Arrêtez-vous. Entrez dans les maisons ou les sanctuaires.
Voyez ces petits tableaux savoureux, pleins de santé et
d'équilibre où vous retrouvez cette servante que vous venez
de croiser, lavant le seuil ou les vitres, cette jeune femme
cousant sous le rideau de sa fenêtre, cet enfant malade au
cou de sa mère, ces chenapans auprès desquels vous vous
êtes assis, quelques heures avant, dans un cabaret du port.
Cherchez à deviner, dans l'ombre de cette chapelle, ce qui
s'étage derrière ces formes tourmentées et ces visages
hagards que les passions marquent, palais farouches,
paysages maigres et ardents où le pin-parasol et le cyprès
alternent, collines découpées sur un ciel que strient de durs
nuages blancs. Entrez dans ces étroits hypogées, surprenez,
à la lueur des torches, ces travailleurs affairés au milieu des
roseaux du fleuve, ces canards, ces oies qui barbotent, ces
ibis grêles, ces palmiers, ces dattiers que vous avez laissés
derrière vous dans le grand jour. Considérez ces toiles
fluides où vous retrouverez les longues femmes ondoyantes,
les beaux enfants jouffius et blonds que vous venez de ren-
contrer dans le grand parc noyé de brume où les rameaux
des chênes égouttent la rosée sur l'émeraude des gazons.
Et celles-là, avec leurs étendues grises, tristes, où errent,
dans la poussière, des cavaliers vêtus de noir. Et ces lacs
parsemés de voiles aperçus entre les zigzags des pins mari-
times, où quelque vol triangulaire d'oiseaux migrateurs
émerge de la brume, et que vous pourrez acheter dans le
premier bazar venu d'une ville de bois où se balancent les
banderolles et les lanternes de papier. Et cette effigie terrible
de la cruauté et de la flamme, amas de crocs, de griffes, de
mâchoires, de mains pourries, que vous n'atteignez, au cœur
du désert, qu'après avoir écrasé du talon la tête d'une vipère,
exposé votre peau cuisante aux brûlures des moustiques,
déchiré votre chair aux épines des cactus (i).
On ne peut pas douter de cette influence des choses sur
dans l'ordre de la construction civile, par Auguste Perret, Loos, de nom-
breux architectes des Pays-Bas auxquels Berlage avait frayé la voie, et
quelques constructeurs allemands.
(i) Art Médiéval, p. 112.
— 75 œ
Voyez ces petits tableaux savoureux, pleins de santé et
d'équilibre où vous retrouvez cette servante que vous venez
de croiser, lavant le seuil ou les vitres, cette jeune femme
cousant sous le rideau de sa fenêtre, cet enfant malade au
cou de sa mère, ces chenapans auprès desquels vous vous
êtes assis, quelques heures avant, dans un cabaret du port.
Cherchez à deviner, dans l'ombre de cette chapelle, ce qui
s'étage derrière ces formes tourmentées et ces visages
hagards que les passions marquent, palais farouches,
paysages maigres et ardents où le pin-parasol et le cyprès
alternent, collines découpées sur un ciel que strient de durs
nuages blancs. Entrez dans ces étroits hypogées, surprenez,
à la lueur des torches, ces travailleurs affairés au milieu des
roseaux du fleuve, ces canards, ces oies qui barbotent, ces
ibis grêles, ces palmiers, ces dattiers que vous avez laissés
derrière vous dans le grand jour. Considérez ces toiles
fluides où vous retrouverez les longues femmes ondoyantes,
les beaux enfants jouffius et blonds que vous venez de ren-
contrer dans le grand parc noyé de brume où les rameaux
des chênes égouttent la rosée sur l'émeraude des gazons.
Et celles-là, avec leurs étendues grises, tristes, où errent,
dans la poussière, des cavaliers vêtus de noir. Et ces lacs
parsemés de voiles aperçus entre les zigzags des pins mari-
times, où quelque vol triangulaire d'oiseaux migrateurs
émerge de la brume, et que vous pourrez acheter dans le
premier bazar venu d'une ville de bois où se balancent les
banderolles et les lanternes de papier. Et cette effigie terrible
de la cruauté et de la flamme, amas de crocs, de griffes, de
mâchoires, de mains pourries, que vous n'atteignez, au cœur
du désert, qu'après avoir écrasé du talon la tête d'une vipère,
exposé votre peau cuisante aux brûlures des moustiques,
déchiré votre chair aux épines des cactus (i).
On ne peut pas douter de cette influence des choses sur
dans l'ordre de la construction civile, par Auguste Perret, Loos, de nom-
breux architectes des Pays-Bas auxquels Berlage avait frayé la voie, et
quelques constructeurs allemands.
(i) Art Médiéval, p. 112.
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