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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 6 (5 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0055
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ET DE LA CURIOSITÉ

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maintenant quelques-uns des tableaux qui sont
venus l’enrichir: de la galerie de Schleisslieim, un
Christ homme de douleurs de Iians Multscher ; la
magnifique Crucifixion de Cranach (d: 1503) autre-
fois attribuée à Grünewald; Saint Joachim et sainte
Anne de Wolf Traut; un Saint Erasme et un
Saint Nicolas de Burgkmair, qui constituaient, avec
deux autres peintures, reprises à la galerie de
Burghausen, les volets du Saint Jean à Pathmos
déjà à la Pinacothèque;trois natures mortes de Jan
Fyt ; Abigail devant David, de Eeckhout ; un Cru-
cifiement et une suite de huit tableaux ayant trait
à l’histoire des Gonzague de Tintoret ; le Portrait
équestre du duc d’Olivarez, attribué jadis à
Velâzquez et maintenant à del Mazo ; une Femme
nue sur un sofa de Boucher ; Ruines d’un temple
romain de Hubert R >bert ; Vue de côte de Mor-
tand ; — du musée d’Augsbourg la délicieuse na-
ture morte Les Gantelets, de Jatopo de’Barbarj,
bien connue des visiteurs de cette galerie (1); le Por-
trait de femme attribué à Léonard ; Le Christ chez
Marllie et Marie, du Tiutoret ; La Madone sur un
trône avec des saints, de Bassano ; Le Joueur de
guitare, de J. S. von Galcar ; La Vierge avec l’En-
fant et saint Bruno, du Parmesan ; — de la gale-
rie d’Erlangen, La Parenté de la Vierge,intéressant
tableau, malheureusement très repeint, attribué à
Durer; un petit Paysage de forêt de Rubens ; —
du Musée national de Munich, les portraits de
Vivien et de Tocqué cités plus haut. A ces reprises
s’ajoutent quelques acquisitions récentes particu-
lièrement heureuses : une Nature morte de Goya
et le portrait du Greco dont nous parlons plus
haut, réplique originale du fameux Espolio de la
cathédrale de Tolède ; puis le panneau central,
provenant de la collection du prof. J. Sepp, d’un
triptyque tyrolien de l'école de Michel Pacher
dont le musée possédait déjà les vo'ets ; un Por-
trait de femme français du commencement du
xvie siècle; un Guardi : Concert dans un couvent
de femmes ci Venise, et un Portrait cl'homme de
Gainsborough.

Il y a irait enfin à mentionner, pour achever la
revue de ces transformations, nombre de change-
ments d'attributions dans le groupe des œuvres
d’auteurs inconnus. Notons seulement que le tableau
des Saints ermites Antoine et Paul (n° 121 du cata-
logue), jadis regardé comme une œuvre néerlan-
daise des environs de 1500, est maintenant désigné,
avec un point d'interrogation, comme français.

M.

CORRESPONDANCE D’ITALIE

ROME ET LA. « NIOBIDE »

DE LA BANQUE COMMERCIALE

Un fait récent nous montre avec une clarté sin-
gulière l’état d’esprit des Romains : Il y a peu
d’années, la Banque Commerciale ayant acheté des
terrains sur l’emplacement des anciens jardins de
Salluste, fit jeter les fondations d’une maison de
rapport : les ouvriers mirent au jour une très belle
statue de Niobide. Elle fut transportée à la suc-
cursale romaine de la Banque, au palais Doria, via
del Pleb:scito. Au milieu de janvier, on apprit que

(1) V. Gazette des Beaux-Arts, 1878, t. I, p. 125.

la Banque Commerciale avait résolu d’envoyer la
statue à Milan pour orner 1 : nouveau palais cen-
tral qu’elle vient de s’édifier place de la Scala. Un
matin, les journaux annoncèrent que la Niobide
avait quitté R une par wagon spécial accroché au
rapide du soir.

M. Mazza exprima au Conseil communal son re-
gret et les journaux s’exclamèrent : N’est-ce pas
assez du palais Farnèse dont on veut dépouiller
l’Italie? Les Milanais vont-ils enlever à Rome ses
chefs-d'œuvre? Il y a tout de même une différence :
les Français n’ont point l’intention de numéroter
les pierres du palais Farnèse, comme ont fait les
Romains du petit Palais de Venise, pour le trans-
porter ailleurs. Toujours est-il que Rome prétend
recouvrer sa Niobide. On vit entrer en scène un
certain M. Francesco di Carlo qui, en octobre 1908,
avait intenté un procès à la Banque Commerciale,
demandant, en sa qualité d’inventeur, la part delà
valeur de la statue que lui reconnaît Parti de 1875
du Code civil. Le procès dormait; on vient de le
réveiller. Ce qui en fait l’intérêt, ce sont les con-
clusions prises aussitôt par le tribunal : il nomme
séquestre M. Natlian, syndic de Rome, qui sera
chargé de garder la statue, et cela au musée du
Capitole. On voit toutes les espérances qu'une telle
collocation peut faire naître. La Banque a fait op-
position. D'autre part, le professeur Filomusi-
Guelfi invoque cet argument : « En vertu de l’art. 12
de la loi de 1939, les objets d’art ne peuvent être
déplacés sans autorisation du ministre de l’Ins-
truction publique. » Or, il n’y eut aucune per-
mission.

Les motifs qui déterminent les Romain i à agir
sont évidents : c’est d’abord le regret — très légi-
time en soi, mais contestable en son expression
actuelle, — de perdre une œuvre d’art ; c’est en-
suite le désir de ne la voir point posséder par les
Milanais. Le professeur Filomusi-Guelfi invoque
encore l'article 4 de la même loi de 1909, qui donne
au ministre de l’Instruclion « pouvoir de veiller à
l’intégrité et à la sûreté d’un objet d’art en le fai-
sant transporter dans des instituts publics »..
Comme l’arrêté du jugement émet l’hypothèse —
toute gratuite d’ailleurs et désobligeante — d’une
vente possible à l’étranger, la conclusion est sim-
ple. Le syndic Nathan est chargé de garder la
Niobide dans un musée de la ville, et c'est pourquoi
il a d iclaré au Conseil municipal du 23 janvier
« qu’il emploierait les moyens nécessaires pour
que la précieuse œuvre d’art soit conservée à
Rome ». On voit que le fait de confier la Niobide
au syndic et dans un musée municipal montre
bien que la question est toute romaine ; mais ce
jugement peut en même temps inquiéter les pro-
priétaires d’objets d’art : il n’y a aucune raison
pour que l'Etat italien ne confisque pas les œuvres
appartenant à des particuliers, en arguant de cet
article 4 et de la possibilité d’une ven’e clandestine
— assez difficile en l’espèce par la masse de la
statue, qui nécessita un wagon spécial.

La question devenant question d’amour-propre
municipal, on devine les sentiments nourris à
l’égard des Milanais : la Banque Commerciale
veut installer son chef-d’œuvre chez elle ; or,
« parmi les visiteurs de cet établissement de crédit,
lequel se souciera de la présence d'une Niobide t » ;
il est défendu aux commerçants milanais d’avoir le
goût des arts. Seuls ceux de Rome qui — tout en
montrant patte blanche à l’huissier — allaient visiter
 
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