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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 1 (1 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0014
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LA CHRONIQUE DES ARTS

déjà engagés. C’est parmi eux que seront choisis
les artistes destinés à exécuter les Victoires et
les groupes de la Valeur militaire, de la Fidélité
à la Constitution et du Triomphe politique.

Voici, d’autre part, que l’on nous parle de la
« systématisation » des Thermes de Dioclétien. La
Tribuna affirme que c’est une des questions les
plus importantes de celles posées à l’édilité ro-
maine et publie un article d’un nouveau député,
M. Toscanelli. On sait que les anciens Thermes
de Dioclétien abritent le musée national d’anti-
quités, l’église Santa Maria degli Angeli et les
boutiques de marchands de bois et de charbon.
Qu’on expulse ces derniers des arcades où ils se
sont pittoresquement logés à la manière des paysans
dans les ruines du xviii* siècle, personne ne pro-
testera trop violemment; mais qu’on prétende
changer l’aspect de Sainte-Marie-des-Anges, voilà
qui est plus contestable. L’argument est le suivant :
Vanvitelli a gâté l’œuvre attribuée par d’anciens
écrivains à Michel-Ange. Jusqu’à Pie IV le calda-
rium était demeuré presque intact avec ses huit
colonnes de granit oriental; mais le Pape désira
s’élever un mausolée digne de lui, et Michel-Ange,
tout en essayant de respecter l’édifice, s’efforça d’y
introduire une église. Vanvitelli, au xvme siècle,
vint tout bouleverser : de la nef il fit le transept
et du transept la nef; il mit à l’ouest le grand por-
tail, qui resta d’ailleurs inachevé. On orna l’église
de tableaux enlevés à Saint-Pierre, où des mosaï-
ques les remplacèrent, et c’est là que fut placé le
Saint Bruno de LLoudon.

Voici quelques années, on prétendit mener à
bonne fin l’œuvre de Vanvitelli, et la jolie somme de
360.COO lire fut accordée à la façade nouvelle. Mais
les desseins de Sacconi ne furent jamais réalisés et
ne le seront jamais, à ce qu’affirme M. Ricci. Tou-
tefois, certains voudraient qu’on revînt au plan de
Michel-Ange et qu’on réédifiât une porte Renais-
sance sur le côté. M. Toscanelli propose une so-
lution plus radicale : d’après lui, jamais salle de
bains ne fera église convenable; pourquoi dès lors
reprendre l’œuvre de Michel-Ange? Deux hypo-
thèses subsistent : ou laisser Sainte-Marie-des-
Anges avec les transformations de Vanvitelli, qui
en eût fait une véritable église, ou reconstituer
scientifiquement le caldarium antique et construire
ailleurs une église nouvelle. C’est ce dernier parti
que le député italien désirerait voir suivre : on
pourrait ainsi disposer dans le caldarium la col-
lection Ludovisi, écrasée aujourd’hui dans les
salles trop basses du musée. Sans doute cette so-
lution est préférable aux autres. Mais l’œuvre de
Michel-Ange, la restauration même de Vanvitelli,
sont-elles dépourvues d'intérêt et même de gran-
deur? Pour retrouver la Rome antique, faut-il dé-
truire la Rome de la Renaissance, faut-il au nom
de l’archéologie faire la guerre à l’histoire? M.
Toscanelli déclare qu’il est inutile de se hâter,
qu'on peut attendre pour ces travaux la fin de
l’Exposition de 1911.

Espérons que le monument de Victor-Emmanuel
ne laissera libre aucun crédit et que nous ne ver-
rons plus annoncer à Rome trop de « systématisa-
tions ».

La polémique sur les moulages « miclielange-
lesques » de Pérouse (l) semble à peu près close.

(1) V. Chronique des Arts du 11 décembre 1809,

p. 298.

M. Walter Bombe déclare lui-même, dans le Mar-
zocco, n’avoir point fait de découverte sensation-
nelle : ce serait un journaliste trop désireux d’in-
formations à succès qui serait cause de tout le
bruit.

M. Bombe affirme n’avoir jamais dit que les
marbres de S. Lorcnzo fussent l’œuvre des disci-
ples de Michel-Ange et non du maître en personne.
Après avoir relevé les différences de dimension
entre les plâtres pérugins et les statues floren-
tines, il avait supposé que les plâtres avaient été
moulés sur des modèles aujourd’hui perdus. Mais
un sculpteur, M. Vermehren, lui fit part d'une
autre hypothèse : les plâtres de Dauli seraient bien
des moulages des statues de S. Lorenzo, mais,
comme certaines parties étaient difficiles à repro-
duire ainsi, Dauli se serait contenté de les copier
librement et ne les aurait qu’ébauchées. Une vérifi-
cation à S. Lorenzo confirma l’hypothèse.

M. Loccatelli, le journaliste trop rapide, affirme '
de son côté que l’article publié dans le Giornale
d’Italia était la traduction exacte de la pensée de
M. Bombe. Ceci est affaire entre ces messieurs; ce
qui reste, c’est que les plâtres de Pérouse ne sont
pas des moulages fidèles.

L. H.

REVUE DES REVUES

0 Les Arts (décembre 1909). — Ce fascicule est
consacré tout entier à la belle collection de Mme la
marquise de Ganay, née Ridgway : tableaux et
bronzes de la Renaissance italienne et surtout
œuvres françaises et anglaises des xviii8 siècle et
xixe siècle dues, entre autres, à Boucher, Louis
Moreau, Watteau, La Tour, Hubert Robert,
Duplessis, Mme Vigée-Lebrun, David, Ingres,
IToudon, Reynolds, Romney, tapisserie d’après
Leprince, etc., que reproduisent 38 gravures et
qu’étudie M. Carie Dreyfus.

-K*X-

BIBLIOGRAPHIE

La Vie et l’Œuvre de Titien, par Georges La
fenestre. Paris. Hachette, 1909. Un vol. in-16°,
315 p.

On est surpris, quand on aborde l’étude des
grands maîtres de l’art, de voir combien de graves
questions restent encore non résolues. Pour Titien,
nous ne savons même pas l’année de sa naissance.
Est-il vraiment né en 1177 ? Est-il possible de le
supposer du même âge que Giorgione et Palma
Vecchio dont il fut l’élève ? N’est-il pas plus logi-
que de penser à une date plus récente de dix ans
environ? Et la chronologie de ses œuvres! que
d’incertitudes, surtout pour celles de ses premières
années! Naguère, ne considérait-on pas comme une
œuvre de ses débuts cette incomparable merveille
de L’Amour sacré et profane, que M. Lafenestre
classe très justement vers 1515?

La profonde connaissance qu’a M. Lafenestre de
toutes les écoles italiennes lui permet les plus
utiles comparaisons. Il a très excellemment mon-
tré les origines florentines de l’école vénitienne;
cette influence florentine qui pénètre à Venise tout
d’aborcl avec Giotto et son élève Guarentio, plus
 
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