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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 32 (8 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0264
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254

LA CHRONIQUE DES ARTS

rien de M. Eugène Gaillard, rien de M. Maurice Du-
frêne, rien de M. Théodore Lambert, rien d’Emile
Gallé ; car si l’Ecole de Nancy est présente (scindée,
elle aussi, puisque M. Majorelle expose au pre-
mier étage), aucun chef-d’œuvre d’ébénisterie ne
rappelle le souvenir de son fondateur et de son
chef. Tout se ressent de la hâte et de l’improvi-
sation. Mais dans cette fièvre, dans ces élans,
n’y a-t-il pas le signe d’une vitalité persistante?
Non, la sève n’est pas épuisée, l’arbre n’est pas
mort, et ses ramures pourraient encore reverdir
et porter des frondaisons luxuriantes.

Ah ! si nous pouvions adapter notre enseignes
ment à sa fonction ; si la classification de nos
musées voulait permettre aux artisans de tirer des
collections les leçons latentes ; si nous savions
grouper, concerter les talents, puis influer sur
l’esprit public et le contraindre à s’accommoder
des nouveautés nécessaires au lieu de s’en offen-
ser, — l’espoir ne tarderait pas à se changer en cer-
titude ! Le voisinage immédiat des décorateurs mu-
nichois aura eu pour premier résultat de faire
ressortir nos dons fonciers de pondération et
de tact. Dans ces variations plus ou moins
lointaines sur le style Louis-Philippe, qui
rapprochent de M. Veil MM. Sue et Huillard, M.
André Groult etM. Gustave Jaulmes, à quel point
notre fantaisie conserve plus de mesure dans la
liberté et plus d’enjouement dans le pittoresque !
(Car les meubles sont peints en couleurs claires :
jaune, vert ou gris.) — Désireux de sortir le
mobilier de luxe de la banalité et du pastiche,
M. Baignères î-énove la marqueterie vernie et
la rehausse de bas-reliefs argentés. L’Ecole de
Nancy laisse le bois au naturel ; les veines
constituent le décor des surfaces planes ; les mou-
lurations et les sculptures sont inspirées de la
plante ; je retrouve là tous ceux qui entouraient
Emile Gallé où qui se formèrent à ses leçons :
Victor Prouvé, Majorelle, Vallin, Neiss, puis
MM. Gauthier-Poinsignon, lauréats méritants du
concours de mobilier à bon marché. Le fer s’allie
au noyer dans un cabinet de travail de M. Majo-
relle, de tout point excellent, et dans une salle à
manger de M. Husson; des grès de Bigot s’encas-
trent gaiement parmi des lambris de chêne clair ;
ici et là, le succès est attribuable à la discrétion
du recours au métal et à la céramique. Nous voici
loin des redondances de jadis; on a eu le temps de
se recueillir, de se calmer, et la tendance à la
simplicité prédomine : M. Jallot, comme M. Gal-
lerey, M. T. Selmersheim comme M. Nowak, cher-
chent les profils tranquilles, les lignes équilibi’ées,
les décors sobres. Le rôle du mécénat et des
grands magasins (1) n’a pas été étranger à mainte
initiative et à maint progrès. Je note encore le
parti, toujours plus suivi, d’entourer d’un mobi-
lier artiste l’enfance, la maladie, le travail (2).
Si une crainte vient, c’est que l’excès de la
réaction entraîne à choir dans lapauvreté, la séche-

(1) Nous leur devons l’amusante Chambre d’en-
fant de M. TIellé et le Petit salon de thé de
M. Bigaux. Depuis plusieurs années déjà, la
maison Wertheim de Berlin commande périodi-
quement des suites d’ameublement aux professeurs
d’art décoratif de la capitale allemande.

(2) Gf : les chambres d’enfants de MM. Prouvé
et de M1 11* Lloyd, la chambre d’hôpital et le bu-
reau de M. Ausseur.

resse ou la roideur. Nous désirons « le confort
paré d’élégance » ; le vœu de naguère peut être
répété maintenant encore ; mais ne se trouve-t-il
pas déjà exaucé, grâce à M. Charles Plumet?

Son Cabinet pour un amateur d'estampes est
bien, au point de vue de la rénovation mobilière,
ce que le Salon d'automne soumet de plus définitif
et de plus français. Du plus loin le regard est
séduit par la tendresse d’une fine harmonie ;
toute la pièce aux tentures grises, aux ébénisteries
blondes, est baignée d’une atmosphère de quié-
tude, de bien-être, de douceur. Approchez-vous ;
examinez par le détail ce fauteuil à pivot, où il
fait bon s’asseoir, cette table où il fait bon écrire,
ces casiers, robustes et gracieux, où des dispositions
ingénieuses facilitent la consultation et le manie-
ment des gravures ; vous demeurerez aussi frappé
de la pleine satisfaction accordée à des besoins
positifs que de la beauté des proportions, de
la qualité des lignes, de la relation heu-
reuse des masses, de l’unité de toutes les
parties qui, selon le vœu athénien, semblent « for-
mer un chœur ». Les ateliers de M. Tony Sel-
menheim ont réalisé en perfection les projets de
M. Charles Plumet. Je ne crois pas qu’argument
aussi péremptoire ait enaore prouvé de quelle ma-
nière la division du travail et l’emploi judicieux du
plus fidèle, du plus souple, du plus merveilleux
outil — la machine — peuvent seconder la
recherche et la découverte de la beauté moderne.

Même limitée à la mise en parallèle des écoles
de Munich, de Paris, de Nancy, l’exposition du
Salon d’automne contient en soi la promesse d’un
bénéfice certain. Elle ne sera pas vaine si elle
préserve du découragement ou plutôt si elle ensei-
gne, d’après quel impératif catégorique, au prix
de quelles réformes, de quelles mesures, de quels
efforts unis peut être obtenu un relèvement d’où
dépendent l’avenir économique du pays et, pour
chacun, l’espoir d’une vie meilleure.

Roger Marx.

Académie des Beaux-Arts

Séance du 24 septembre

Est choisi comme morceau d’ouverture de la
séance publique annuelle de l’Académie, qui aura
lieu le samedi 5 novembre, un morceau sympho-
nique intitulé Stellus, faisant partie de l’envoi de
M. Delmas, pensionnaire de troisième année de la
villa Médicis.

Académie des Inscriptions

Séance du 23 septembre

Les fouilles d’Alôsia. — M. Héron de Villefossc,
au nom de M. le commandant Espérandieu, cor-
respondant de l’Académie, rend compte des fouilles
très importantes que cet archéologue a opérées avec
la collaboration du Dr Espery sur le penchant du
mont Auxois tourné vers Flavigny, au quartier dit la
Croix-Saint-Gharles,près de la voie romaine deSom-
bernon.et qui viennent de dégager les substructions
d’un temple important, construit au début du
 
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