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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 17 (23 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0141
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ET DE LA CURIOSITE

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intérieurs,, chaumes normands, exposées par M.
P. Bureau, semblent, à côté de la mâle ampleur de
Daumier, bien menues. Les meilleures font songer
à Decamps, mais aussi à une cuisine toute de sauce
et de garniture.

« D'après les Maîtres »

(Galerie Bernheim jeune)

Rien n’est triste comme le musée des copies à
l’École des Beaux-Arts; et rien n’est piquant, in-
téressant, comme cette exposition imaginée pour dé-
lasser le critique contrarié d’évaluer tant d’œuvres
originales. On n’y voit que des études faites pour
soi-même, au contraire de celles de l’École comman-
dées par les règlements. Elles sont de deux sortes :
imitations complètes des originaux, destinées à
pénétrer la technique des maîtres, et études libres ne
visant qu’à saisir l’esprit, l'économie des oeuvres.
Parmi les premières, celles de Courbet d’après
Hais, de Ingres d’après Poussin, de Fantin d’après
les Vénitiens; comme celles de M. Vallotton d’après
Durer, de M. Piot d’après les quattro centistes, et
de M. Baignères d’après van der Meer, ne laissent
deviner leurs auteurs que malgré eux et par suite
de ces manières, différentes pour chaque époque,
qui font reconnaître les copies romaines d’œuvres
grecques ou les bois sculptés de nos jours d’après
d’anciens modèles. Au contraire, quand Cézanne
transpose la Femme cl la mantille du Greco ou un
intérieur de van Ostade, quand M. Signac analyse
à l’aquarelle les Turner de Londres, quand M. O.
Redon prend Cézanne ou Delacroix comme motif
d’études, quand M. J. Flandrin s’intéresse à l’or-
chestration des Rubens et des Véronèse, nous
saisissons peut-être mieux que par des œuvres
originales le caractère propre à chacun des tra-
ducteurs, qu’ils cherchent un guide dans leurs
recherches, qu’ils vérifient une loi entrevue, ou
qu’ils demandent, comme van Gogh à Millet, sim-
plement un thème à variations.

D’autres encore, tels M. Renoir copiant Corot,
Degas et Bertlie Morisot copiant Véronèse, Hol-
bein et Reynolds, ont passé, comme malgré eux, de
l’une à l'autre conception et ont marqué leurs co-
pies de la liberté d’un travail d’après nature.

Ainsi peut-on juger tout ce que les artistes fran-
çais doivent à l’étude des maîtres et combien il est
regrettable qu’une réglementation tracassière, limi-
tant le travail à de trop rares heures et multipliant
les impedimenta, rebute d .'puis quelques années
les peintres soucieux de converser au Louvre,
palette en main, avec les maîtres.

« La Parisienne »

(Galerie J. Allard)

Ou dit beaucoup de mal des Parisiennes dans la
vertueuse Allemagne. Il est regrettable qu’une
telle exposition semble donner raison aux médi-
sances. Qu’on trouve au café-concert, au bar ou sur
les trottoirs boulevardiers un grand nombre de
demoiselles en quête de touristes allemands, et
telles que la plupart des exposants se sont plu à
en peindre, on ne songe pas à le nier. Mais il y a
d’autres Parisiennes pour nous autres Français.
M1U Mary Cassait et M. Renoir connaissent ces
êtres charmants. Ils s’isolent dans une assemblée
par trop gouailleuse, qui donne par ailleurs
l’occasion de constater une nouvelle fois combien
les charges de M. Veber sont au-dessous de leur

réputation. Le temps fera bientôt justice de ces à
peu près qui n’évoquent ni un type, ni un geste
vrai, ni même, comme le font pauvrement les
coloriages de M. Jean Béraud, une mode, la
silhouette caractéristique d’une saison,

Exposition Dufrenoy
(Galerie Druet)

Exposition Alexandre Urbain
(Galerie Blot)

La façon de peindre de M. Dufrenoy est plus
violente que sa façon de voir. Cette violence, qui
vient sans doute d’une joie saine à manier la cou-
leur largement, d’une hâte à consigner les harmo-
nies saisies, si elle fait parfois songer à l’aspect
extérieur de certains van Gogh, n’empêche qu’en
ses vues de Venise, de Paris et de la vallée du
Rhône, M. Dufrenoy ne se rapproche de la con-
ception pré-impressionniste du paysage, et plutôt
de Manet, quiaimaaussi les pilots vénitiens, que de
van Gogh. Il est bien évident, d’ailleurs, — et c’est
la qualité dominante de ses œuvres abondantes, —
que M. Dufrenoy s’abandonne sans préoccupations
extrinsèques à son heureux tempérament, ambitieux
seulement de pe.n Ire des images fidèles de la belle
nature.

Le voyage d'Italie qui a fourni à M. Urbain l’oc-
casion de peindre quelques jolies études ne l’a pas
rapproché non plus des impressionnistes. Mais
l’on sait qu’il ne considère pas, comme M. Dufre-
noy, l’étude directe comme le dernier but de son
art et qu’il exposa déjà des compositions de goût
classique. Il s’est plu, précisément, à rencontrer
au bord de la Méditerranée de ces paysages dont
on se dit qu’ils sont des fonds tout composés à des
scènes classiques, et il a pris des notes, souvent
très complètes, de ces beaux sites, devan lies quels
on comprend bien que là-bas, sous le tiède soleil,
on puisse se dire : « Pourquoi davantage? »

Exposition William Callow
(Galeries A. Tooth)

Exposition Jimenez

(Galerie des Artistes modernes)

Mort en 1903, à 96 ans, l’aquarelliste anglais
W. Callow exposa, au Salon de 1832, une aqua-
relle qui fut remarquée — 1e. procédé étant alors
peu connu. Il commença, vers cette époque, d’en-
seigner aux princes de la famille d’Orléans les
secrets de l’aquarelle. Il les connaissait admira-
blement et resta toute sa vie fidèle à cette façon
anglaise de comprendre l’aquarelle, comme une
sorte de science mystérieuse qui transforme la
feuille de wliatman en un tissu précieux, et le
paysage plus comme une création de l’imagination
littéraire que comme une imitation de la nature.
C’est pourquoi Callow, non sans discernement
d’ailleurs, réunissait en ses compositions les élé-
ment s les plus susceptibles, de parler à cette imagi-
nation, tels que ruines, ports de mer, châteaux au
bord de l’eau. Les, notes qu’il prit au bord de la
Loire, plus directes que ses grandes aquarelles,
sont d’une aimable inspiration.

M. Jimenez est beaucoup plus soucieux que
Callow d’être exact en ses intérieurs d’églises,
peints aussi à l’aquarelle, et ses qualités de des-
sinateur minutieux l’y servent mieux qu’en ses
paysages des bords de l’Oise.

J.-F. SCHXERB;.
 
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