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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 1
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Montaiglon, Anatole de: Jean Goujon et la vérité sur la date et le lieu de sa mort, 2: d'apres un document découvert par M. Sandonnini
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0022

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Dijon par Digione, Jean par Gian, jamais par giammai, et de même
Goujon par Gugion ou Gogion.

« C’était tout naturel à cette époque. Dans un procès fait en 1568
devant le même tribunal du Saint-Office à un autre Français, Robert
de Fuchis, d’Arras, serviteur du maitre de l’hôtel de Mme Renée de
France, duchesse de Ferrare, l’accusé dénonce comme son maitre en
ses erreurs le secrétaire de la duchesse, Lyon Jamet, l’ami de Clément
Marot, qui, rentré en France avec la duchesse, y était mort en 1561,
et il dit de lui : Credo si chiami Leone Giametto.

« Il est aussi très facile de comprendre que le chancelier de
l’Inquisition ait, une autre fois, écrit Guzon. Ayant à rédiger le
procès-verbal et à noter les réponses de l’accusé, il ne prenait pas
toujours le soin et le temps de traduire en italien le nom français. Il
l’écrivait tel qu’il l’entendaitprononcerpar Pénis. C’estpourune raison
analogue que l’on trouve écrit indifféremment Gian ou Z an; le son
du y français, et les grammaires le disent, n’existe pas dans la langue
italienne; néanmoins il se rapproche de celui du s, et c’est par cette
lettre que le chancelier le traduit à l’occasion.

« Aroici donc des mentions de Goujon qui d’un côté sont posté-
rieures à septembre 1562 et, de l’autre, sont la première preuve
documentaire de la fausseté de la tradition de sa mort tragique. Mais,
pour savoir l’année précise, ou pour approcher le plus possible de la
date du séjour de Goujon à Bologne, il faut nous reporter à d’autres
détails du procès de Pénis.

« Dans son premier interrogatoire du 19 novembre 1568, il dit
être venu en Italie à la fin de 1559. Il était allé d’abord à Milan,
s’était ensuite arrêté à Plaisance un an et demi, et c’est dans la seconde
moitié de 1561 qu'il était entré à Modène chez les Bertelli. Il n’habita
que peu de temps chez eux et voulut aller à Bologne, mais il n’y
demeura que huit ou dix mois, et retourna auprès d’eux.

« Or on se rend facilement compte de la date de son départ pour
Bologne et de son retour à Modène, par ce qu’il en dit lui-même. Le
24 novembre 1568, interrogé par le Père Inquisiteur sur ce qu’il ne
confessait pas, il répond : Perche portava allora collera alli Bertelli,
li quali levava.no il mio nome delle figure fatti da me in ramo et gli pone-
vano il suo. — Parce que j'étais alors en colère contre les Bertelli,
qui ôtaient mon nom des figures de. cuivre faites par moi et le rempla-
çaient par le leur, ce qui fut cause entre Pénis et Jean-François Bertelli
d’une sérieuse altercation, à la suite de laquelle le graveur français
quitta leur service et alla travailler chez lui. Le 10 décembre on lui
 
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