L’ÉTAT ACTUEL DU MUSÉE DE CLUNY
i.
e musée de Cluny étouffe dans son enceinte étroite; les galeries
sont bondées d’objets, juchés souvent les uns sur les autres, à leur
détriment et pour le plus grand désespoir des amateurs; les cou-
loirs les plus obscurs ont dû être utilisés. L’air manque avec l’espace,
et l’administration se voit à regret condamnée à enfouir dans les
magasins une quantité d’œuvres du plus grand intérêt qui ne peuvent actuellement
trouver place nulle part. Pour remédier à ce fâcheux état de choses on a dû entre-
prendre une série de travaux importants que l’on mène avec la plus grande activité
afin qu’ils puissent êlre terminés à la fin de la saison. Une nouvelle salle qui prend
jour sur la rue du Sommerard et qui est contiguë à la galerie des faïences italiennes
est à peu près terminée; on en exécute en ce moment le dallage. Dans le milieu de
la hauteur, on a disposé une galerie circulaire où l’on placera des vitrines, galerie qui
mettra en communication continue, sur le même plan, la salle des armures, celle des
faïences italiennes et la grande salle des tapisseries, par des baies ménagées dans les
murs de séparation. En même temps la grande salle des voitures, de construction
récente, sera surélevée d’un étage et pourvue d’une galerie supérieure analogue à la
précédente, de telle façon que la circulation au premier étage prendra un développe-
ment considérable et s’opérera très-facilement, ce qui n’est guère le cas aujourd’hui,
faute d’issues. Tout cela est bien, mais ne saurait suffire. Ces grandes salles vont être
remplies en un clin d’œil, et dans quelques années, pour peu que l’on continue à
faire de temps en temps quelques acquisitions, la situation sera identique et le musée
de Cluny étouffera de nouveau dans les salles du vieil hôtel.
Combien l’on a lieu de regretter que le projet présenté par la commission des
monuments historiques lors de la création du musée ait été repoussé. Ce projet con-
sistait à réunir en un seul établissement, les Thermes, l’hôtel de Cluny et le couvent
des Célestins qui occupait l’emplacement du théâtre de Cluny. Quel splendide musée
historique, unique au monde certainement, l’on aurait créé là! D’un côté l’époque
gallo-romaine. Près des vénérables vestiges de l’antique Lutèce, sous les voûtes des
Thermes de Julien, l’on aurait placé toutes les richesses archéologiques que les fouilles
de la cité ont mises successivement à jour, et qui ont été, faute d’un local spécial, dis-
persées un peu partout. On y aurait ajouté, pour compléter la collection relative à
cette époque, les moulages des monuments les plus remarquables qui se trouvent en
i.
e musée de Cluny étouffe dans son enceinte étroite; les galeries
sont bondées d’objets, juchés souvent les uns sur les autres, à leur
détriment et pour le plus grand désespoir des amateurs; les cou-
loirs les plus obscurs ont dû être utilisés. L’air manque avec l’espace,
et l’administration se voit à regret condamnée à enfouir dans les
magasins une quantité d’œuvres du plus grand intérêt qui ne peuvent actuellement
trouver place nulle part. Pour remédier à ce fâcheux état de choses on a dû entre-
prendre une série de travaux importants que l’on mène avec la plus grande activité
afin qu’ils puissent êlre terminés à la fin de la saison. Une nouvelle salle qui prend
jour sur la rue du Sommerard et qui est contiguë à la galerie des faïences italiennes
est à peu près terminée; on en exécute en ce moment le dallage. Dans le milieu de
la hauteur, on a disposé une galerie circulaire où l’on placera des vitrines, galerie qui
mettra en communication continue, sur le même plan, la salle des armures, celle des
faïences italiennes et la grande salle des tapisseries, par des baies ménagées dans les
murs de séparation. En même temps la grande salle des voitures, de construction
récente, sera surélevée d’un étage et pourvue d’une galerie supérieure analogue à la
précédente, de telle façon que la circulation au premier étage prendra un développe-
ment considérable et s’opérera très-facilement, ce qui n’est guère le cas aujourd’hui,
faute d’issues. Tout cela est bien, mais ne saurait suffire. Ces grandes salles vont être
remplies en un clin d’œil, et dans quelques années, pour peu que l’on continue à
faire de temps en temps quelques acquisitions, la situation sera identique et le musée
de Cluny étouffera de nouveau dans les salles du vieil hôtel.
Combien l’on a lieu de regretter que le projet présenté par la commission des
monuments historiques lors de la création du musée ait été repoussé. Ce projet con-
sistait à réunir en un seul établissement, les Thermes, l’hôtel de Cluny et le couvent
des Célestins qui occupait l’emplacement du théâtre de Cluny. Quel splendide musée
historique, unique au monde certainement, l’on aurait créé là! D’un côté l’époque
gallo-romaine. Près des vénérables vestiges de l’antique Lutèce, sous les voûtes des
Thermes de Julien, l’on aurait placé toutes les richesses archéologiques que les fouilles
de la cité ont mises successivement à jour, et qui ont été, faute d’un local spécial, dis-
persées un peu partout. On y aurait ajouté, pour compléter la collection relative à
cette époque, les moulages des monuments les plus remarquables qui se trouvent en