La chronique des arts et de la curiosité (1910)

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JLA chronique des arts

Mellier (31 grav.); —Légendes de Provence,
par J. Charles-Roux (2C0 fig.). — Paris, Blond
et Cie. In-8° (Bibliothèque rôgionaliste).

Toledo, par Max von Bgei-xn (44 grav.) ; —Brüssel,
von Fritz Stai-il (54 grav.)Leipzig, Klinkhardt
et Biermann. In-8° (Coll. Stætten der Kultur).
Belgique et Hollande, y compris le Luxem-
bourg ; manuel du voyageur, par Karl Baede-
ker, 19e édit. Leipzig, K. Baedeker ; Paris, P.
Ollendorff. In-16, avec cartes et plans.

La liste déjà longue des volumes parus dans les
diverses collections françaises ou étrangères de
« Villes d’art » continue de s’accroître régulière-
ment, témoignage de la faveur justifiée qui s'atta-
che à ces monographies de villes illustrées par les
souvenirs d’histoire et d’art.

Cinq nouveaux ouvrages, depuis un an, ont enri-
chi la série des Villes d'art célèbres, qui comprend
actuellement 46 volumes. L’éditeur a fait appel,
comme d’habitude, pour les écrire, aux histo-
riens les plus justifiés par leurs travaux anté-
rieurs et leurs connaissances spéciales. C’est
M. Pierre de Bouchaud, familier avec l’histoire
des xv° et xvi* siècles, qui nous présente Bologne,
nous retrace le tableau de son développement,
parvenu à son apogée au xve siècle sous la domi-
nation des Bentivogli, étudie successivement les
•églises, les nombreux palais, les oeuvres des sculp-
teurs (notamment le magnifique tombeau de Saint-
Dominique par Nicolo Pisano et Nicolo dell’Arca,
les créations de Jacopo délia Quercia à San Pe-
tronio et à San Jacopo), enfin les productions des
peintres : Primitifs du xiv° siècle, et aux xve, xvi°
et xvii0 siècles, Ercole Roberti, F. Cossa, Lorenzo
Costa, Francia, les Garraclie, le Dominiquin,
Guido Reni, l’Albane, le Guerchin.

M. Henri Cagnat, qui, par ses missions, ses pu-
blications, les travaux qu’il dirige, s’est fait une
spécialité delà connaissance de l’Afrique du Nord,
nous donne le tableau de trois civilisations dis-
parues en trois cités jadis florissantes et dont il
ne reste plus aujourd’hui que des ruines : Car-
thage, foyer de la civilisation punique ; Timgad, type
le plus caractéristique de la civilisation romaine ;
Tebessa, dont les édifiées montrent la civilisation
byzantine. De nombreuses illustrations, pour la
plupart inédites, complètent éloquemment cette
résurrection captivante.

Avec le volume sur Cracovie, nous rentrons dans
la civilisation moderne. La Gazette, par la plume de
M. L. Fournier, et tout récemment, de M. Réau, a
déjà retracé le développement de l’art dans la vieille
capitale des Jagellons. Mme Marie-Anne de Bovet
l’expose à son tour de façon plus développée, mê-
lant aux souvenirs de l’art ceux de l’histoire en
une évocation pleine de pénétrante compréhension
de l’âme polonaise et de la grâce fière de cette cité
endormie dans la majesté de ses nobles souvenirs.

Ce sont surtout aussi deux cités du passé que
Troyes et Provins, les deux anciennes résidences
des comtes de Champagne. Le volume que vient
de leur consacrer un érudit Champenois bien placé
et tout désigné pour en parler comme il convenait,
M. Lucien Morel-Payen, conservateur de la Bi-
bliothèque de Troyes, auteur déjà d’un excellent
Guide à Troyes et dans le département de l’Aube
signalé ici même, comptera parmi les meilleurs et
les plus séduisants de cette collection, par la pré-
cision et la sûreté de la documentation, le charme
du style, l’intérêt de l’illustration. La ville, au passé

I si riche en souvenirs, qui conserve encore, parmi
ses vieilles rues pittoresques, tant de belles églises
gothiques et Renaissance, entre lesquelles se dé-
tache cet illustre joyau Saint-Urbain ; la cité qui
fut le centre d’une école de sculpture si per-
sonnelle dont le chef-d’œuvre est l’admirable
Sainte Marthe de l’église Sainte-Madeleine —
Provins, ensuite, avec sa physionomie moyen-
âgeuse, ses remparts, sa Tour de César, sa Grange
aux dîmes, son hôpital fondé par Thibaut IV, ses
églises Saint-Quiriace et Saint-Ayoul, revivent
dans ces pages écrites avec amour, qui constituent
une monographie modèle comme nous voudrions
en voir consacrer à toutes nos anciennes provinces.

La Bibliothèque rêgionaliste se propose, juste-
ment, comme nous l’avons déjà dit, d’entretenir le
culte de ce passé provincial de notre pays. Entre
plusieurs nouveaux volumes publiés par elle, trois
ont trait spécialement à l’archéologie et à l’art :
Vienne, Valence, et Les Légendes de Provence.
Le premier est dû àM. J. Charles-Roux, auteur des
précédents volumes sur Aix-en-Provence, Nîmes et
Fréjus. Il y fait revivre toute l’histoire de l’an-
cienne cité antique, jadis si florissante, et dont
notamment le Temple d’Auguste et la Vénus
accroupie du Louvre sont des restes si précieux;
puis de la ville aux temps chrétiens, avec sa pa-
rure d’autres monuments non moins célèbres :
cathédrale Saint-Maurice, mausolée du cardinal
de La Tour d’Auvergne, par R.-M. Slodtz, vieilles
maisons Renaissance, etc.

Mm° Jeanne de Flandreysy, en collaboration avec
M. Etienne Mellier, a écrit la monographie de Va-
lence dans lo même esprit, racontant l’histoire de
la ville, décrivant ses monuments, étudiant aussi
les œuvres d’art du musée, parmi lesquelles deux
sanguines de Hubert Robert, des dessins de
Léonard et de Parmesan ont fait l’objet de jolies
reproductions.

Enfin, M. J. Charles-Roux, encore, après avoir
donné naguère, dans cette même collection, l’his-
toire du costume en Provence, nous conte aujour-
d’hui, dans un charmant volume, les multiples
légendes qui sont liées à l’histoire de ce pays et
ont inspiré ses écrivains et ses artistes : légendes
ayant trait aux héros païens des origines, puis
aux héros sacrés, comme les saintes Maries, sainte
Marthe et la Tarasque, sainte Madeleine péni-
tente, etc. ; enfin, aux figures des romans cheva-
leresques et des chansons populaires. Toute la
Provence revit dans ces poétiques récits, où les
amateurs de traditions trouveront un élément im-
portant de folklore régional, et qu’illustrent quan-
tité d’illustrations.

La collection allemande des Stætten der Kultur
a, de son côté, publié récemment sur Tolède et
Bruxelles deux volumes qui se font remarquer,
comme les précédents, par leur présentation pleine
de goût et leurs qualités sérieuses d’érudition. Le
premier a pour auteur M. Max von Bœhn. A côté
de l’histoire et de la description de la ville, que de
belles illustrations concourent à évoquer dans son
aspect tragique, une place importante y est faite
à la figure qui en est comme l’incarnation ; celle
de l’âpre et mystique Greco, dont les œuvres les
plus caractéristiques sont reproduites.

Dans son volume sur Bruxelles, M. Fritz Stahl a
cherché surtout à donner aux visiteurs allemands
de l’Exposition actuellement ouverte dans la capi-
tale belge un guide historique et artistique, à la