La chronique des arts et de la curiosité (1911)

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LA CHRONIQUE DES ARTS

maisons sur le ciel bas d'un crépuscule et les
taches lumineuses qui se reflètent aux eaux du
fleuve endormi ; les scènes bretonnes de M. Lucien
Simon restent d'une construction solide et d'un
équilibre affirmé ; plus poétique, M. Jeanès a tenté
de dire toute la grandeur, toute la beauté nuancée
des montagnes, tout ce qu'il peut y avoir d'insai-
sissable et de farouche dans l'approche des monts
et des nuages qui les effleurent, tandis que M. Mar-
cette montre la course de ces mêmes nuages qui
passent, poussés par le vent, au-dessus des plaines
calmes, que M. Louis Gillot ne s'intéresse qu'aux
paysages animés par la trace ou le travail des
hommes, que M. Truffaut réserve sa tendresse
aux vieilles maisons, aux vieilles cathédrales
teintes d'insaisissables nuances par le temps et ses
poussières, et que M. Walter Gay, avec la distinc-
tion que l'on sait, s'attache à la douce intimité
des pièces où l'on vit. Les paysages de M. Francis
Auburtin attirent et se recommandent par leur
intention décorative ; ceux de Mlle Florence Esté
se perdent à l'infini troublant des horizons loin-
tains ; les intérieurs de Mlle Hodgkins baignent
dans la lumière aérienne des jours d'été. La poule
qui picore, le hibou assailli par les corneilles
criardes, le faisan orgueilleux parmi les herbes
hautes sont les héros dont M. Raymond Bigot
fixe les attitudes. On rencontre encore MM.
G. La Touche et Gassiers, égaux à eux-mêmes ;
MM. Frank Armington, Ferdinand Luigini, sir
Alfred East avec un Carnaval espagnol mouve-
menté et bariolé de couleurs qui se heurtent, se
mêlent et s'entrechoquent; Mme Henriette Grespel
et ses panneaux fleuris; M. Robert Anning Bell,
continuateur de ces sujets où les Préraphaélites
ont mis plus d'intentions littéraires que de fougue
picturale.

Exposition d'un Groupe d'Artistes Américains

dé Paris

( Galerie Devambez )

Il n'y a dans ce groupe rien qui constitue une
école, qui montre une vie propre, des tendances
différentes de celles de notre art européen. Mais
ces Américains de Paris ont, en général, une
grande fraîcheur d'expression, une véritable humi-
lité devant la nature écrasante, une attirance
saine vers les soleils lumineux, et une volonté très
affirmée de peindre la vie elle-même. On trouve
ici des peintures claires de M. Frieseke, des études
un peu grises, mais très calmes, de M. W. Griffin,
des sous-bois de M. Singer, des études de fleurs où
M. Steichen montre un beau désir de synthèse et
d'harmonie, des aquarelles très significatives de
M. Harold Heartt, des eaux-fortes où M. Lawton
Parker recherche la vision élargie des paysages
vus en profondeur, des œuvres de MM. Mac
Laughlan, Maurer, Richard Miller, Butler, Don-
gherty, Ullman et autres.

Exposition Braquaval
(Galerie Hessèle)

Quelques notes prises dans le nord de la France,
où le peintre a essayé de rendre l'atmosphère
fluide des bords de la Somme et le recueillement
des plaines sous la neige.

René Jean.

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Académie des Beaux-Arts

Séance du 25 février

Election. — M. Fritz von Uhde, de Munich, —
dont malheureusement on devait annoncer la mort
le soir même, — a été élu correspondant do la
section de peinture en remplacement de M. Knaus,
de Berlin, décédé en décembre 1910.

Concours. — Ont été admis à prendre part aux
divers concours Roux pour 1911:

Peinture. — Sujet : La Guerre. MM. Duluc
(Bonnat),Louis Fidrit(Bonnat et Humbert), Tourné
(Cormon).

Sculpture. — Sujet: L'Hiver. MM. Le Goff (Cou-
tan), Moulin (Mercié), Paupion (Mercié et Gasq),
Ponsard (Thomas et Injalbert).

Architecture. — Sujet : Un Grand Casino de
bains de mer. MM. René Barré (Daumet et Jous-
sely), Lauzanne (Laloux), Trévelas (Louis Ber-
nier).

Gravure en taille-douce. — Sujet : L'Infante
Marguerite, d'après le tableau de Velazquez au
Louvre. MM. Manchon (Wallner et G. Ferrier),
Mazelin (J. Jacquet et Gormon), Serres (J. Jacquet
et Bonnat).

Enluminure. — Sujet: Une Lettre ornée d'un
épisode du roman de « Tristan et Yseult ». M. Galle
(Gormon), Mlle Lambrette (Merson), M. Charles
Martin (Thomas et Merson).

Les noms entre parenthèses sont ceux des maî-
tres des candidats.

Académie des Inscriptions

Séance du 2A février

Découverte d'un bas-relief grec en Espagne. —
Le secrétaire perpétuel donne Jecture d'une lettre
par laquelle M. Paris, de Bordeaux, correspondant
de l'Académie annonce la découverte, faite à Javea,
province d'Alicante (Espagne), par M. Albertini,
ancien membre de l'École de Rome, d'un fragment
de bas-relief représentant trois personnages de
profil, notamment un cavalier, qui lui paraît être
de style hellénistique. Ce bas-relief est sculpté
sur une plaque de marbre blanc dont l'épaisseur
est dd 75 centimètres. M. Collignon reconnaît
dans ce motif celui des Dioscures et pense que
cette sculpture, dont une moitié seule subsiste,
doit remonter au ive siècle avant notre ère.

Un tableau de JeanHay. — M. le comte Dur-
riou annonce que M. Soyer, archiviste du Loiret,,
lui a communiqué la photographie d'un tableau
sur bois, signalé par M. Dumuys en 1909, repré-
sentant le buste du Christ et portant, au verso,
une inscription de laquelle il résulte que cette
oeuvre fut commandée en 1494 par Jean Coyet,
âgé de soixante-quatre ans, notaire et secrétaire
de Charles VIII, à un peintre allemand, nommé
Jean Hay, qui est ainsi venu peindre en Blésois.
M. de Mély a ingénieusement proposé d'identifier
cet artiste avec un Jehan Hay dont le nom est
cité dans un poème de Jean Le Maire composé-
en 1603.