ET DE LA CURIOSITÉ
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sente un personnage vêtu de la toge et dont la tête
couverte prouve qu’il s’agit d’un sacrificateur. Sa
conservation parfaite a permis de l'identifier aus-
sitôt par la comparaison avec la statue dite de
Primaporta, aujourd’hui au Vatican : il s’agit
d’Auguste. Peut-être le corps appartenait-il d’abord
à un autre personnage. Mais l’obscurité de la cave
où se trouve encore cette statue permet mal une
observation attentive. En tout cas déjà l’Etat ita-
lien émet des prétentions ; le ministre, en vertu
de l’article 18 de la loi du 20 juin 1909, qui attribue
à l’Etat la moitié du produit des fouilles et lui
accorde le droit de préemption, refuse au proprié-
taire du sol, M. Partini, l’autorisation de trans-
porter la statue où bon lui semble et prétend la
faire déposer au musée des Thermes. Les journaux
soutiennent les revendications de l’Etat et le
Giornale d'Italia défend « la doctrine juridique
qui tend à établir que son droit de propriété sur
les œuvres découvertes est plein, absolu et impres-
criptible ». Verrons-nous une nouvelle querelle de
la Niobide?
A l’église de Santa Maria in Aracœli, on con-
naissait depuis longtemps l’existence, sous une
mauvaise peinture de Pasquale de Rossi, d’une
mosaïque médiévale. On savait qu’elle représentait
la Vierge entre quelques saints, avec la figure du
donateur. Les uns estimaient que ce donateur était
Giovanni Gapocci, sénateur de Rome en 1254 ; les
autres, comme G.-B. de Rossi, qu’il s’agissait de
Giovanni Golonna, sénateur en 1808. Le fait que
la mosaïque provenait de la chapelle Golonna
semblait donner raison à ce dernier. Sur la proposi-
tion du Dr Munoz, la surintendance des monu-
ments a fait détacher cette mosaïque qui, restaurée
et encadrée, a pris place dans la même chapelle de
Santa Rosa da Viterbo où elle se trouvait cachée.
La Vierge tient l’Enfant Jésus et est assise sur un
trône ; à droite est saint Jean-Baptiste et à gauche
saint François ; Giovanni Golonna est à genoux
revêtu des habits de sénateur. Cette mosaïque
semble bien dater des débuts du quatorzième
siècle. On l’a rapprochée de la mosaïque qui orne
le monument du cardinal Durante à la Minerva et
qui fut exécutée peu après 1300. On pourrait aussi
la comparer à celle de Pietro Gavallini dans l’ab-
side de Santa Gecilia au Transtévère, où la Vierge
est de même entourée de deux saints et du dona-
teur, qui était fils du majordome de Nicolas IV.
Gomme ce pape régna de 1288 à 1294, la mosaïque
est contemporaine de celle de la Minerva.
L. H.
REVUE DES REVUES
— Journal des Débats (1er juillet). — M. André
Ilallays consacre son feuilleton hebdomadaire au
nouveau Louvre, et trace un intéressant tableau de
ce que fut l’œuvre de Visconti et de Lefuel, trop
dédaignée parfois.
+ Mercure de France (1er juillet). — M. Gas-
ton Varenne étudie en quelques pages expressives
d’après le recueil des Ecrits pour l’art commenté
ici même dans un de nos derniers numéros, La
Pensée et l’art d’Emile Gallé, et montre en cet
artiste, dont l’œuvre est exposée en ce moment au
musée Galbera, « un de ceux à qui revient le mé-
rite d’avoir rappelé avec le plus d’éloquence per-
suasive à notre époque, quelle est la mission de
l’artiste, d’avoir le mieux défini son rôle social ».
BIBLIOGRAPHIE
Die altdeutsche Malerei. 200 Nachbildungen,
mit geschichtliclier Einfuhrung und Erlæu-
terungen von Ernst Heidrich. Jena, E. Diede-
rich, 1909. Un vol. in-4°, 276 p., avec 200 pl.
(Coll. Pie Kunst in Bildern.)
Die Anfænge der Tafelmalerei in Nürnberg,
von Cai’l Gebhardt. Strassburg, Heitz, 1908.
Un vol. in 8°, 203 p., avec 34 planches. (Coll.
Studien zur deutschen Kunstgeschichte.)
Die altdeutsche Malerei in Salzburg, von Otto
Fischer. Leipzig, Hiersemann, 1908. Un vol.
in-4°, 225 p., avec 25 planches. (Coll. Kunstge-
schichtliche Monographien.)
