Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

DOI Artikel:
Hustin, A.: Jules Dupré, [3]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0297

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
I

JULES DUPRE

(fin)

La Chambre de Dupré,
Croquis de Cabat.

ii

NOTES COMPLÉMENTAIRES

ET CORRESPONDANCE

Nous avons ici même, au lendemain de la mort de
Jules Dupré, retracé, avec quelques développements, la
carrière artistique si bien rem-
plie de ce représentant de l’épo-
que héroïque. Depuis, de nou-
veaux renseignements nous sont
parvenus, qui précisent certains
points d’histoire ; la famille a
bien voulu nous communiquer
quelques lettres, religieusement
réunies par elle, en même temps
que les notes prises par Alfred
Sensier au cours de ses visites
au maître de ITsle-Adam.

On nous permettra de les
assembler, de les coordonner,

afin de montrer Jules Dupré sous des côtés plus person-
nels et plus intimes.

Parlons d’abord de sa famille.

Son père, que nous avons mon-
tré à la tête de la manufacture de
porcelaines de Parmain, était mort
fort jeune, en 1837. Sa mère eut,
au contraire, une heureuse vieil-
lesse. Elle s’éteignit à l’âge de
quatre-vingt-six ans, le 8 avril 1871,
jour anniversaire de sa naissance,
chez sa fille, Mme Mellet. Elle
n’avait été malade que quatre
heures. Son beau-frère, M. Mellet,
mourut d’une affection du cœur, le
23 juin de la même année, à l’âge
de cinquante-quatre ans. En mars
1872, Jules Dupré acheta sa mai-
son de l’Isle-Adam et la paya
37,5oo francs.

Venu à Paris vers l’âge de douze
ans, Dupré, mis en évidence par
son exposition de i83i, avait vu
accourir chez lui le baron d’Ivry,
qui essaya de le détourner de la
fréquentation des peintres. « Mon
petit Dupré, lui disait-il, ne les
voyez pas. Ils ont beaucoup à ap-
prendre de vous. Vous n’avez rien
à prendre d’eux. »

Cet excellent baron, dont nous
avons conté les manies, ne fut point
le seul personnage marquant qui
vint frapper à la porte de Dupré.

Un jeune homme élégant s’était, un beau matin, présenté
devant la loge de son concierge.

1. Voir l’Art, 15” année, tome II, page 155.

— M. Jules Dupré, s’il vous plaît?

— Au cinquième, à droite.

Puis, se reprenant tout à coup, le concierge, qui était
tailleur, ajoutait : « Ayez donc la complaisance de lui
monter son pantalon que je viens de réparer. Ça m’épar-
gnera toujours quelques étages. »

— Avec plaisir,

— Merci, monsieur.

Et le jeune homme, armé du
pantalon, s’en fut frapper à la
porte de Dupré.

C’était le duc d’Orléans, qui
venait lui commander un ta-
bleau !

III

DUPRÉ ET CABAT


Un Mendiant de Tendu (Indre)
Croquis de Cabat.

Tendu. Nous n’aurons point à quit-

ter le champ de l’anecdote pour
conter certains incidents qui
vont nous montrer Dupré dans ses relations d’amitié avec
le paysagiste Cabat, qui était naguère encore directeur de
l’Académie de France à Rome.

C’est à Dupré que Cabat, enfant
de Belleville, avait, à quinze ans,
montré ses premiers essais. Des
rapports s’établirent entre eux. En
i832, nous les trouvons tous deux
à Tendu, dans l’Indre, installés
dans une auberge tenue par un
sieur Pe'rot. Le prix de la pension
n’était que de 1 fr. 5o cent, par
jour, et cependant nos artistes
avaient bon souper et bon gîte.
Des œufs, de la volaille, de l’excel-
lent vin composaient, avec le lai-
tage, le fond ordinaire du menu.
Les chambres carrelées, avec pou-
tres apparentes et murs blanchis à
la chaux, respiraient la propreté.
Dans l’angle, entre deux chaises
de paille, s’étalait, sous un dais
avec rideaux en serge verte, un lit
épais, dont le bois se composait de
grosses pièces taillées à la serpe.

Cabat nous a conservé la phy~
sionomie de cette rusticité. Nous
devons à son obligeance de pou-
voir en placer ici, sous les yeux
des lecteurs de l’Art, une fidèle
reproduction.

De grand matin, nos deux amis
partaient, avec leur attirail, à la
découverte d’un motif, multipliant
les études, animant leur solitude de discussions philoso-
phiques, que Dupré, qui avait apporté avec lui les Confes-
sions de Jean-Jacques, aimait parfois à soulever. Un jour
 
Annotationen