L’EXPOSITION RETROSPECTIVE D’OBJETS D’ART FRANÇAIS AU TROCADERO. 123
matière de sculpture, en bronze comme en terre cuite ou
en marbre.
A part deux figures exceptionnelles de bronze noir, à
M. Ch. Mannheim, l’une de Cérès à la recherche de Proser-
pine, par Francheville, élève de Jean de Bologne (1553
-\- 16.) ; l’autre, de Flore, sur socles à draperie retom-
bante en cuivre et écaille, du genre Boulle, nous n’avons
rien à signaler.
Toujours comme échantillon de bronze, mais du
xvme siècle, un Hercule enfant étouffant le serpent, à
M. Spitzer ; l’Hercule Farnèse, au comte de Greffulhe ; un
Enfant et une Andromède, à Mme la comtesse d’Yvon;
deux petits groupes de Bacchants, à M. Spitzer; enfin,
une garniture, à M. Spitzer aussi, de deux aiguières et
d’un vase en céladon à monture rocaille en bronze doré.
Une statue équestre, à M. Doistau, en fer damasquiné
d’or, de Louis XIV, nous force à retourner sur nos pas
un moment; c’est une œuvre de Girardon (1628-1715)
ayant appartenu à Maximi-
lien Titon, directeur de l’Ar-
senal, et trop peu commune,
surtout comme emploi du
fer, pour que nous la pas-
sions sous silence.
Revenons au bronze. Le
règne de Louis XVI était re-
présenté, entre autres, par un
petit buste doré de Marie-
Antoinette, signé Glachand
irj"4i à M. Picard; puis par
une importante pièce de mi-
lieu rappelant ces morceaux
d’admission à l’Académie
qu’on exécutait en marbre, et
où se voient Minerve, l’His-
toire et une femme couchée
paraissant pleurer; ensuite,
par deux vases en marbre
portor, à monture d’amours,
par quatre autres en porphyre
rouge dont le pourtour est
orné de gracieux feuillages
de bronze, ces divers objets
à M. Spitzer; enfin, par deux
urnes en spath fluor, au prince
d’Arenberg, à têtes de béliers
et mascarons à têtes humaines
en bronze doré.
Sauf la pendule de Fal-
conet, dont nous avons parlé plus haut, nous n’apercevons
guère, en fait de sculpture en marbre, qu’un enfant tenant
une grappe de raisin, à la baronne Nathaniel de Roths-
child, et potelé comme les personnages des vidrecomes
d’ivoire de Van Opstal, et deux autres enfants à la com-
tesse d’Yvon, un garçon et une fillette, l’un ayant un
oiseau dans la main, l’autre un nid, sans oublier deux
groupes, femmes et amours, à M. Ch. Mannheim, très
élégants, mais auxquels le voisinage de la pendule de
Falconet enlève beaucoup de leur charme.
S’il y avait pénurie dans le domaine du marbre, la terre
cuite compensait largement cette infériorité; d’abord, deux
monstres surveillant l’accès de toutes ces merveilles, à
M. Séligmann, monstres quant aux corps, car les têtes de
ces sphinx sont celles de deux fort jolies femmes du temps
de Louis XV ; en second lieu, trois chefs-d’œuvre de l’ar-
tiste, qui incarne la sculpture de la fin du siècle dernier,
Clodion (1738 -j- 1814) : un groupe de satyres, homme et
femme, dansant, à M. Beurdeley, et deux médaillons à
têtes de Neptune et d’Amphitrite, soutenus chacun par
deux tritons, à M. Josse, tous trois signés.
Un autre groupe de satyres, homme et femme égale-
ment, mais couchés, à M. Beurdeley aussi, peut être à la
rigueur attribué à Clodion ; mais, sans vouloir le dépré-
cier, nous n’y trouvons pas toutes les qualités du célèbre
sculpteur et il serait plutôt d’un de ces nombreux satellites
du maître qui ont vulgarisé sa manière.
Un buste d’enfant, à M. Bianchi, ne portant aucune
signature, ni aucun renseignement capable de mettre un
nom sur sa figure, commence la série des portraits dont,
à notre avis, il est de beaucoup le plus remarquable comme
exécution et surtout comme expression ; nous sommes con-
vaincus que l’original avait cette physionomie plutôt laide,
mais caractéristique et bizarre et que la ressemblance
devait être frappante ; on ne lui ferait pas trop honneur
en le donnant à Pigalle lui-même, ce qui ne serait pas
invraisemblable.
