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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 1
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Montaiglon, Anatole de: Jean Goujon et la vérité sur la date et le lieu de sa mort, 2: d'apres un document découvert par M. Sandonnini
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0025

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.JEAN GOUJON.

19

« Personne ne s’étonnera que le Pénis appelle le Goujon inta-
gliatore di releve; c'était une façon de parler ordinaire. Dans une
Chronique contemporaine c’est ainsi qu’on appelle Guido Mazzoni, le
célèbre sculpteur en terre : homo primo nel far di relevo, et les mots
intagliatore di releve conviennent très bien à Goujon, célèbre par
son intelligence du bas-relief appliqué à l’embellissement de l’archi-
tecture, comme le prouvent ses beaux travaux de la cour du Louvre.

« Mais quelle cause poussa Jean Goujon à quitter sa patrie à un
âge déjà avancé, quand sa réputation était assurée, quand le travail
ne lui manquait pas et quand le désir de se perfectionner davantage
ne le devait plus tourmenter? L’année dans laquelle on perd sa trace
en France et ses relations à Bologne avec des personnes suspectes en
matière de foi et de religion en donnent une explication tout à fait
sérieuse. En France, l’édit de janvier 1562 accordait aux huguenots
un certain nombre de privilèges, mais, sans entrer dans le détail
des événements politiques, le massacre de Vassy et la victoire de
Guise à la bataille de Dreux montrèrent à quel degré les passions
étaient surexcitées et les protestants menacés, surtout à Paris, où
l’exécution de l’édit fut suspendue pour condescendre à la passion
catholique de la population de Paris. Le séjour en devenait par là
peu sûr pour les protestants, et Goujon, que l’on a vu à Bologne
en rapport familier avec des hommes suspects et accusés d’hérésie,
était donc plus que porté vers les idées calvinistes puisqu’il en faisait
profession publique et qu’il ne craignait pas de chercher à les entre-
tenir et à les répandre. Il est alors naturel qu’il ait pensé, pour sa
sûreté, à quitter un pays qui lui déniait l’exercice de sa religion et
où sa vie était menacée.

« C’est pour cela qu’il résolut, en s’expatriant, d’aller en Italie
qu’il n’avait pas vue, qu’on considérait alors comme la mère des
beaux-arts, et qui, malgré son expérience, pouvait la fortifier et la
grandir encore, en même temps que sa qualité d’étranger pouvait lui
faire espérer d’y vivre tranquille en cachant ses opinions. De plus on
comprend qu’il ait choisi Bologne de préférence à toute autre ville.
Les rapports intimes qu’il ne pouvait pas ne pas avoir eus avec le
Primatice et les autres peintres bolonais appelés par celui-ci en
France devaient l’attirer particulièrement dans cette ville. Plusieurs
autres Français y avaient fixé leur résidence, et les communications
avec leur patrie étaient suffisamment fréquentes. Le Primatice et
l’Abbate revenaient en Italie pour retourner ensuite à leur nouvelle
patrie d’adoption. Goujon pourrait aussi avoir été conseillé par le
 
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