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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 40 (31 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0326
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Là CHRONIQUE DES ARTS

de France et d’Allemagne, afin d’y visiter les cabi-
nets d’amateurs d’antiquités et d’y rechercher s’il
ne trouverait pas quelques nouveaux documents à
ajouter à son ouvrage. A la fin de sa lie de César,
Hubert Goltz eut l’heureuse pensée de constater
les effets de son voyage en mettant par écrit les
noms des résidences et des collectionneurs qu'il
avait visités.

Sa liste commence par une dédicace ainsi intitu-
lée : « Illustrissimis clarissimisque per italtam,

GALLIAS ET GERMANIAS VENERANDAE ANTIQU1TATIS
PATRON1S, ALIIS QUE IBI EJUSDEM STUDII CULTOPIBUS

hubertus goltzius, herbipolita », que l’on pour-
rait traduire par ces mots : « Aux très illustres et
très éclairés protecteurs de la vénérable antiquité
d'Italie, de France et d’Allemagne et à tous ceux
qui les imitent ».

Arrivé à Amboise (Ambosiæ, comme l'écrit

H. Goltz) — alors séjour favori de la cour des der-
niers Valois — en 1560, c’est-à-dire sous le règne de
François II, il constate la présence d’un assez grand
nombre de collectionneurs, parmi lesquels il cite,
notamment, les cinq cardinaux de Bourbon, de
Lorraine, de Tournon, d’Armagnac et de Châtillon,
les princes de la maison de Lorraine, les ducs de
Guise et d’Aumale, l’amiral de Coligny et son frère
d’Andelot, enfin Guido Schabot », seigneur de
Jarnac. Malgré l’orthographe erronée du nom de
Chabot — explicable de la part d’un étranger, —
on ne peut hésiter à reconnaître ici le célèbre
Guy Chabot, seigneur et baron de Jarnac, si connu
par son duel avec François de Vivonne, seigneur
de la Ghâteigneraie.

Le goût des arts était d’ailleurs héréditaire dans
sa famille. Sa mère était une Saint-Gelais, sœur
d’Octavien de Saint-Gelais, évêque d’Angoulême,
l’un des prélats les plus cultivés de son temps. Il
y a peu d’années encore, on admirait dans sa ca-
thédrale une merveilleuse chapelle du style le plus
pur de la Renaissance fleurie, malheureusement
détruite par l’un de ses successeurs modernes.

Guy était aussi neveu du célèbre amiral Philippe
Chabot, qui, dans son château de Gharny, en
Bourgogne, avait accumulé les objets d’art; on
admire encore à. Paris, daDS la collection Foule,
le merveilleux jubé qui ornait la chapelle de son
château.

Le 29 novembre 1762 et jours suivants, au châ-
teau de Jarnac en Angoumois, deux notaires as-
sistés d’un sieur Roullet, expert, procédaient à l'in-
ventaire des meubles et effets mobiliers exislant
dans le château de Jarnac. Dans cet inventaire, qui
compte plus de trente pages, figurent de nombreux
objets d’art de toute sorte, qui ornaient les salles,
chambres, cabinets et chapelle du château
plusieurs tapisseries, parmi lesquelles nous re-
marquons les Batailles d’Alexandre, en huit piè-
ces estimées 300 livres; le portrait de Marie-Suart;
le tableau représentant le célèbre duel de Jarnac

et de la Châtaigneraie, et, enfin, dans une cham-
bre du premier étage, de nombreux portraits de la
famille de Chabot, à côté desquels « deux petits
tableaux émaillés en bleu, le tout à cadre vieux et
antique ». Nous nous bornerons à appeler l’atten-
tion du lecteur sur ces termes du rédacteur de
l’inventaire. Parmi toutes les richesses d’art accu-
mulées au château de Jarnac, nous ne voyons pas
décrits d’autres objets de ce genre; c’est la seule
chose ancienne qui dut être remarquée par le sieur
Roullet.

Que se passa-t-il à la suite de cet inventaire ? Y
eut-il vente d’un certain nombre d'objets que l’on
jugeait inutile de garder, ou bien donation par les
héritiers au sieur Roullet, pour ses honoraires, de
quelques objets d’art laissés à son choix? Un siècle
plus tard, nous retrouvons dans le cabinet de cu-
riosités du premier président de la Cour de Bor-
deaux, Roullet, arrière-petit-fils de l’expert de
Jarnac en 1762, les deux beaux émaux dont la
reproduction au trait est jointe à ces lignes et
qui répondent bien à la désignation ci-dessus.
Ces deux émaux n’ont, en effet, que 26 centimètres
 
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