Deux bustes, à M. R. Kann, de .1. B. Lemoyne
(17047 1778), fils de J. L. Le-
moyne : l’un d’une femme
inconnue, l’autre d’une de-
moiselle Victoire Martin, à
dix-huit ans, daté de iy5o,
continuent, avec un autre
buste anonyme par Lecomte,
1779, au prince d’Arenberg,
et un buste de Sophie Ar-
nould, en 1788, par Roland
( 1746 -f- 1816), à M. J.
Ephrussi, cette suite de
terres cuites que clôt la col-
lection complète, à M. de
Grièges, des médaillons de
Nini (1717 7 1786) de Blois,
originaire d’Urbino, où sont
reproduits les traits de
Louis XV, Louis XVI, Marie-
Antoinette, Franklin et des
principaux personnages du
temps, avec quelques-uns des
creux ayant servi à obtenir le
portrait.
Abordons maintenant ce
qu’on est convenu de traiter
dédaigneusement du nom de
petit art : les éventails, les
aumônières, les montres et
les boîtes. De ces petits arts,
il ne manquait pas dans cette
salle; du reste, où en rencon-
trer sinon dans une exposition du xvnie siècle, époque où
ces bibelots faisaient fureur, où il n’y avait pas une femme
sans sa bonbonnière, sa montre, son éventail et le reste, ni
un homme sans sa tabatière, sa canne, ses breloques ?
Pour les éventails, nous n’avions que l’embarras du
choix, sans toutefois pouvoir en citer d’antérieur au
xvne siècle, ce qui est déjà satisfaisant, l’éventail pliant
moderne ayant succédé à l’éventoir antique sous Henri III
et les modèles de la Renaissance étant à peu près introu-
vables ailleurs qu’au Louvre et dans quelques autres
grandes collections.
Le plus ancien au Trocadéro date de Louis XIV et avait
été prêté par M. Chardin; il n’est malheureusement pas
complet; il n’en subsiste que la feuille en papier dentelle
de couleurs rehaussé de trois médaillons en peau, à sujets
indiens, et un montant à mosaïque, tous deux, du reste,
en bon état de conservation et fort intéressants.
Flore.
Statuette en bronze du xvn° siècle,
appartenant cà M. Ch. Mannheim.
Dessin de J. Hugard.
(Exposition Universelle de 1889.)
(Section rétrospective d'objets
d’art français.)
Statuette en bronze,
attribue'e à Francheville,
appartenant à M. Ch. Mannheim.
Dessin de J. Hugard.
(Exposition Universelle de 1889.)
(Section rétrospective d’objets d’art
français.)
matière de sculpture, en bronze comme en terre cuite ou
en marbre.
A part deux figures exceptionnelles de bronze noir, à
M. Ch. Mannheim, l’une de Cérès à la recherche de Proser-
pine, par Francheville, élève de Jean de Bologne (1553
-\- 16.) ; l’autre, de Flore, sur socles à draperie retom-
bante en cuivre et écaille, du genre Boulle, nous n’avons
rien à signaler.
Toujours comme échantillon de bronze, mais du
xvme siècle, un Hercule enfant étouffant le serpent, à
M. Spitzer ; l’Hercule Farnèse, au comte de Greffulhe ; un
Enfant et une Andromède, à Mme la comtesse d’Yvon;
deux petits groupes de Bacchants, à M. Spitzer; enfin,
une garniture, à M. Spitzer aussi, de deux aiguières et
d’un vase en céladon à monture rocaille en bronze doré.
Une statue équestre, à M. Doistau, en fer damasquiné
d’or, de Louis XIV, nous force à retourner sur nos pas
un moment; c’est une œuvre de Girardon (1628-1715)
ayant appartenu à Maximi-
lien Titon, directeur de l’Ar-
senal, et trop peu commune,
surtout comme emploi du
fer, pour que nous la pas-
sions sous silence.
Revenons au bronze. Le
règne de Louis XVI était re-
présenté, entre autres, par un
petit buste doré de Marie-
Antoinette, signé Glachand
irj"4i à M. Picard; puis par
une importante pièce de mi-
lieu rappelant ces morceaux
d’admission à l’Académie
qu’on exécutait en marbre, et
où se voient Minerve, l’His-
toire et une femme couchée
paraissant pleurer; ensuite,
par deux vases en marbre
portor, à monture d’amours,
par quatre autres en porphyre
rouge dont le pourtour est
orné de gracieux feuillages
de bronze, ces divers objets
à M. Spitzer; enfin, par deux
urnes en spath fluor, au prince
d’Arenberg, à têtes de béliers
et mascarons à têtes humaines
en bronze doré.
