ou, pour la parler, la faussent, et expriment, sans le savoir,
les unes ce qui fléchit et se disperse, les autres ce qui s'affermit
et se concentre dans l'esprit d'une race allant, d'une allure
unanime, aux mêmes buts. La fugue voit ses éléments s'ap-
peler, se répondre, se devancer, se poursuivre, se dépasser,
revenir sur leurs pas dans un vaste ensemble entraînant qui
concilie ses contradictions et ses antagonismes pour forcer
l'unité de l'homme à achever son poème en dépit des diffi-
cultés et des embûches du chemin.
Le drame, ainsi, se poursuit jusqu'au bout. L'académisme,
qui invoque le classicisme, est à l'opposé de sa tâche, puisque
l'académisme, aux époques où la fermentation est la plus
aiguë, où toutes les lois, tous les systèmes, tous les dogmes
sont en. discussion, où la famille est disloquée, où la lèpre
des intérêts et la flamme des intelligences rongent le corps
social en ruine, maintient une misérable fiction d'ordre et
d'unité dans le chaos, alors qu'autour de lui mille expressions
nouvelles naissent, ou s'épanouissent, et que quelques-uns
concentrent le chaos dans l'ordre et l'unité de leur esprit.
Il est fait pour les âmes pauvres, pour le troupeau sans
maître errant au hasard de ses sentiments les plus vulgaires
à la recherche des expressions les plus faciles — étant les
plus accoutumées — que d'autres âmes pauvres viennent lui
en proposer. Il est le seul à ne pas soupçonner le drame, que
résout, quand il apparaît, la symphonie peinte ou sonore
dans le cœur du solitaire et que le classicisme, à toutes les
époques, était venu résoudre dans l'unanimité des cons-
ciences ou des cœurs. Car si l'antiquité connaît au moins
un point d'équilibre classique qui répond à l'instant fugitif
où l'homme, apparaissant au sein du mythe, parvenait, par
un effort puissant, à en maintenir l'ivresse dans son intelli-
gence qui montait, la France a connu deux fois cette heure
étrange : l'une au moment où le roman et l'ogival confron-
taient leurs conceptions antagonistes, l'architecture théo-
cratique parvenue au plus haut de sa tâche, la sculpture
laïque envahissant ses porches et ses chapiteaux alors que
les nervures et les longs fûts de pierre s'élançaient de toutes
parts pour soulever, aérer, bercer l'immense vaisseau;
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les unes ce qui fléchit et se disperse, les autres ce qui s'affermit
et se concentre dans l'esprit d'une race allant, d'une allure
unanime, aux mêmes buts. La fugue voit ses éléments s'ap-
peler, se répondre, se devancer, se poursuivre, se dépasser,
revenir sur leurs pas dans un vaste ensemble entraînant qui
concilie ses contradictions et ses antagonismes pour forcer
l'unité de l'homme à achever son poème en dépit des diffi-
cultés et des embûches du chemin.
Le drame, ainsi, se poursuit jusqu'au bout. L'académisme,
qui invoque le classicisme, est à l'opposé de sa tâche, puisque
l'académisme, aux époques où la fermentation est la plus
aiguë, où toutes les lois, tous les systèmes, tous les dogmes
sont en. discussion, où la famille est disloquée, où la lèpre
des intérêts et la flamme des intelligences rongent le corps
social en ruine, maintient une misérable fiction d'ordre et
d'unité dans le chaos, alors qu'autour de lui mille expressions
nouvelles naissent, ou s'épanouissent, et que quelques-uns
concentrent le chaos dans l'ordre et l'unité de leur esprit.
Il est fait pour les âmes pauvres, pour le troupeau sans
maître errant au hasard de ses sentiments les plus vulgaires
à la recherche des expressions les plus faciles — étant les
plus accoutumées — que d'autres âmes pauvres viennent lui
en proposer. Il est le seul à ne pas soupçonner le drame, que
résout, quand il apparaît, la symphonie peinte ou sonore
dans le cœur du solitaire et que le classicisme, à toutes les
époques, était venu résoudre dans l'unanimité des cons-
ciences ou des cœurs. Car si l'antiquité connaît au moins
un point d'équilibre classique qui répond à l'instant fugitif
où l'homme, apparaissant au sein du mythe, parvenait, par
un effort puissant, à en maintenir l'ivresse dans son intelli-
gence qui montait, la France a connu deux fois cette heure
étrange : l'une au moment où le roman et l'ogival confron-
taient leurs conceptions antagonistes, l'architecture théo-
cratique parvenue au plus haut de sa tâche, la sculpture
laïque envahissant ses porches et ses chapiteaux alors que
les nervures et les longs fûts de pierre s'élançaient de toutes
parts pour soulever, aérer, bercer l'immense vaisseau;
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