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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 7 (12 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0060
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LA CHRONIQUE DES ARTS

ébréché des pilastres et mutilé de superbes
sculptures.

*** Nous sommes heureux d’apprendre que
notre éminent collaborateur M. Marcel
Reymond vient de recevoir de l’empereur
d’Allemagne la décoration de l'Aigle Rouge
de 3e classe, à titre de président du comité de
patronage des étudiants étrangers à l’Univer-
sité de Grenoble.

*** Nous relevons dans la liste des confé-
rences publiques données chaque dimanche,
à 2 h. 1/2, au Conservatoire des Arts et Mé-
tiers, une de M. Lucien Magne sur Le Tra-
vail artistique du fer (20 février), et une de
M. Franchet, céramiste, sur Les Faïences.

*** En vertu d’une loi entrée en vigueur au
début de cette année, un droit de 1 franc par
personne est désormais perçu à Athènes pour
la visite des musées ainsi que pour celle de
l’Acropole. Des cartes d’entrée gratuites sont
toutefois délivrées aux archéologues étran-
gers.

PETITES EXPOSITIONS

Expositions des « Quelques »

(Galerie des Artistes modernes)

Il s’agit de « quelques femmes-peintres » et beau-
coup sont étrangères : c’est la cause, sans doute,
de cet incorrect « quelques » qui provoque les
Sévérités des grammairiens. Une visite à cette pe-
tite exposition leur inspirerait, peut-être, de l’indul-
gence. N’y trouyeraient-ils pas des œuvres de
M“‘s de Boznanska, Marie Gazin, Delvolvé-Carrière,
les natures mortes décoratives de Mm“ Galtier-
Boissière, les paysages alpestres où Mlu Suzanne
Pichon a su exprimer la mélancolie du col du
Saint-Gothard? Enfin, les sculptures de M11* Jeanne
Poupelet, une Femme se mirant dans L'eau, sur-
tout, sont des œuvres qui contiennent plus de soli-
dité et d’harmonie que ne le font en général les
statuettes modelées par des mains féminines.

Exposition d’Art décoratif
(Galerie Georges Petit)

Abandonnant la tapisserie, le point de Venise
où elles semblaient prédestinées, et les talents plus
sérieux de la couture, beaucoup de Françaises,
soit pour occuper leurs loisirs, soit pour augmen-
ter leurs ressources budgétaires se vouent aujour-
d'hui à l’art de la corne, du cuir ou de l’étain re-
poussé. Sans manquer aux lois de la galanterie
ni aux inspirations de la bienveillance, est-ii per-
mis de rappeler aux amateurs que les amies à
qui elles dédient leurs travaux multipliés, et sou-
vent encombrants, ne voient pas toujours avec
plaisir cette augmentation de leur mobilier, et aux
professionnelles que cette surproduction des ama-
teurs est pour elles une concurrence qui leur per-
mettra difficilement de placer leurs travaux ?

« Les Arts réunis »

(Galerie Georges Petit)

L’union ne fait pas la force des arts dans cette
Société. On y constate des efforts, un certain sé-

rieux, mais, à part les quelques études de têtes
dessinées par M. Henri Royer, les bustes do
M. Ségofûn et lis Moulins de M. Mayeur, s’il s’y
trouve quelques œuvres méritoires, du moins ne
frappent-elles pas par leur nouveauté et ne lais-
sent-elles pas un durable souvenir.

Exposition René Piot
(Ghez M. Rivaud)

M. Piot a rapporté de Suisse et d’Italie de grands
paysages à l’aquarelle, renforcés par le crayon
noir. Il s’est plu à accuser le caractère de chaque
élément, montagnes, vallées plantées d’oliviers, pins
couverts de neige, par une sorte de stylisation qui
donne à ses œuvres la valeur décorative des ta-
pisseries flamandes, et qui pourtant respecte les
effets de la perspective et la fraîcheur des colora-
tions. M. Piot utilisera-t-il ces documents en quel-
ques fresques qui rappelleraient celles du Palais
des Papes? Nous le souhaitons.

Exposition Émile Bernard

(Petit Musée Beaudoin)

Le nom de M. Émile Bernard évoque le souve-
nir des belles études qu’il a publiées sur Cézanne,
sur Gauguin, et récemment sur Delacroix, et de
sa correspondance avec van Gogli. Pour lui, l’art
est une religion, et sa foi lui donne le courage le
plus noble et conquiert le respect. On l’approuve
quand il déplore avec une sincérité vibrante la
décadence présente et quand il en demande à la
tradition le remède. M. Bernard n’accorde pas de
prix à la personnalité. Aujourd’hui ce mot à la
mode est souvent synonyme de morbidité — les
médecins disent : « un beau cancer ». Il ne faut donc
point reprocher à M. Bernard d’être présentement
autre qu’il fut autrefois. Il a une admirable faci-
lité d’assimilation, et je ne doute pas qu’il ait une
âme de Vénitien, comme il eut une âme de primitif.
Il a trouvé à Venise son idéal : a-t-il trouvé le
salut ? Sa pénétrante intelligence lui a permis de
découvrir chez Titien, chez Giorgione quelques
lois qui assurent à ses œuvres une harmonie
incontestable, une coloration sou enue,une compo-
sition pleine, et, dans l'enthousiasme de son auto-
conversion, il applique souvent ces lois aux mêmes
sujets qu’ont traités ces maîtres : des figures nues
dans la campagne, entourées des mêmes verdures,
des mêmes étoffes brillantes, des ciels où s’étendent
les nuages crépusculaires de Véronèse. Ces res-
semblances, qui subsistent même quand M. Ber-
nard traite des sujets contemporains, quand il fait
œuvre de portraitiste, accusent par quels côtés il
diffère de ses devanciers. Des Bellini à Tiepolo le
développement de l’école vénitienne s’opère par la
combinaison d’une tradition d’école et d’un travail
personnel d’analyse. Rajeunir les p-océdés tech-
niques — celui, par exemple, du glacis, — les ap-
pliquer, même comme le fait M. Bernard, avec
le plus sérieux talent, n’est pas tout. Et l’on
regrette que le disciple qui comprend si bien les
maîtres ait un peu délaissé la nature, qu’il appelle
lui-même « le modèle éternel ».

Exposition Jules Flandrin
(Galerie Druet)

Elève de Gustave Moreau, M. Jules Flandrin a
su augmenter les notions qu’il doit à cet éducateur
par ses propres recherches et par cette indispen-
sable association del’observation directe etde l’étude
 
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