Sauf la pendule de Fal-
conet, dont nous avons parlé plus haut, nous n’apercevons
guère, en fait de sculpture en marbre, qu’un enfant tenant
une grappe de raisin, à la baronne Nathaniel de Roths-
child, et potelé comme les personnages des vidrecomes
d’ivoire de Van Opstal, et deux autres enfants à la com-
tesse d’Yvon, un garçon et une fillette, l’un ayant un
oiseau dans la main, l’autre un nid, sans oublier deux
groupes, femmes et amours, à M. Ch. Mannheim, très
élégants, mais auxquels le voisinage de la pendule de
Falconet enlève beaucoup de leur charme.
S’il y avait pénurie dans le domaine du marbre, la terre
cuite compensait largement cette infériorité; d’abord, deux
monstres surveillant l’accès de toutes ces merveilles, à
M. Séligmann, monstres quant aux corps, car les têtes de
ces sphinx sont celles de deux fort jolies femmes du temps
de Louis XV ; en second lieu, trois chefs-d’œuvre de l’ar-
tiste, qui incarne la sculpture de la fin du siècle dernier,
Clodion (1738 -j- 1814) : un groupe de satyres, homme et
femme, dansant, à M. Beurdeley, et deux médaillons à
têtes de Neptune et d’Amphitrite, soutenus chacun par
deux tritons, à M. Josse, tous trois signés.
Un autre groupe de satyres, homme et femme égale-
ment, mais couchés, à M. Beurdeley aussi, peut être à la
rigueur attribué à Clodion ; mais, sans vouloir le dépré-
cier, nous n’y trouvons pas toutes les qualités du célèbre
sculpteur et il serait plutôt d’un de ces nombreux satellites
du maître qui ont vulgarisé sa manière.
Un buste d’enfant, à M. Bianchi, ne portant aucune
signature, ni aucun renseignement capable de mettre un
nom sur sa figure, commence la série des portraits dont,
à notre avis, il est de beaucoup le plus remarquable comme
exécution et surtout comme expression ; nous sommes con-
vaincus que l’original avait cette physionomie plutôt laide,
mais caractéristique et bizarre et que la ressemblance
devait être frappante ; on ne lui ferait pas trop honneur
en le donnant à Pigalle lui-même, ce qui ne serait pas
invraisemblable.
Deux bustes, à M. R. Kann, de .1. B. Lemoyne
(17047 1778), fils de J. L. Le-
moyne : l’un d’une femme
inconnue, l’autre d’une de-
moiselle Victoire Martin, à
dix-huit ans, daté de iy5o,
continuent, avec un autre
buste anonyme par Lecomte,
1779, au prince d’Arenberg,
et un buste de Sophie Ar-
nould, en 1788, par Roland
( 1746 -f- 1816), à M. J.
Ephrussi, cette suite de
terres cuites que clôt la col-
lection complète, à M. de
Grièges, des médaillons de
Nini (1717 7 1786) de Blois,
originaire d’Urbino, où sont
reproduits les traits de
Louis XV, Louis XVI, Marie-
Antoinette, Franklin et des
principaux personnages du
temps, avec quelques-uns des
creux ayant servi à obtenir le
portrait.
Abordons maintenant ce
qu’on est convenu de traiter
dédaigneusement du nom de
petit art : les éventails, les
aumônières, les montres et
les boîtes. De ces petits arts,
il ne manquait pas dans cette
salle; du reste, où en rencon-
trer sinon dans une exposition du xvnie siècle, époque où
ces bibelots faisaient fureur, où il n’y avait pas une femme
sans sa bonbonnière, sa montre, son éventail et le reste, ni
un homme sans sa tabatière, sa canne, ses breloques ?
Pour les éventails, nous n’avions que l’embarras du
choix, sans toutefois pouvoir en citer d’antérieur au
xvne siècle, ce qui est déjà satisfaisant, l’éventail pliant
moderne ayant succédé à l’éventoir antique sous Henri III
et les modèles de la Renaissance étant à peu près introu-
vables ailleurs qu’au Louvre et dans quelques autres
grandes collections.
Le plus ancien au Trocadéro date de Louis XIV et avait
été prêté par M. Chardin; il n’est malheureusement pas
complet; il n’en subsiste que la feuille en papier dentelle
de couleurs rehaussé de trois médaillons en peau, à sujets
indiens, et un montant à mosaïque, tous deux, du reste,
en bon état de conservation et fort intéressants.
Flore.
Statuette en bronze du xvn° siècle,
appartenant cà M. Ch. Mannheim.
Dessin de J. Hugard.
(Exposition Universelle de 1889.)
(Section rétrospective d'objets
d’art français.)
Statuette en bronze,
attribue'e à Francheville,
appartenant à M. Ch. Mannheim.
Dessin de J. Hugard.
(Exposition Universelle de 1889.)
(Section rétrospective d’objets d’art
français.)