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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 17 (23 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0143
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ET DE LA CURIOSITE

1S3

aussi, avec moins de longueur et de langueur,
avec tout autant de charme et de sérénité. Seule-
ment, je le sais, on ignore Mors et Vita, ou bien
on craint de l’admirer, parce que cette œuvre n’est
plus « à la mode », et parce que des critiques au
jugement étroit et à l’oreille peu musicienne ont
écrit sur Gounod des articles aussi extravagants
que pleins d’outrecuidance. Mais il serait temps
de rendre à César ce qui est à César. Je n’accuse
pas M. l’abbé Perosi de réminiscences ; lui-même
et son art sont à coup sûr très honnêtes, naïfs et
sincères ; mais, si je ne me trompe, il n’y a pas
lieu de s’ « emballer » à son sujet. Sachons voir les
œuvres à leurs plans véritables, et reconnaître les
artistes réellement originaux. Comprenons Berlioz,
n’oublions pas César Franck, ne rougissons pas
de Gounod. Je crains que M. l’abbé Perosi, dan3
•la paix de son âme, sous le beau ciel et devant les
1 aysages charmants de l’Italie, ne soit trop récon-
forté, trop optimiste, trop heureux et trop facile-
ment content de toute la musique qu’il écrit. Qu'il
me pardonne ce blasphème, mais il y a dans ses
œuvres quelque chose de l’ennuyeuse et monotone
félicité que l’on nous promet au Paradis.

*

* *

Dans la Seconde symphonie de M. Mahler il
faut mettre hors de pair la science et l’habileté de
l’écriture, la pureté et la solidité de l’orchestration.
Elle témoigne d’un effort considérable, énorme,
tilanesque. Atteint-elle son but? Y a-t-il là assez
de force musicale et de beauté véritable pour tout
ce déploiement de tessources instrumentales et
chorales, pour les dimensions très grandes des
« développements »? Autant qu’on en peut juger
d’après une seule audition, il me semble que non.

Certes je ne critiquerai jamais, a priori, l’emploi
des grosses sonorités, le désir de faire une œuvre
puissante, la tendance à voir ample et large. Mais
il faut pour cela que l’idée et la musique en vail-
lent la peine. La musique des Allemands modernes
fait plus de bruit et dure plus longtemps que celle
de leurs ancêtres, mais je ne puis m’empêcher de
la trouver moins belle et moins forte. Parfois elle
est brutale ; à d’autres moments elle vous inonde
d’une sensibilité débordante et sans profondeur ;
elle est bien faite, érudite, copieuse, cossue : ce
sont des entassements colossaux, bien construits
d’ailleurs, mais la plupart du temps sans beauté
véritable : tels les « Palaces » des <> Kursaals »
cosmopolites.

Et cependant, qui sait? de tous ces efforts vers
le colossal et le surhumain, peut-être sortira un
jour le chef-d’œuvre digne des anciens maîtres;
peut-être à l’heure actuelle est-il déjà écrit par
quelque Jean Christophe obscur.

Pour M. Mahler, si je no puis considérer sa
Seconde symphonie comme étant ce chef-d’œuvre,
il s’y trouve cependant, par endroits, de la beauté :
les premières mesures des chœurs et la péroraison
du finale, où toutes les forces de l’orchestre et des
voix s’unissent en une sonorité formidable. Atten-
dons d'ailleurs, pour juger équitablement la per-
sonnalité musicale de M. Mailler, d’en connaître
davantage; elle est si éloignée de nous que nous
risquerions peut-être, aujourd’hui, d’être injustes.
Réservons un peu nos jugements, et jugeons avec
modes’ic ; c’est un des premiers devoirs du cri-
tique.

Charles Kœchlin.

REVUE DES REVUES

Z L’Occident (novembre 1909). — L’œuvre
artistique du P. Besson, récemment étudiée dans
la Gazette (1; par M. A. Pératé, fournit à M. Mau-
rice Denis le sujet d'un article où l’on trouvera
d’intéressantes considérations sur la peinture re-
ligieuse au xixe siècle.

X Revue hebdomadaire (26 mars et 2 avril).—
On trouvera dans ces deux numéros le texte des
deux éloquentes causeries faites à la Société des
Conférences par M. André Michel sur Les Cathé-
drales de France, et par M. René Bazin sur Beux
peintres de Barbizon : Rousseau et Millet.

p Journal des Débats (5 avril). — De M. René
Bazin encore, un feuilleton plein d’observations
pénétrantes : A propos des portraits de Rem-
brandt.

O Les Arts (mars). — Articles de M. Henry
Marcel sur la récente Exposition de la Société in-
ternationale de la peinture à l’eau (11 reprod.) ; —
de M. Ch. Saunier sur l’expositionde M1U Louise-G.
Breslau (8 reprod.); — de M. G. Mourey sur des
décorations de M. Jean Veber pour le boudoir do
Mme E. Rostand, à Cambo (7 reprod.); — de M.
Maurice Hamel sur Les Peintres de la basse-
cour (6 reprod. d’après F. Snyders, Cornelia do
Rijck et Melchior d’Hondecoeter) ; — de M. J.-ô.
Kronig sur deux tableaux de maîtres primitifs
néerlandais, un Christ bénissant, de Memling, et
une Madone entourée de vierges, d’un maître in-
connu, conservés dans la collection de S. M. le roi
de Portugal (2 reprod.); — de M. A.-J. Rusconi sur
l’incident récent de la Niobide que se disputaient
Rome et Milan (2).

BIBLIOGRAPHIE

Paris, Reliques du Passé (premier album). Un
album, petit in-4° de six planches, par Henri
Toussaint, avec une invocation par Henry Ha-
vard. En vente chez l’auteur, 7, avenue de la
Grande-Armée.

Henri Toussaint, Henry Hasard! La publi-
cation d’un riant album d’estampes réunit ces deux
noms et reconduit notre souvenir vers le graveur
et vers l’écrivain, tous deux également aimés.
Nous avons tous présents à l’esprit les travaux
d’esthétique, d’histoire et de critique qui valurent
à Henry Havard une renommée mondiale. Quant
à Henri Toussaint on n’a oublié ni le concours
qu’il prêta jadis à Cadart, ni sa collaboration
marquante à cette revue de l'Art, dont la fortune
fut variable, mais qui connut la gloire, durant la
période éphémère où Ghauvel présida à ses desti-
nées artistiques. C’est par les eaux-fortes origi-
nales évoquant Paris dans la diversité de ses
aspects, que M. Toussaint s’était imposé ; la capi-

(1) Livraison de février dernier.

(2) V. Chronique des Arts du 5 février 1910, p.45.
 
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