La chronique des arts et de la curiosité (1910)

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LA CHRONIQUE DES ARTS

être apportée aux immeubles visés par l’ar-
rêté des consuls de l’an X et par le décret de
1852 (rue de Rivoli, rue de Castiglione, rue et
place des Pyramides), non seulement en ce
qui concerne les façades en pierre, mais aussi
en ce qui concerne la face et les combles,
sans l’approbation des architectes du gouver-
nement, c’est-à-dire du service des bâtiments
civils et des palais nationaux, sous les ordres
du ministre des Beaux-Arts. »

*** Les graveurs originaux exposant à la
Société des Artistes français, réunis en assem-
blée générale le 4 janvier 1910, considérant
que les deux arts si différents de la gravure
originale et de la gravure de reproduction
sont absolument confondus au Salon (on se
rappelle que c’était là le sujet de notre avant-
dernier Propos du jour) ont voté le principe de
la présentation à part et d’ensemble de la
gravure originale au Salon des Artistes fran-
çais.

*** Les amis et admirateurs de M. P. Cail-
letet lui ont offert le 18 janvier, à l’occasion
du vingt-cinquième anniversaire de son élec-
tion à l’Académie des Sciences, une médaille
à son effigie, oeuvre du sculpteur Vernon.

*** Parmi les conférences qui seront don-
nées cet hiver au Musée Guimet les diman-
ches et jeudis à 2 h. 1/2, nous relevons les
suivantes qui concernent l’art et l’archéo-
logie :

Les Bas-reliefs de la porte orientale du
stupa de Sanchi (avec projections), par M.
A. Foucher (23 janvier) ; — Les Dernières
fouilles en Egypte (avec projections), par M.
Seymour de Ricci (27 janvier) : — La Religion
delphique, par M. Homolie (30 janvier) ; —
La Glyptique de l'Assyrie, par M. L. Dela-
porte (3 février) ; — De l'idéographie dans la
sculpture égyptienne (avec projections), par
M. Georges Rénédite (13 février) ; — Le Grand
temple de Deir- el-Baliari (avec projections),
par M. A. Moret (17 février) ; — Un pèleri-
nage à Aémi, par M. R. Cagnat (20 février) ;
— Les Découvertes de la mission impériale
allemande à Tourfas (Turkeslan) (avec pro-
jections), par M. von Lecoq (20 mars).

*** On annonce de Rouen qu’en opérant
des plantations d’arbres devant l’église Saint-
Gervais, en face de la plaque commémorative
du séjour et de la mort de Guillaume le Con-
quérant, les ouvriers municipaux ont mis à
jour plusieurs tombeaux francs des ve et vie
siècles. Ce quartier Saint-Gervais a, d’ailleurs,
été considéré de tout temps comme une des
nécropoles romaines et franques de la cité
rouennaise, et de nombreuses sépultures y
ont été découvertes à différentes reprises.

*** Les admirables tapisseries volées en
novembre dernier à l’église Saint-Vincent de
Rouen (1) et estimées à plus de 500.000 fr.,
viennent d’être retrouvées intactes et les
voleurs sont arrêtés. Les précieux objets
avaient été cachés à Fontenay-aux-Roses,

dans une villa louée par les recéleurs d’une
bande parfaitement organisée. L’enquête
menée par le service de la Sûreté a amené
l’arrestation de tous ces malfaiteurs.

*** Notre compatriote le peintre Edouard
Détaillé, membre de l’Institut, vient d’être
élu membre honoraire étranger de l’Académie
royale de Londres.

*** Un savant d’origine allemande (il était
né à Cassel), le D1' Ludwig Mond, chimiste,
physicien et inventeur, mort récemment à
Londres, à l’âge de soixante-dix ans, et qui
était un amateur fervent des choses artisti-
ques, a laissé une somme de 500.000 francs à
l’Académie des Beaux-Arts de Munich pour
l’entretien des jeunes peintres et sculpteurs
jugés dignes d’être envoyés à Rome. Puis,
sous réserve d’usufruits en faveur de sa
femme, il a donné à la National Gallery de
Londres le droit de choisir dans sa collection
les peintures qu’elle voudra, à condition d’en
prendre au moins les trois quarts et d’exposer
ces œuvres dans une salle spéciale portant
son nom. On trouve dans la liste de ces pein-
tures, qui sont au nombre de cinquante-six,
les noms de Gentile et Giovanni Bellini,
Pollaiuolo, Botticelli, Boltraffio, Crivelli, Cor-
rège, Signorelli, Sodoma, Raphaël, Titien,
Tintoret, Cranach, Canaletto, etc.

PETITES EXPOSITIONS

Salon du Peuple

(26, rue du Faubourg Saint-Jacques)

Quelques artistes ont répondu à l’appel de M.
Charles Boursier et, parmi eux, M. Willette, qui
sait dire avec humour les plus âpres vérités, M. Ben-
jamin Rabier, le confident des petits chiens, M. Ni-
colas fvanoff, illustrateur coloré d’un conte russe.
M. Derré est l’auteur d’un buste de Louise Mi-
chel et M. Henry Bouchard de la maquette d’une
tribune derrière laquelle se dressent côte à côte les
ouvriers et artisans de tous métiers.

M. Boursier dit aux artistes : « Prenez garde !
vous ne produisez que pour les riches, vous ne
pensez pas au peuple et le peuple vous hait ; il
vous reproche d’être inutiles. Dans la société fu-
ture on prétend ne pas vous laisser de place ». Et
M. Boursier espère remédier à cette mésestime
réciproque, d’abord en décidant les artistes à ex-
poser leurs œuvres dans un quartier populaire. Il
leur indique ensuite — grâces lui en soient ren-
dues — que pour accomplir une œuvre d’art popu-
laire il n’est pas besoin de peindre un terrassier
au travail, moins encore des scènes de chromos.

Sous la définition un peu vague de M. Bour-
sier, on découvre enfin qu’avec les qualités qu’il,
leur souhaite les œuvres d’art démoci’atique n’au-
raient rien qui les distinguerait de celles que
chacun s’accorde à trouver simplement de belles
œuvres.

Ainsi s’inaugure cet étrange Salon d’entente
cordiale, sous les auspices d’un comité qui n’a reçu
de mandat ni de l’une ni de l’autre des parties
intéressées.

(1) Y. Chronique des Arts du4 décembre 1909, p.287.