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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 15 (9 Avril)
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ils

LA CHRONIQUE DES ARTS

BIBLIOGRAPHIE

Les Peintres de manuscrits et la Miniature en

France, par Henry Ma rtin. Paris, IL Laurens.

Un vol. in-8°, 128 p. av. 24 pl. (Coll, des Artis-
tes célèbres).

Se proposer de suivre les phases parcourues par
l’évolution de l’art de la peinture des manuscrits
à travers les âges ; avoir à montrer comment cet
art, déjà né au temps de l’Egypte pharaonique et
plus tard très en honneur chez les Byzantins, a
continué à se développer, pratiqué d’une manière
particulièrement brillante dans les régions qui ont
formé la France moderne, devenant au xmfi siècle
une industrie laïque, dont vécurent pendant long-
temps de nombreux manieurs du pinceau, attei-
gnant au xve siècle, avec les Pol de Limbourg et
les Jean Foucquet, un sublime degré de beauté,
puis frappé d’un coup mortel par l’invention des
procédés mécaniques de la gravure, se survivant
néanmoins encore etse manifestant jusquedansune
image du comte d’Artois, le futur Charles X, peinte
en 1785, — et, d’un autre côté, devoir renfermercette
revue d’une colossale suite de créations, dontbeau-
coup sont des chefs-d’œuvre, dans le court espace
de 120 pages, et de 120 pages ne dépassant pas les
modestes dimensions de l’in-octavo — tel était le
programme qu’avait à remplir AJ. Henry Martin
en écrivant ses Peintres cle manuscrits.

Certes, l’entreprise était singulièrement ardue !
Je puis en juger par expérience personnelle,
ayant été appelé moi-même à résoudre un pro-
blème analogue pour l’histoire de la peinture fran-
çaise de 1350 à 1589, dans la grande Histoire de
l'Art que dirige M. André Michel. Combien, en
pareil cas, on est embarrassé par l’excès des ri-
chesses I Quel souci il faut avoir de conserver
les grandes lignes, pour ne pas tomber dans la
confusion ! Qne de sacrifices de détail on doit se
résoudre à faire, parfois à son très vif regret! AI.

1 lenry Martin a su triompher de ces difficultés.
S m livre, dans son format réduit et commode,
constitue un excellent résumé de l'essentiel du
sujet; il mérite d’être rangé tout à fait au premier
plan parmi les publications similaires, telles que
celles déjà tentées naguère par les Ferdinand De-
nis, les Lecoy delà Marche et les Auguste Molinier.

Une grande qualité de ce livre très clair et bien
ordonné, autant qu’intéressant à lire, c’est la
prudence de l’auteur et la sûreté de ses informa-
tions. L’étude des manuscrils à miniatures semble
être, à première vue, un domaine des plus sédui-
duisants offert aux investigations des critiques.
Plusieurs, dans le courant du dernier siècle, et de
nos jours encore, ont cru que ce domaine était
facilement exploitable ; qu’il suffisait, pour le met-
tre en valeur, de faire preuve d’ardeur, de bonne
volonté et d’ingéniosité. Des esprits, même très
distingués, mais n’ayant qu’une connaissance su-
perficielle, et parfois ne se doutant évidemment
pas de certains côtés des questions, se sont laissé
prendre à ce mirage. C'est là une erreur profonde
et qui risquerait d’entraîner les plus fâcheux
résultats. Pour traiter, non plus en fantaisiste
brillant, mais en érudit sérieux, les innombrables
problèmes que soulèvent les peintures de manus-
crits, il est indispensable de savoir, et de faire
sans cesse intervenir, bien des choses qui impo-
sent un apprentissage spécial, la paléographie

d’abord, aussi essentielle ici, à bien des égards,
que s’il s’agissait d’expliquer un papyrus grec ou
une inscription antique, puis, sans parler des ca-
ractères de style propres à chaque époque et à
chaque province, les faits de l’histoire politique,
les courants littéraires, les variations des modes,
les influences des mœurs et des traditions, les
conditions de travail, les relations internationales,
les particularités de la biographie des artistes,
etc., etc. Cette préparation nécessaire, M. Henry
Martin la possède. Après en avoir appris les prin-
cipes dans la sévère éducation de l’Ecole des char-
tes, il n'a cessé de fortifier sa compétence par les
longues années — plus d’un tiers de siècle — qu'il
a consacrées avec tant de dévouement à mettre en
lumière les richesses de sa chère bibliothèque de
l’Arsenal. Limité par le peu d’espace dont il dispo-
sait, il a dû faire, dans son livre, de ces sacrifices
dont je parlais plus haut. Mais sur certains points
il s’est livré davantage, et l’on peut alors constater
combien sa documentation est solide. Je signale-
rai à cet égard, tout ce qu’il dit si bien (pages 35
et suivantes) de Jean Pucelle, le grand enlumineur
parisien de la première moitié du xive siècle.

Le texte de M. Henry Martin est accompagné
de 24 planches hors texte, donnant un total de
34 reproductions d’après des manuscrits à pein-
tures; le choix de ces types a été fait avec beau-
coup de goût (1). A propos de l’un d’eux, je me
permettrai d’ajouter une indication personnelle.
M. Henry Martin reproduit (fig. 24) une miniature
d’un Décaméron de Boccace traduit en fran-
çais, provenant du duc de Bourgogne Philippe
le Bon et conservé à l’Arsenal. Ce manuscrit est
très célèbre et peut être admiré comme un su-
perbe volume. Mais il faudra renoncer désormais
à accorder à ses miniatures le mérite d’être des
œuvres originales. J’ai pu constater, en effet, par
une découverte toute réeente, que les susdites mi-
niatures ne sont, au moins pour la plupart, que
des répliques serviles des illustrations contenues
dans un autre exemplaire du Décaméron (2), celui-
ci plus ancien de date, et qui était déjà dans les col-
lections des ducs de Bourgogne avant que la copie,
aujourd’hui à l’Arsenal, eût été exécutée.

Paul Durbieu.

Dalmatien und seine Volkskunst, von Natalie
BrueK -Adffenberg. lr« livraison (8 p. de texte
ill., et 6 planches). AVien, A. Schroll. In-i.
Aujourd’hui, où tout ce qui fut traditions d’art
local se désagrège et disparait sous la poussée de
l’industrialisme et de la civilisation cosmopolite,
c’est une tâche digne de tous les éloges et de tous
les encouragements que d’essayer de maintenir ou
de sauver les restes vénérables des vieilles coutu-
mes, des parures, des ustensiles, des objets de toute
espèce intimement liés à la vie d’une race ou

(1) Je signalerai une inadvertance à corriger
dans le livre lorsqu’on en fera un nouveau tirage :
la figure 1 est prise, non pas du ms. latin 8850 de
la Bibl. Nat., mais du ms. latin 266 ; et le souverain
carolingien qu’elle représente est, en réalité, l’em-
pereur Lothaire.

2) Sur cet autre exemplaire, voir : Paul
Durrieu, Le plus ancien manuscrit de la traduc-
tion française du Décaméron (extrait des Comp-
tes rendus des séances de VAcadémie des Ins-
criptions et Belles-Lettres, 1909, p. 342 et suiv.).
 
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