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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
avait atteint par le soufflage une épaisseur convenable. Le verre était
à ce moment séparé de la canne ; un mouvement de rotation rapide
était imprimé au pontil, et la force centrifuge déterminait l’étendage
immédiat du plateau.
Ce procédé ne parait avoir été employé que depuis le xine siècle,
et l’attache du pontil est encore visible sur un grand nombre de
fragments provenant de nos cathédrales. D’après le manuscrit, ce
verre, obtenu par la fusion du mélange de sable et de cendres, était
pur et blanc. Cependant le verre blanc des verrières anciennes est
toujours teinté de jaune, de vert ou de violet. Ces colorations variaient
avec la nature des cendres. Suivant Théophile, le verre jaune et le
verre pourpre clair, qui fut employé pour les chairs jusqu’au xve siècle,
pouvaient être obtenus par le mélange qui avait servi à la fabrication
du verre incolore.
La couleur jaune ne pouvait résulter que d’une incinération
incomplète qui aurait laissé dans les cendres une quantité de charbon
suffisante pour colorer le verre. Les cendres de végétaux, parfois
riches en manganèse, pouvaient aussi, par accident, donner au verre
la coloration pourpre.
Le manuscrit semble indiquer que les autres couleurs n’étaient pas
obtenues directement par les verriers occidentaux. Le verre coloré
opaque, que les Grecs employaient sous forme de petits cubes dans
les revêtements en mosaïque, ou qu’ils enchâssaient dans l’or, l’argent
ou le cuivre, était travaillé par les Français, très habiles dans cette
opération, in hoc opéré péritissimi, et fondus avec une petite quantité
de verre blanc ; on obtenait ainsi des feuilles translucides, utilisables
pour les vitraux.
Ce mode de fabrication ne dut être usité que pour les premiers
essais du vitrail, et le dernier traducteur de Théophile, M. Bontemps,
en a conclu que le manuscrit était certainement antérieur au xne siècle.
On pourrait en déduire aussi que les Grecs ne fabriquaient point
encore à cette époque le verre coloré en feuilles translucides, et que
l’application du vitrail à la décoration des baies n’est pas antérieure
au xie siècle.
Le manuscrit d’Eraclius contient des indications précises sur la
coloration du verre : il indique l’usage de la limaille de cuivre pour
le ton rouge du verre « Galien » ; cette limaille était mélangée avec
des cendres incomplètement brûlées : la matière charbonneuse
réduisait sans doute l’oxyde noir de cuivre, qui donne la coloration
verte, en sous-oxyde qui donne la coloration rouge.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
avait atteint par le soufflage une épaisseur convenable. Le verre était
à ce moment séparé de la canne ; un mouvement de rotation rapide
était imprimé au pontil, et la force centrifuge déterminait l’étendage
immédiat du plateau.
Ce procédé ne parait avoir été employé que depuis le xine siècle,
et l’attache du pontil est encore visible sur un grand nombre de
fragments provenant de nos cathédrales. D’après le manuscrit, ce
verre, obtenu par la fusion du mélange de sable et de cendres, était
pur et blanc. Cependant le verre blanc des verrières anciennes est
toujours teinté de jaune, de vert ou de violet. Ces colorations variaient
avec la nature des cendres. Suivant Théophile, le verre jaune et le
verre pourpre clair, qui fut employé pour les chairs jusqu’au xve siècle,
pouvaient être obtenus par le mélange qui avait servi à la fabrication
du verre incolore.
La couleur jaune ne pouvait résulter que d’une incinération
incomplète qui aurait laissé dans les cendres une quantité de charbon
suffisante pour colorer le verre. Les cendres de végétaux, parfois
riches en manganèse, pouvaient aussi, par accident, donner au verre
la coloration pourpre.
Le manuscrit semble indiquer que les autres couleurs n’étaient pas
obtenues directement par les verriers occidentaux. Le verre coloré
opaque, que les Grecs employaient sous forme de petits cubes dans
les revêtements en mosaïque, ou qu’ils enchâssaient dans l’or, l’argent
ou le cuivre, était travaillé par les Français, très habiles dans cette
opération, in hoc opéré péritissimi, et fondus avec une petite quantité
de verre blanc ; on obtenait ainsi des feuilles translucides, utilisables
pour les vitraux.
Ce mode de fabrication ne dut être usité que pour les premiers
essais du vitrail, et le dernier traducteur de Théophile, M. Bontemps,
en a conclu que le manuscrit était certainement antérieur au xne siècle.
On pourrait en déduire aussi que les Grecs ne fabriquaient point
encore à cette époque le verre coloré en feuilles translucides, et que
l’application du vitrail à la décoration des baies n’est pas antérieure
au xie siècle.
Le manuscrit d’Eraclius contient des indications précises sur la
coloration du verre : il indique l’usage de la limaille de cuivre pour
le ton rouge du verre « Galien » ; cette limaille était mélangée avec
des cendres incomplètement brûlées : la matière charbonneuse
réduisait sans doute l’oxyde noir de cuivre, qui donne la coloration
verte, en sous-oxyde qui donne la coloration rouge.