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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 18 (30 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0151
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ET DE LA CURIOSITÉ

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liélas! les Muses no parlent plus dans aucune
école de peinture, et les nombreuses Anglaises et
Américaines qui exposent à Y Inter n ational Union,
aussi bien que les Françaises, n'ont appris dans les
Académies qu'à perdre l’honnête ingénuité des
débutantes et à la remplacer par la complication
prétentieuse des élèves trop dociles. Alors qu’une
direction intelligente groupe autour du Conserva-
toire une pléiade de bons musiciens, au quai
Malaquais les porte-parole des Muses sont
à peine capables d’être des professeurs, et
chaque concours nouveau montre à quel incroyable
niveau s’abaisse l’esprit de l’établissement natio-
nal. Les étrangers qui dédaignent l’Ecole se tour-
nent malheureusement vers L’art opportuniste de
la Société Nationale. Les résultats de cette influence
sont, de jour eu jour, plus déplorables et plus
inquiétants pour le renom de notre art.

Exposition Gauguin
(Galerie Vollard)

Peu nombreuses, mais importantes, ces œuvres
de Gauguin, qui vont de 1888 à 1902, représentent
très bien l’évolution de l’artiste. Gauguin est si
séduisant, par sa couleur, par son imagination exo-
tique, et d'autre part si surprenant par certaines
recherches archaïsantes qui semblent trop unique-
ment commandées parle raisonnement, qu’il arrive
que l’admiration pour lui puisse osciller assez lar-
gement. A mesure qu’on l’imite, pourtant, et que
les outranciers nous encombrent, sa peinture
semble, par opposition avec leur grossièreté, plus
nuancée, plus raffinée. Sans doute elle s’est calmée
déjà sous les années, mais une bonne partie de son
charme semble venir d’une douceur caressante qui
présente les hardiesses — les tons plats, les dé-
formations — avec cette haute polites-e qu’ont les
convictions sérieuses. Et puis, — et cela se sent et
est difficile à montrer, — ce Gauguin, qui avait peut-
être l’ambition d’être un prophète, se sentait un
pécheur, un homme faillible : il hésitait, il n’appli-
quait pas ses théories avec une rigidité vaniteuse;
dans la même toile, on le voit suivre deux partis
différents, balancer entre la synthèse ornementale
et la description. Est-ce sa faiblesse ou sa force?
Je ne sais ; mais il me semble que c’est pour le
faire aimer.

Exposition B. Bobo a
(Galerie Clovis Sagot)

Si Gauguin était responsable de la peinture de
B. Roboa, il en serait difficilement pardonné.
Voyez ces natures mortes où se devinent quelques
fruits, ces monceaux de couleurs qui combinent
parfois des sonorités point désagréables; quel élat
d’esprit a pu les produire'? Quelle époque a pu les
provoquer? Ignorance académique d’une part et,
de l’autre, présomption individualiste, exaspérée,
voilà votre œuvre.

Exposition Girap.det
(Galerie Brunner)

Exposition Jean Rémond
(Galerie Georges Petit)

Expositions A.-W. Davidson et Richard-Trongin
(Galerie Hessèle)

Girardet eut raison d’exercer en Orient sa mi-
nutie modeste. Quelques paysages exécutés en
France ne sauraient arrêter le regard, mais les

mosquées du Caire, les caravanes dans le sable
doré par le couchant, la porte de Damas, pour-
raient intéresser les voyageurs connaissant ces
parages et les sédentaires qui les imaginent.

M. Jean Rémond, comme M. Lebourg, sacrifie
la forme à la couleur, mais la couleur de M. Le-
bourg est harmonisée avec une tendresse subtile
et la brume n’e 4 pour lui qu’un prétexte à raffi-
nements chromatiques, au lieu quepour M. Rémond
elle est une trop commode façon de supprimer les
détails, sous une couleur assez conventionnelle.
M. Lebourg expose, en même temps que ses pein-
tures, des crayons noirs — paysages et portraits
— qui font regretter qu’il ait passionnément sa-
crifié à l’atmosphère colorée et que, connaissant le
langage des valeurs, il n’ait parfois refusé de s’en
servir.

M. Davidson connaît Paris comme un étranger,
et par leur composition et leur tonalité ses petites
aquarelles donnent une impression vraie des coins
de la ville qu’il a choisis. IVIais on souhaiterait que
les éléments en fussent mieux définis.

Experte en élégance, Mm* Richard-Troncin sait
garder à ses modèles féminins leur aristocratique
souplesse et leur physionomie moderne.

Société d’Art français
(Galerie Matesherbes)

Il y a peu d'œuvres en cette Société d’où les
mises indécentes ont été heureusement exclues, qui
ne présentent, à défaut de talent imposant, une
recherche accomplie avec une chaleur juvénile.

Ainsi M. Chénard Huclié en ses paysages pro-
vençaux; MM. Dussouchet, Jean-Paul Laffite et
Rouart, en leurs pastorales, ainsi M1U Gobil-
lard et MM. Klingsor, Janiot, Lacoste font preuve
d’imagination délicate et de goût affiné tandis que
le sculpteur Bourclelle, président, consacre à M.
Rodin un hommage athlétique.

J.-F. Schnerb.

Académie des Beaux-Arts

Séance du 23 avril

Concours de Rome. — Ont été admis à entrer en
loge pour prendre part au concours définitif pour
le grand-prix de Rome (sculpture) :

MM. 1. Delfoly (élève de M Goutan); 2. Lejeune
(élève de MM. Thomas et Injalberl); 3. Gassou
(élève de M. Goutan); 4. Ponsard (élève de
MM, Thomas et Injalbert); 5. Ebstein (élève de
MM. Barrias, Goutan et Injalbert); 6. Sarrabe-
zolles (élève de MM. Mercié et Marqueste); 7.
Mlle Heuvelmans (élève de MM. Marqueste et Ilan-
naux); 8. MM. Silvestre (élève de MM. Mercié et
Cariés); 9. Mathey (élève de MM. Injalbert et
Hannaux); 10. Moncassin (élève de M. Mercié).

Élection. — M. Despradelle, architecte français,
résidant à Boston, a été élu correspondant do
l’Académie (section d’architecture), en remplace-
ment de M. Wbitney Warren, élu associé étranger
le 24 avril 1909. Le nouvel élu, qui a obtenu le
second prix de Rome en 1880, a remporté le troi-
sième prix dans le concours international pour la
construction de l’Université de Berkeley.

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