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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 27 (30 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0224
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214

LA chronique des arts

Siena. Studien in der Gemældegalerie der
Akademie (96 p. av. 56 pl.) ; — Sodoma und
das Ginquecento in Siena. Studien in der
Gemældegalerie zu Siena (130 p. av. 54 pl.).
— Strassburg, Heitz, in-4°. (Coll. « Zur Kunstge-
schichte des Auslandes »).

L’école siennoise a été longtemps tenue dans
un injuste mépris: l’importance et l’éclat des pro-
ductions florentines ou vénitiennes absorbaient, à
son détriment, l’attention même des meilleurs
historiens, insensibles à ce que M. Pératé a si
bien défini « sa grâce raffinée et candide tout
ensemble, alanguie et nerveuse, parfois enfantine
et vieillotte, éclairée de lumineuses visions (1) ».
Après les historiens américains et anglais Beren-
son, Langton Douglas, F. Mason Perkins, qui
contribuèrent à la remettre en honneur, un cri-
tique danois dont nos lecteurs ont déjà eu l’occa-
sion d’apprécier la science et la sagacité, M. Emil
Jacobsen, en a fait le sujet d’une étude détaillée,
en prenant pour base, outre les oeuvres qui figu-
rèrent à l’Exposition d’ancien art siennois en 1904,
celles que conserve la galerie de peinture de
l’Académie de Sienne, depuis le tableau d’autel
daté 1215, tout pénétré d’influences byzantines,
qui marque dans ce musée le point de départ de
l'école, jusqu’aux productions du xvie siècle où
celle-ci s’étiole et meurt. Tour à tour Margaritone
d’Arezzo, Guido de Sienne, Duccio, Segna di Tura,
Simone Martini, Lippo Memmi, Ambrogio et
Pietro Lorenzetti, Andrea di Yanni, Bartolo di
Fredi, Luca Thomé, Taddeo Bartoli, Paolo di
Giovanni, Giacomo di Mino, Bartolommeo di
Nutino et Barna pour les xme et xive siècles ;
au xv6, Martino di Bartolommeo, Domenico di
Bartolo, le charmant Sassetta, le fécond Sano di
Pietro, Pietro di Giovanni (dont l’admirable por-
trait de Saint Bernardin, d’une intensité d’ex-
pression extraordinaire, surgit, parmi les autres
productions de l’école, comme un chef-d’œuvre
inattendu de réalisme), Giovanni di Paolo, Yec-
chietta, Pellegrino Mariano Rossini, Matteo di
Giovanni, Benvenuto di Giovanni, Andrea di
Niccolo, Neroccio, Francesco di Giorgio, etc.,
artistes bien personnels en qui l’école donne sa
pleine floraison ; au xvi6 siècle enfin, où elle
languit, incapable de s’adapter à l’esprit nouveau
de la Renaissance, des peintres moins originaux
que domine la figure du séduisant Sodoma venir
leur infuser un sang nouveau, — ont étudiés en
détail avec une érudition et une acuité de sens
critique qui font de ces trois volumes une mono-
graphie de la peinture siennoise que ne devront
pas manquer ds consulter les historiens de l’art
italien. Un chapitre annexe sur les peintures
non siennoises de la galerie complète l’ouvrage.

A. M.

NEGROLOGIE

Léopold Delisle

Nous avons le très vif regret d’enregistrer la
mort d’un des savants les plus considérables dont
s’enorgueillissait notre pays : M. Léopold Delisle,
membre de l’Académie des Inscriptions, ancien ad- 1

(1) Histoire de l’art, publiée sous la direction
de M. André Michel, t. III.

ministrateur de la Bibliothèque Nationale, décédé
subitement le 22 juillet au château de Chantilly où
il s’était rendu comme administrateur du Musée
Condé.

Né_à Valognes (Manche), le 24 octobre 1826, élève
de l’École des Chartes de 1846 à 1849, M. Delisle
était entré tout de suite comme employé au dépar-
tement des manuscrits de la Bibliothèque Natio-
nale où il devait acomplir toute sa carrière et où
sa personnalité devait avoir une influence consi-
dérable. Nommé succèssivement conservateur
en 1871, puis administrateur général en 1871, ses
rapports officiels sur la situation de laBibliothèque,
ses «inventaires» des diverses collections du dépar-
tement des manuscrits, ses notices descriptives
sur les plus curieux de ces manuscrits, constituent
aujourd’hui une source précieuse de renseigne-
ments importants. Ce fut lui qui tira du chaos le
département des imprimés en assurant l’exécution
puis 1’impression du répertoire de cet immense
dépôt. Mais au moment où sa verte vieillesse en-
trevoyait comme prochain le couronnement de son
œuvre, on sait comment, en 1905, le ministre de
l’Instruction publique le remercia, du jour au len-
demain, de ses services éminents.

Il avait été dès 1857, à l’âge de trente et un ans,
et n’étant que simple bibliothécaire, élu par l’Aca-
démie des Inscriptions et Belles-lettres en rem-
placement d’Eugène Quatremère. M. Delisle était
donc actuellement le doyen des membres de
l’Institut de France.

Doué d’une puissance très grande de travail,
d’une curiosité d’esprit inépuisable, secondé admi-
rablement dans sa tâche par une femme qui par-
tageait ses goûts, la fille aînée d’Eugène Burnouf,
Léopold Delisle a travaillé sans cesse pendant
plus de soixante ans, jusqu’à sa dernière heure.
L’avant-veille de sa mort l’Académie recevait
encore de lui un dernier mémoire. Son œuvre
historique, où l’érudition et le souci du détail le
disputent à la clarté de l’exposition et à l’élégance
du style, est composée d’un millier de brochures,
qui se joignent à un nombre respectable de vo-
lumes in-8° ou in-4°, sans, compter quelques in-
folio. L’une de ces œuvres, Sur la condition de
la classe agricole et l'état de l’agriculture en
Normandie au Moyen âge, lui avait valu le
grand prix Gobert. Il a publié dans notre Ga-
zette, en 1884, une importante étude sur Les Livres
d'LIeures du duc de Berry.

Considéré depuis longtemps comme le maître
des études médiévales en France, sa renom-
mée était, non seulement européenne, mais, on
peut le dire sans exagération, véritablement mon
diale. Membre associé ou correspondant des Aca-
démies et Sociétés savantes de France et de l’étran-
ger, grand-cfficier de la Légion d’Honneur, il avait
reçu de l’empereur d’Allemagne la haute consécra-
tion que comporte la Médaille pour le Mérite, et
c’est à une sorte d’attention personnelle pour lui
que la Bibliothèque dut, en 1907, de recevoir en
don du roi d’Angleterre le fragment complétant
le manuscrit des Antiquités judaïques enluminées
par notre Jean Fouquet.

La semaine dernière a péri accidentellement
en Indo-Gliine, dans les rapides du Mékong, un
archéologue de valeur, le général L. de Beylié,
correspondant de l’Académie des Inscriptions. Il
était né à Strasbourg en 1849. Ses nombreux
 
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