1/,/, GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
nos demeures, notre existence et nos mœurs. Et cependant la peinture
décorative est l'art élevé des Michel-Ange, des Raphaël, des Yéronèse,
des Rubens et de tous les maîtres aux époques grandes. La défaveur
incontestable où elle est tombée aujourd'hui est-elle juste? 11 est inutile
de répondre à cette question. En publiant cette revue succincte de la
peinture décorative, la Gazette croit être utile à ces vaillants artistes,
qui n'ont pas toujours recueilli pour leurs œuvres une notoriété égale
au mérite de celles-ci.
Mais le champ qui s'ouvre devant moi est trop vaste pour que, tout
d'abord, je ne m'impose pas des limites; aussi n'étudie rai-je que les
décorations de monuments exécutés dans ces dernières années seule-
ment. Les artistes dont je ne parlerai pas me pardonneront mon silence;
j'espère d'ailleurs les retrouver une autre fois et signaler leurs œuvres
en même temps que leurs succès.
11.
ÉGLISE DE LA TRINITÉ.
MU. BARRI AS, FRANÇAIS, LAUGE E , LE COMTE - DUNOUY, TII f R 10 N.
C'est à l'église de la Trinité que l'ensemble décoratif le plus complet
a été terminé dans ces derniers temps. Huit chapelles ont reçu des
peintures. Les surfaces à décorer dans chacune d'elles étaient le mur sur
lequel s'appuie l'autel et le mur opposé; chaque artiste avait donc à
exécuter deux grandes compositions se faisant face.
La chapelle consacrée à sainte Geneviève a été confiée à M. Félix
Barrias. Gomme sujet cle la première partie, le peintre a choisi le triom-
phant épisode du retour de la sainte dans Paris assiégé. Après avoir été à
Troyes chercher des vivres, sainte Geneviève, au milieu de l'enthousiasme
du peuple, rentre clans la cité que menaçait la famine. Debout sur une
barque qui glisse sur la Seine, la patronne de Paris, en robe blanche, les
épaules couvertes d'un manteau bleu, s'avance, lentement traînée par
des hommes demi-nus, vigoureux et musclés, que Leau baigne jusqu'à
la ceinture. Derrière, des bateaux chargés de vivres, amarrés les uns aux
autres, se perdent dans la perspective, par un raccourci un peu obscur
peut-être. Au-dessus, sur un pont qui s'étend dans le lointain, une
procession passe ; à gauche de la sainte, la multitude accourue témoigne
sa reconnaissance. Hommes, femmes et enfants se livrent à la joie; les
uns lèvent les bras au ciel, les autres baisent la robe de la libératrice,
nos demeures, notre existence et nos mœurs. Et cependant la peinture
décorative est l'art élevé des Michel-Ange, des Raphaël, des Yéronèse,
des Rubens et de tous les maîtres aux époques grandes. La défaveur
incontestable où elle est tombée aujourd'hui est-elle juste? 11 est inutile
de répondre à cette question. En publiant cette revue succincte de la
peinture décorative, la Gazette croit être utile à ces vaillants artistes,
qui n'ont pas toujours recueilli pour leurs œuvres une notoriété égale
au mérite de celles-ci.
Mais le champ qui s'ouvre devant moi est trop vaste pour que, tout
d'abord, je ne m'impose pas des limites; aussi n'étudie rai-je que les
décorations de monuments exécutés dans ces dernières années seule-
ment. Les artistes dont je ne parlerai pas me pardonneront mon silence;
j'espère d'ailleurs les retrouver une autre fois et signaler leurs œuvres
en même temps que leurs succès.
11.
ÉGLISE DE LA TRINITÉ.
MU. BARRI AS, FRANÇAIS, LAUGE E , LE COMTE - DUNOUY, TII f R 10 N.
C'est à l'église de la Trinité que l'ensemble décoratif le plus complet
a été terminé dans ces derniers temps. Huit chapelles ont reçu des
peintures. Les surfaces à décorer dans chacune d'elles étaient le mur sur
lequel s'appuie l'autel et le mur opposé; chaque artiste avait donc à
exécuter deux grandes compositions se faisant face.
La chapelle consacrée à sainte Geneviève a été confiée à M. Félix
Barrias. Gomme sujet cle la première partie, le peintre a choisi le triom-
phant épisode du retour de la sainte dans Paris assiégé. Après avoir été à
Troyes chercher des vivres, sainte Geneviève, au milieu de l'enthousiasme
du peuple, rentre clans la cité que menaçait la famine. Debout sur une
barque qui glisse sur la Seine, la patronne de Paris, en robe blanche, les
épaules couvertes d'un manteau bleu, s'avance, lentement traînée par
des hommes demi-nus, vigoureux et musclés, que Leau baigne jusqu'à
la ceinture. Derrière, des bateaux chargés de vivres, amarrés les uns aux
autres, se perdent dans la perspective, par un raccourci un peu obscur
peut-être. Au-dessus, sur un pont qui s'étend dans le lointain, une
procession passe ; à gauche de la sainte, la multitude accourue témoigne
sa reconnaissance. Hommes, femmes et enfants se livrent à la joie; les
uns lèvent les bras au ciel, les autres baisent la robe de la libératrice,