière
suivait le cortège, dans l'ordre fixé par la loi : les prêtres, les magistrats de la cité, les jeunes
filles des plus nobles familles d'Athènes, les théores envoyés par les colonies, conduisant les
victimes destinées au sacrifice, les éphèbes en manteau sombre, les chars de guerre, les cavaliers
en tenue de parade, toute la population d'Athènes en habits de fête. La procession traversait le
Dipylon, la rue principale du Céramique intérieur, l'Agora, et, après avoir contourné l'Acropole,
arrivait à l'entrée de l'enceinte sacrée, où l'on détachait le péplos, pour le porter dans le temple
d'Athéna Polias. On imagine aisément, sans qu'il y ait lieu d'insister, quelle admirable ordon-
nance devait présenter ce défilé solennel, dont les sculptures de la frise nous offrent une image
nécessairement fort réduite.

La disposition de la frise dénote une conception aussi hardie qu'originale ; Phidias s'était
tout à fait écarté des conventions de l'art archaïque. Un sculpteur de l'ancienne école aurait fait
tourner la procession autour du temple, sans commencement ni fin, comme les zones de person-
nages figurées par les peintres céramistes sur les vases grecs d'ancien style. Phidias, au contraire,
a donné au cortège un point de départ et un point d'arrivée, et tous les personnages sont entraînés
par un même mouvement. Le point de départ est exactement l'angle sud-ouest du temple. C'est
là que la procession se divise en deux files parallèles qui suivent chacune un des longs côtés du
temple, pour aboutir au groupe central de la façade orientale : la tète du cortège débouche en
même temps à chaque angle de cette façade, et il semble, dit justement M. Murray1, qu'on
puisse supprimer par l'imagination toute la largeur du Parthénon, qui sépare les deux rangs
dédoublés de la procession. C'est au point d'arrivée que nous nous placerons pour décrire
sommairement les groupes de la frise2.

L'attention du spectateur qui considérait la partie orientale de la frise se portait tout d'abord
sur le groupe du milieu, situé juste au-dessus de la porte du pronaos. A droite, un personnage
barbu, vêtu seulement d'une longue tunique, remet à un jeune garçon une pièce d'étoffe
soigneusement pliée, et, à gauche, deux jeunes filles, portant chacune sur la tête un siège carré
recouvert d'un cousin, s'apprêtent à déposer leur fardeau devant une femme. Quel est le sens de
cette scène? Où se passe cette double action, et quel lien rattache ce groupe central au reste de
la frise? On a proposé les explications les plus diverses. M. Petersen y reconnaît, d'une part, un
prêtre recevant le péplos des mains du jeune garçon qui l'a porté pendant le trajet des Propylées
au Parthénon; de l'autre, la prêtresse d'Athéna Polias accueillant les deux nouvelles arrhéphores
qui vont, pendant quatre ans, broder sous sa surveillance le péplos destiné à figurer aux Pana-
thénées suivantes3. Les interprétations les plus simples sont souvent les meilleures, aussi acceptons-
nous sans hésiter celle qu'a suggérée M. Brunn, et que développe M. A. Flasch 4.

La scène centrale fait allusion au grand sacrifice qui se prépare et qui s'accomplira quand le
cortège sera parvenu au point d'arrivée. Les, jeunes filles portant les tabourets sont les diphro-
phores, qui vont déposer à terre les sièges sacrés destinés à la prêtresse d'Athéna Polias et au
prêtre qui procédera au sacrifice. Ce dernier a dépouillé son himation et le remet au jeune
garçon qui l'assiste dans l'accomplissement de ses fonctions sacerdotales. Il est prêt à égorger
les victimes. Cette explication pourra sembler bien terre à terre ; on jugera peut-être que ces
apprêts prosaïques sont un bien mince sujet pour figurer au point central de la frise. Mais, à
Athènes, rien de ce qui était sacré ne pouvait paraître trivial ; l'importance extraordinaire attachée

1. Greek sculpture, tome II, pages 24-23.

2. Pour la description détaillée des groupes, voir Michaelis, Der Parthénon, pages 2o3-265.

3. Kunst der Plieidias, page 3oi et suivantes.

4. A. Flasch, Zlim Parthenonfries, Wûrzbourg, 1877.
 
Annotationen