L’étude de plus en plus répandue de l’histoire
de l’art a fait surgir, ces temps derniers, outre de
nombreux manuels et les séries de monographies
d’artistes maintes fois signalées ici, des albums
d’images où l’enseignement est fourni par la
simple reproduction des œuvres d’un même artiste
ou d’une période, ou de toutes les époques de
l’art. L’ouvrage de M. E. Heidrich consacré à la
peinture primitive allemande (premier d’une série
qui donnera ainsi toute l’histoire de l’art en images)
est, ainsi qu’on pouvait s’y attendre de la part de
son auteur, un des meilleurs recueils de ce genre,
par l’abondance de la documentation, où aucun
maître important n’est oublié, et par le choix judi-
cieux des œuvres. On a li, dans ces 200 gravures
de pleine page, un résumé parfait de l’évolution de
l’art allemand, depuis les artistes colonais du début
du xv* siècle jusqu’à Holbein, dans chacune des
écoles : de Cologne, d’A’sace et du Rhin, do
Suisse, de Salzbourg, du Tyrol, de Bavière,
d’Ulm, d’Augsbourg, de Nuremberg. Une impor-
tante et substantielle introduction historique,
suivie d’un tableau synoptique des diverses écoles,
précède ces 200 planches, que suivent de pré-
cieuses notes historiques et descriptives sur les
œuvres représentées.
Aux travailleurs qui désireraient ensuite appro-
fondir l’histoire et les caractéristiques de quelques-
unes des écoles régionales d’Allemagne, deux
autres récents volumes peuvent être offeits comme
complément. L’un, dû à M. Cari Gebhardt, publié
dans cette utile collection des Etudes sur l'his-
toire de l'art allemand où avaient déjà paru,
entre autres, le Friedrich Berlin et le Hans
Schüchlin de M. F. Haack, et la Hans Multscher
de M. Stadler, reprend la question des débuts
de l’école de Nuremberg, déjà souvent traitée,
et grandement élucidée par M. H. Thode dans
son ouvrage capital : Malerschule von Nürn-
berg im xiv. und xv. Jahrhundert. Après lui,
M. Gebhardt essaie d'en compléter et d’en pré-
ciser les détails en classant par styles successifs,
dont il tente de définir les auteurs, les nombreux
retables sortis des ateliers nurembergeois et dis-
persés dans les églises de la ville ou les musées
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sente un personnage vêtu de la toge et dont la tête
couverte prouve qu’il s’agit d’un sacrificateur. Sa
conservation parfaite a permis de l'identifier aus-
sitôt par la comparaison avec la statue dite de
Primaporta, aujourd’hui au Vatican : il s’agit
d’Auguste. Peut-être le corps appartenait-il d’abord
à un autre personnage. Mais l’obscurité de la cave
où se trouve encore cette statue permet mal une
observation attentive. En tout cas déjà l’Etat ita-
lien émet des prétentions ; le ministre, en vertu
de l’article 18 de la loi du 20 juin 1909, qui attribue
à l’Etat la moitié du produit des fouilles et lui
accorde le droit de préemption, refuse au proprié-
taire du sol, M. Partini, l’autorisation de trans-
porter la statue où bon lui semble et prétend la
faire déposer au musée des Thermes. Les journaux
soutiennent les revendications de l’Etat et le
Giornale d'Italia défend « la doctrine juridique
qui tend à établir que son droit de propriété sur
les œuvres découvertes est plein, absolu et impres-
criptible ». Verrons-nous une nouvelle querelle de
la Niobide?
A l’église de Santa Maria in Aracœli, on con-
naissait depuis longtemps l’existence, sous une
mauvaise peinture de Pasquale de Rossi, d’une
mosaïque médiévale. On savait qu’elle représentait
la Vierge entre quelques saints, avec la figure du
donateur. Les uns estimaient que ce donateur était
Giovanni Gapocci, sénateur de Rome en 1254 ; les
autres, comme G.-B. de Rossi, qu’il s’agissait de
Giovanni Golonna, sénateur en 1808. Le fait que
la mosaïque provenait de la chapelle Golonna
semblait donner raison à ce dernier. Sur la proposi-
tion du Dr Munoz, la surintendance des monu-
ments a fait détacher cette mosaïque qui, restaurée
et encadrée, a pris place dans la même chapelle de
Santa Rosa da Viterbo où elle se trouvait cachée.
