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Faure, Élie
Histoire de l'art (5): L'esprit des formes — Paris: Éditions d'histoire et d'art, Librarie Plon, 1949

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https://doi.org/10.11588/diglit.71100#0040
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d'égale durée, de la fin du xie à la fin du xve siècle, soit aussi
quatre cents ans. On pourrait prendre, ici et là, une statue
ou un groupe décoratif, les placer vis-à-vis l'un de l'autre
et suivre leur marche parallèle de demi-siècle en demi-siècle,
pour constater, ici comme là, le passage de l'organisme non
différencié et global à l'organisme dont les fonctions se diffé-
rencient peu à peu, puis équilibrent leur antagonisme et
leur solidarité, puis se séparent trop les unes des autres, puis
perdent de vue leurs rapports pour rentrer dans le chaos (i).
Je ne suis pas dans le détail le processus de dissolution
radicale, puis d'intégration progressive, par lequel le monde
antique a disparu afin que puisse, de ses ruines, surgir le
monde chrétien. Cela s'est fait, comme cela se fera dans
l'avenir sans doute, ainsi que la constitution d'un nouveau
corps chimique empruntant ses éléments à d'autres corps
chimiques en analyse qui se trouvent dans le territoire où
son mouvement de synthèse fixe un centre d'attraction.
L'action patiente et fanatique des apôtres juifs et des cent,
puis des mille, puis des cent mille disciples ingénus, matelots,
colporteurs, soldats, filles publiques qui s'en allaient affir-
du XIIIe, soit pendant 150 ans environ, à peine plus du tiers de la période
embrassée. Il y a eu, en outre, en France comme ailleurs, d'une région à
l'autre, des influences croisées qui ont pu faire sortir, ici et là, les imagiers
de l'évolution naturelle où la tradition locale les eût certainement conduits.
Parfois, un ou plusieurs tailleurs de pierre venaient d'une province voisine,
ou lointaine, et dévoyaient l'inspiration du milieu où ils tombaient.
D'autre part, nous devions éviter d'obéir à l'attrait du sujet pour nous
placer exclusivement au point de vue de la technique. Il est trop facile de
prendre deux statues vêtues d'une manière analogue et exprimant une atti-
tude morale analogue, pour montrer une parenté qui n'est, dans ce cas-là,
que le fait du hasard. Un autre inconvénient était aussi à éviter. Certaines
statues de Reims, par exemple, ont une allure méditerranéenne évidente,
qui eût pu appuyer trop aisément notre exposé en démontrant, non pas la
parenté spirituelle de la sculpture grecque avec la sculpture française, mais
l'influence que la sculpture grecque, par l'intermédiaire des modèles romains,
a pu exercer sur l'art français à un moment donné et dans des circonstances
d'ailleurs exceptionnelles. Ce que nous avons tenté de montrer, du moins à
ceux qui possèdent quelque notion du langage des statuaires et de l'histoire
des sociétés grecque et française au cours des périodes de leur développe-
ment le plus original, c'est le parallélisme du rythme de l'évolution
technique de la sculpture et de l'évolution sociale et psychologique des
sentiments et des mœurs.
(1) Fig. i et 2 à 21 et 22.

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