La chronique des arts et de la curiosité (1910)

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LA CHRONIQUE DES ARTS

*** On vient de remplacer, à l’hôtel des
Invalides, la statue monumentale en plâtre
de Napoléon Ier, qui depuis plus de cinquante
ans se trouvait dans la cour d’honneur, sous
l’horloge, par l’original en bronze de cette
même statue, œuvre du sculpteur Seurre, qui
couronnait jadis la colonne Vendôme, où elle
avait remplacé en 1833 le Napoléon en empe-
reur romain déboulonné sous la Restauration,
et auquel, en 1864, on substitua un nouvel em-
pereur romain, qui fut renversé à son tour
par la Commune avec la colonne. La statue
de Seurre avait été transportée au rond-point
de Courbevoie et de là au Dépôt des marbres.

L’hôtel des Invalides vient, en outre, de
s’enrichir de deux bas-reliefs, représentant
l’un l’exhumation de Napoléon à Sainte-
Hélène, l’autre l’arrivée du corps de l’em-
pereur aux Invalides. Visconti, l’archi-
tecte de la crypte, avait prévu ces deux bas-
reliefs pour la décoration de l’escalier monu-
mental ; mais le sculpteur ayant fait figurer
sur le second le roi Louis-Philippe entouré
de ses quatre fils et de ses ministres, Napo-
léon III décida que ces bronzes ne seraient
pas mis en place. Le général Niox, directeur
du Musée de l’Armée, les a retrouvés aussi au
Dépôt des marbres et les a fait mettre à la
place à laquelle ils étaient destinés.

Le général Niox se préoccupe aussi de
faire réparer les fresques qui ornent les ar-
cades de la cour d'honneur et qui sont dans
un état lamentable.

*** M. de Nolhac, conservateur du musée
de Versailles, vient de recevoir deMme Charles
Hayem un portrait de Barbey d’Aurevilly
dû au pinceau d’Emile ILévy. Cette image de
l’auteur de YEnsorcelée a été installée dans
la salle des dons et acquisitions.

*** Sous les auspices du sculpteur Injal-
bert, membre de l’Institut, et de M. Gustave
Geoffroy, administrateur de la manufacture
nationale des Gobelins, un groupe d’artistes
de la manufacture, auxquels se sont adjoints
quelques artistes étrangers à l’arrondisse-
ment, viennent de se réunir sous le titre de
« Cercle des Gobelins et des Beaux-Arts ».
Cette Société a pour but de développer le
sentiment esthétique, de vulgariser les arts
industriels, d’organiser des expositions gé-
nérales et particulières, de faire des visites
et conférences dans les musées, monuments,
ateliers, voyages et excursions, etc. Sa pre-
mière exposition a lieu en ce moment, à la
mairie du XIIIe arrondissement. Elle com-
prend des œuvres de peinture, sculpture,
gravure, cartons et tapisserie, art décoratif,
etc... Pour tous renseignements, s’adresser à
M. E. Coupignv, secrétaire, à la Manufacture
nationale des Gobelins, 42, avenue des Go-
belins.

*** Un comité vient de se former dans le
but d’organiser à'Paris, pour le mois de no-
vembre prochain, un Salon d’art religieux.
Ce Salon comprendra des œuvres de peinture,
sculpture, dessin, gravure, architecture, or-
fèvrerie, reliure, vitraux, broderie, tapisse-
rie, dentelle, musique, etc. Membres d’hon-

neur : MM. Luc Olivier-Merson, Dagnan-
Bouveret, Vincent d’Indy, Quentin-Bauchard,
J. Denais, E. Massard, J. Péladan, Lerolle,
etc., etc. S’adresser, pour tous renseignements,
à M. G. Renault, secrétaire général, 7, rue
Laffitte.

*** M. Albert Carré va instituer à l'Opéra-
Comique des matinées du jeudi exclusive-
ment réservées au genre dit « de l’opéra
comique », et où seront passées en revue les
œuvres les plus marquantes du genre, en re-
montant jusqu’à son origine et en le suivant,
dans un ordre chronologique, jusqu’à ses plus
récents succès. Ils auront lieu du 13 octobre
au 25 mai (excepté le jeudi saint 13 avril) et
chacun sera répété deux fois.

Le directeur de l’Opéra-Comique organisera
également des « Concerts historiques de la
Musique ». Ces concerts, précédés d’une
courte conférence faite par le bibliothécaire
du Conservatoire de musique, M. Henry Ex-
pert, seront donnés le samedi, à 5 heures du
soir. Ils se composeront de seize programmes
différents, qui seront ainsi composés :

1° Chants français clu Moyen cîge et de la
Renaissance ;— 2° les Primitifs de la mélodie
moderne {italiens et français) ; — 3° Chants
français de Lulli à Rameau ; — 4° et 5° Les
Maîtres du « belcanto » ; — 6° Sébastien Rach,
Hændel, Rameau ; — 7° L'Epoque de Gluck ;

— 8° Les Pères de l'opéra comique français ;

— 9° Fin des classiques français et italiens ;

— 10°Les Grands classiques allemands : Haydn,
Mozart, Beethoven; — 11° le Chant allemand
après Beethoven : a) les Romantiques ; b) de
Wagner à Richard Strauss13° et 14° Chants
français du xixe siècle ; — 15° Les Mélodies
italiennes du xixe siècle; —16° Chants slaves.

Tous les artistes de i’Opéra-Comique pren-
dront part à ces concerts. M. Carré se réserve
de leur adjoindre, le moment venu, quelques
artistes italiens, allemands ou slaves pour les
concerts qui comporteront l’audition de musi-
que étrangère.

Le premier concert sera donné le 22 octo-
bre, et se répétera le 29 octobre. Ces concerts,
dont chacun sera ainsi donné deux fois (un
abonnement étant créé pour chacune des deux
séries), se poursuivront jusqu’à la fin du mois
de mai.

*** M. Dattari, numismate au Caire, a fait
don aux musées de Bruxelles d’une collection
comprenant cinq mille bronzes allant de Dio-
clétien à Constantin et à ses successeurs; la
plupart de ces pièces, où voisinent de nom-
breuses variétés de types, sont parfaitement
conservées.

*** Du 8 au 12 octobre prochain s’ouvrira
à Bruxelles, au Palais du Cinquantenaire, le
quatrième Congrès international d’Art public.
On se rappelle que le troisième Congrès, à
Liège, il y a cinq ans, aboutit à la fondation
de l’Institut international d’Art public dirigé
par M. A. Beernaert, ministre d’Etat, et M.
Eug. Broerman, fondateur de l’Œuvre des
Congrès internationaux d’Art public.

Les inscriptions (cotisations de 10 francs et
de 5 francs) sont reçues au secrétariat géné-