La Vierge tient l’Enfant Jésus et est assise sur un
trône ; à droite est saint Jean-Baptiste et à gauche
saint François ; Giovanni Golonna est à genoux
revêtu des habits de sénateur. Cette mosaïque
semble bien dater des débuts du quatorzième
siècle. On l’a rapprochée de la mosaïque qui orne
le monument du cardinal Durante à la Minerva et
qui fut exécutée peu après 1300. On pourrait aussi
la comparer à celle de Pietro Gavallini dans l’ab-
side de Santa Gecilia au Transtévère, où la Vierge
est de même entourée de deux saints et du dona-
teur, qui était fils du majordome de Nicolas IV.
Gomme ce pape régna de 1288 à 1294, la mosaïque
est contemporaine de celle de la Minerva.
L. H.
REVUE DES REVUES
— Journal des Débats (1er juillet). — M. André
Ilallays consacre son feuilleton hebdomadaire au
nouveau Louvre, et trace un intéressant tableau de
ce que fut l’œuvre de Visconti et de Lefuel, trop
dédaignée parfois.
+ Mercure de France (1er juillet). — M. Gas-
ton Varenne étudie en quelques pages expressives
d’après le recueil des Ecrits pour l’art commenté
ici même dans un de nos derniers numéros, La
Pensée et l’art d’Emile Gallé, et montre en cet
artiste, dont l’œuvre est exposée en ce moment au
musée Galbera, « un de ceux à qui revient le mé-
rite d’avoir rappelé avec le plus d’éloquence per-
suasive à notre époque, quelle est la mission de
l’artiste, d’avoir le mieux défini son rôle social ».
BIBLIOGRAPHIE
Die altdeutsche Malerei. 200 Nachbildungen,
mit geschichtliclier Einfuhrung und Erlæu-
terungen von Ernst Heidrich. Jena, E. Diede-
rich, 1909. Un vol. in-4°, 276 p., avec 200 pl.
(Coll. Pie Kunst in Bildern.)
Die Anfænge der Tafelmalerei in Nürnberg,
von Cai’l Gebhardt. Strassburg, Heitz, 1908.
Un vol. in 8°, 203 p., avec 34 planches. (Coll.
Studien zur deutschen Kunstgeschichte.)
Die altdeutsche Malerei in Salzburg, von Otto
Fischer. Leipzig, Hiersemann, 1908. Un vol.
in-4°, 225 p., avec 25 planches. (Coll. Kunstge-
schichtliche Monographien.)
L’étude de plus en plus répandue de l’histoire
de l’art a fait surgir, ces temps derniers, outre de
nombreux manuels et les séries de monographies
d’artistes maintes fois signalées ici, des albums
d’images où l’enseignement est fourni par la
simple reproduction des œuvres d’un même artiste
ou d’une période, ou de toutes les époques de
l’art. L’ouvrage de M. E. Heidrich consacré à la
peinture primitive allemande (premier d’une série
qui donnera ainsi toute l’histoire de l’art en images)
est, ainsi qu’on pouvait s’y attendre de la part de
son auteur, un des meilleurs recueils de ce genre,
par l’abondance de la documentation, où aucun
maître important n’est oublié, et par le choix judi-
cieux des œuvres. On a li, dans ces 200 gravures
de pleine page, un résumé parfait de l’évolution de
l’art allemand, depuis les artistes colonais du début
du xv* siècle jusqu’à Holbein, dans chacune des
écoles : de Cologne, d’A’sace et du Rhin, do
Suisse, de Salzbourg, du Tyrol, de Bavière,
d’Ulm, d’Augsbourg, de Nuremberg. Une impor-
tante et substantielle introduction historique,
suivie d’un tableau synoptique des diverses écoles,
précède ces 200 planches, que suivent de pré-
cieuses notes historiques et descriptives sur les
œuvres représentées.
Aux travailleurs qui désireraient ensuite appro-
fondir l’histoire et les caractéristiques de quelques-
unes des écoles régionales d’Allemagne, deux
autres récents volumes peuvent être offeits comme
complément. L’un, dû à M. Cari Gebhardt, publié
dans cette utile collection des Etudes sur l'his-
toire de l'art allemand où avaient déjà paru,
entre autres, le Friedrich Berlin et le Hans
Schüchlin de M. F. Haack, et la Hans Multscher
de M. Stadler, reprend la question des débuts
de l’école de Nuremberg, déjà souvent traitée,
et grandement élucidée par M. H. Thode dans
son ouvrage capital : Malerschule von Nürn-
berg im xiv. und xv. Jahrhundert. Après lui,
M. Gebhardt essaie d'en compléter et d’en pré-
ciser les détails en classant par styles successifs,
dont il tente de définir les auteurs, les nombreux
retables sortis des ateliers nurembergeois et dis-
persés dans les églises de la ville ou les musées